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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

 

Un jour de L’An de grâce 12.. Je fus convoqué chez mon évêque. Je venais juste de terminer mon instruction de prêtre et devais recevoir mon premier ministère. J'étais aussi innocent que l'agneau qui vient de naître et fort désemparé devant le monde dans lequel j'allais entrer.

 

C'était un bel automne doré de mon pays. ..L'air doux dans la ville de Antrekan et tout était agréable à contempler surtout pour quelqu'un qui vient de`passer un certain nombre d'années de sa vie dans les cellules et les cloîtres à étudier et à prier, derrière les hauts murs gris.

 

Et le me pris à regarder à ma grande confusion, en baisant hypocritement les yeux, du coté des filles joliment tournées et à la gorge rebondie si agréable à voir. Dieu me pardonne, mais est-il plus belle oeuvre crée que cette moitié de l'homme qu'il fit à la peau si lisses et aux courbes si avenantes et si bien placées ?

 

Et elles riaient avec leurs belles dents, faites pour croquer et mordre ! Je crois bien que certaines d'entre elles me trouvaient à leur goût, car elles me jetaient un regard intéressé et évocateur qui ne suivait vaguement.

 

Le Palais épiscopal était un bâtiment vaste et froid, comme tout ce qui touche l'église. Il me sembla être une antichambre de la Mort. Il me passa soudain l'idée sacrilège qu'à dix-huit ans j'étais un enterré vivant et qu'il y avait une autre vie qui battait au dehors, pleine d'odeurs et de sucs.

 

Je fus vite introduit par un secrétaire auprès du vieil évêque qui si il m'intimida beaucoup me surprit fort. Je m'attendais à voir un saint ermite... Je compris que j'avais affaire à un ecclésiastique mondain qui avait fait sa vie dans l'église telle une souris gourmande dans le fromage.

 

Il me regarda distraitement comme si son regard passait au travers de moi. " I1 s'agit mon ami d'un poste de confiance que je désire vous donner. Votre Supérieur m'a dit le plus grand bien de vous et vous a chaudement recommandé... Vous irez chez la Comtesse Sardonica qui habite dans les montagnes Volochine un formidable château.

 

Vous lui servirez de prêtre et de secrétaire ". Il me jeta un regard en coin: " Si vous n'êtes point trop maladroit, après ces débuts, vous pourrez accéder aux plus belles fonctions de l'Eglise et de l’Etat.

 

 

Je suis très heureux de me rendre partout où notre Sainte Mère l'Eglise vent bien m'envoyer » ,  répliquais-je, croyant répondre finement.

 

« Brave enfant et si plein de candeur »  dit le prélat. Et l'on ne savait trop si il plaisantait ou me plaignait.

 

« Prenez garde au Monde, mon fils » ajoute-t-il, «  vous ne le connaissez pas encore et il est peut-être plus dur que vous ne l'imaginez… »

Ce furent les dernières paroles de l'évêque que je quittai aussitôt après, qu'il m'eut donné une vague bénédiction, pour rejoindre le château de la Comtesse Sardonica à plusieurs jours de chevaux de Antrekan.

 

A peine étais-je parvenu à la sortie du Palais épiscopal qu'un clerc me présenta une lettre frappée des armes de Sardonica, et de son sceau : la panthère stylisée que je devais revoir souvent et en maints lieux, s'étirant les pattes écartées et la langue sortie de la gueule. Et je revis toujours ce symbole avec la même émotion.

 

Mon cher abbé,

 

Je vous envoie mon carrosse qui vous conduira directement à mon château.

 

Ne vous inquiétez pas de ce qui pourrait voua paraître un peu " anormal ".

 

Tout se passera très bien.

 

Au plaisir de vous voir,

 

COMTESSE SARDONICA.

«  Le carrosse de Mme la Comtesse est arrivé " me dit le clerc. Puis changeant de ton, à voix basse il ajouta :" Prenez garde à elle ! »

 

- « Pourquoi? » répliquais-je intrigué ." Des bruits courent sur son compte. Ils sont difficile à vérifier, Prenez garde c'est tout » 

- « quels genres de bruits » dis-je de plus en plus inquiet.

- « Je n’en  dirai pas plus. » continua le clerc d'un air mystérieux en regardant tout autour de lui pour s'assurer que personne n'avait pu entendre ses paroles.

