LE RETOUR
A peine Julien et Isabella furent-t-ils monté à bord que le « Téméraire » apparell1a. Aussitôt la brise se leva emporta hors de la rade.
Julien avait fait parer sa cabine des plus beaux tapis d’Orient qu'il avait pût trouver dans les cavernes d'Ali-Baba de la Piraterie et garnir son lit des draps de soie les plus doux. Il avait aussi fait pulvériser un envoûtant parfum d'Arabie. Il demanda qu’on lui apportât biscuits, viandes séchées et vins fins, comme, si il avait l'intention de tenir un siège en règle. Puis il ordonna qu’on ne le dérangeât plus. Dès cet instant seule la compagnie d'Isabella présentait pour lui quelqu’un intérêt et il ne s'occupa absolument plus de la marche du navire, lui , dont la navigation était la vie jusqu'alors.
Lorsqu'il pénétra dans la cabine, quelques instant après ,elle, il la trouva entièrement dévêtue, allongées sur un tapis au sol, splendide dans sa nudité et bien que troublée, elle lui déclara le plus tranquillement du monde avec la pointe de sa langue qui passait sur ses dents : " Je toute à toi "-reprenant les termes de la missive qu' elle lui avait fait parvenir par l'intermédiaire du pigeon.
Et il c'était précipité vers elle, le feu de son corps étant plus encore plus fort que le désir de son esprit de se fondre à elle et de rejoindre celle qui lui était destinée.
Bientôt un vent puissant qui ne devait pas cesser pendant ce jour et cette nuit durant lesquels Julien et Isabella furent à bord du " Téméraire " se mit à souffler entraînant aussi le navire à une vitesse considérable, extraordinaire même, fendant les flots comme un épervier fend l'air et parcourant des distances incroyables à l’entendement de tout marin.
Tout chez Isabella lui paraissait exquis et l'agréable son de sa voix le charmait sans qu'il puisse s'en lasser. Tous les évènements de sa vie même les plus insignifiants apparemment 1'interessaiént. Ce fut comme si elle eût vécut jusqu’ à ce jour vécut sur une autre planète et qu’elle fut entré en contact avec lui.
Les réceptions et les fêtes de cette société raffinée et brutale ensemble l'intriguaient fort. Et il imaginait avec délices Isabella évoluant avec grâce et malaise tout la fois dans les sa1ons garnis de fauteuils et de candélabres dorés avec des valets en livrée. Ses mimiques l' amusaient fort aussi 1orsu' elle imitait à ravir la démarche de quelque marquis claudiquant ou contrefaisait la voix de quelque comtesse zozotante et un peu dingue.
Parfois aussi elle tentait perfidement de le rendre jaloux de sa vie passée, et d'essayer sur lui ses jeunes griffes en lui narrant les succès amoureux qu'elle avait eu dans les bals.
Elle lui parla surtout d'un de ses cousins qui la courtisait fort et dont le charme ne lui était point tout à fait indifférent. Mais elle lui parla aussi de tous les autres hommes sur lesquels 1e magnétisme de ses yeux et sa très grande beauté exerçaient de profonds attraits.
Le temps passait à ces discussions, à jouer aux échecs où ils excellaient tout deux, à grignoter quelques fruit, à boire un peu de vin des Isle paré parait-il de vertus aphrodisiaques et aux caresses de l'amour auxquelles Isabelle faisait preuve d'une grande application. Entrée novice le matin au couvent de Cupidon, elle eût put le soir en être nommée supérieure tant ses progrès en théologie amoureuse était considérable.
Sur le dont, les marins terrifiés étaient témoins de scènes incroyables. Une force supérieure semblait avoir pris la destiné du vaisseau entre ses mains et le mener au but qu’elle s’était fixée. Le timonier tenait impuissant la roue du gouvernail la route était déjà tracée.
Le " Téméraire " creusait dans les eaux dominées un sillon formidable, comme une gigantesque charrue. Ils regardèrent stupéfaits dans la matinée le vaisseau frôler des côtes où ils virent des lions rugissants au soleil, pour vers le soir rencontrer les froids glacés et les immenses icebergs...
A suivre …
Le Téméraire (9 Fin ) - Le blog de Michel Dubat
Le Téméraire (Fin ) Soudain, au milieu de la nuit, Julien fut réveillé par un énorme craquement de la coque du navire et par des cris de terreur poussés sur le pont par des matelots. Aussitô...