 

Je haussai les épaules et avec mon maigre bagage je montai dans le véhicule, le cocher n’ayant pas daigné descendre pour m'aider ni même me jeter un regard. Peut-être n'étais-je qu'un gueux par rapport aux personnes de qualité qu'il avait l'habitude de promener pour le compte de la Comtesse ?

 

A peine étais-je assis et confortablement engoncé dans les sièges que le carrosse démarra à un train d'enfer.

 

 

Que l'on juge du bonheur d'un gentil jeune homme de dix-huit ans, n'ayant jamais voyagé, de se voir transporter en, pareil équipage, traversent les villages, tel un grand seigneur, au milieu de l'émoi des villageois, et, soupant aux bonnes auberges sans bourse délier !

 

Car il suffisait de dire que l'on était " de la Maison de la Comtesse " pour que l'aubergiste refusât que vous payiez. Il palissait en se signant, et déclarait qu'il était trop heureux si « c'était pour le service de Mme la Comtesse. »

 

Et vous aviez droit à un couple de cailles, une flasque de vin, un bon morceau de viande et quelques gâteaux. Pour un peu que vous eussiez insisté, il vous eut donné sa blonde fille qui se tenait timidement à quelques pas.

Fou, que j'étais ! N'aurais-je point dû me douter que si les aubergistes faisaient pareilles concessions, eux si pingres d'ordinaire, c'est qu'il y avait là-dessous quelques bonnes raisons ?

 

Mais néanmoins je commençais à renaître, et j'en bénissais la Comtesse. Par le biais des attraits charmeurs de cette nouvelle vie j'entrais déjà. Insidieusement dans l'engrenage qui peu à- peu me livra pieds et poings liée à ma maîtresse.

 

Plus nous approchions et plus la révération craintive des gens semblait grande pour la Comtesse Sardonica. Mais ils refusaient de fournir la moindre explication lorsqu'on les interrogeait.

 

« Ils sont complètement abrutis ces vilains !" pensais-je. Je compris plus tard que j'avais manqué de discernement.

 

Pendant dix jours le carrosse roulait à des vitesses d'enfer. Il ne s'arrêtait jamais excepté à l'heure du déjeuner et le soir à l'auberge pour que je puisse dîner, et dormir jusqu'à l'aube recru d'une merveilleuse lassitude. Les chevaux noirs comme le jais semblaient courir sans fatigue des heures durant.

 

Le cocher ne descendait jamais de son siège, ni ne disait mot. Les valets, à notre halte du soir, détachaient les chevaux, les conduisaient à l'écurie et les réattelaient le lendemain matin.

 

Intrigué de ce cocher muet, à une étape, je m'approchai de lui et m'aperçus qu'il ne s'agissait point d'un homme, mais d'une figure artificielle. Je compris qu'en fait le carrosse devait se conduire seul.

 

Certainement je fus stupéfait. Mais j'étais déjà tant tombé sous le charme damné de la Comtesse que je ne réalisai point toute l'ampleur du prodige et ne me sauvai point les jambes à mon cou. C'est la chose que j'aurais du faire si écoutant les sages conseils de mes anciens, j'eus voulu plus que tout garder ma part de paradis, sachant qu'ici-bas l'âme n'est que de passage, comme un oiseau qui survole la plaine à tire d'ailes : tôt  disparu du champ de vision. Et sachant aussi qu'il lui sera compté ses actions de la terre pour l'au-delà.

 

 

Mais Monsieur mon lecteur que l'on me pardonne : j'avais dix-huit ans et un coeur tout neuf.

 

C'est alors que le soir tombait que nous arrivâmes par une route abrupte au château de Sardonica. Le petit village de Sardonikan était blotti à ses pieds.        `

Le château était immense. Il s'agissait d'une véritable ville, grouillante de monde avec ses échoppes, ses artisans, et ses hommes d'armes qui la parcouraient. On me donna une vaste et belle mais austère chambre dans le donjon tout près des appartements de la Comtesse. Les murs de la chambre qui ne possédaient point de crucifix, étaient recouverts de tapisseries comportant des motifs étranges et des dessins bizarres.

 

Harassé et émerveillé par ce voyage, je m'endormis en omettant de faire ma prière; ce qui ne m'arrivait jamais d’ordinaire....

 

 

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