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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

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Le guide du voyage organisé " Sicile en     couleurs " avait été surnommé " El Duce "- par un touriste facétieux et un peu amer. Il n'était pas en effet sans avoir dans son comportement et son apparence quelque chose du dictateur si il eut encore vécu et se fut reconverti dans le tourisme.

 

Sa silhouette sèche semblait être le sous-produit des amours peu réussis et contre-nature d'un chef boy-scout et d’un adjudant de cavalerie. Sa casquette dont la large visière de mica vert le protégeait du soleil appelait les feuilles dorées.

 

Et le maigre auditoire, autour de lui dans une arène, -paraissait être les restes dérisoires des foules du passé, mais qu'il continuait à haranguer de la même façon.

 

En cette période de l'année les clients de l'agence étaient essentiellement du " troisième âge ". On appelle ainsi aujourd'hui pudiquement la vieillesse. Ne pouvant changer l'état on change le nom dans cette société du  mensonge. Patrick les voyait comme une troupe de spectres s’agitant à quelques antichambres de la mort.

 

Il alla à quelque halte, pour le mystérieux appel des yeux troubles d'une fille de seize ans, à la nuit tombée, se baigner. Elle ne lui avait rien dit; d'ailleurs il ne comprenait pas sa langue. Seulement cet échange muet des yeux.

 

L’endroit devait lui être inconnu, car c'était la  première fois qu'il visitait la Sicile. Cependant cette plage austère et aride que la pénombre souligne, ces collines rocheuses au loin.... Il reconnaît par bribes ce paysage …

 

Il tomba ses vêtements et en fit un petit tas. Puis il se mit à l’eau. Il eut l'impression  de retrouver l’élément dont il était issu et de s'y trouver bien. Il se demanda soudain ce qu'il était venu faire ici, seul, lui plutôt prudent d'ordinaire.

 

Une vague plus violente  que les autres le saisit, le déséquilibra. Ensuite il fut pris dans une sorte de courant. Son heure cette fois, était bien venue. Hanté  par sa folie et le Destin qui le guidait inexorablement.

 

Il se sentit couler. Sa bouche et ses oreilles s’emplirent d’eau.

 

Soudain une   main le saisit : la Dame blonde. Elle le prit par les épaules et d'une nage  incroyablement puissante le ramena au rivage. Elle le coucha sur la grève, lui fit expulser l'eau de son estomac d'une pression forte.

 

Elle était habillée de son éternelle robe de lin blanche qui lui -allait jusqu'à mi-cuisse. Mais cette fois elle était toute trempée. Le tissus collait à ses formes qui étaient bien celles d'une femme, sans être agressives ou  extrêmement sensuelles. Non toutes grâce et sérénité.

 

Elle se rendit compte qu’il avait les yeux ouverts et était bien vivant. Aussi elle le laissa là, sauvé.

 

Il remarqua que jamais elle n'exprimait un quelconque sentiment. Si elle venait le secourir, c'était sans joie apparente....

 

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Extraits du journal de Patrick

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Un jour, frappée par une maladie mystérieuse, une sorte de langueur, ma ba1lerine perdit son sourire et ne voulut plus danser. Je soupçonnais bien ma compagne d'occasion de lui avoir joué quelque tour pendant que  j'avais le dos tourné. En effet elle la détestait. Elle comprenait mal qu' à  mes retours mon premier regard fut pour cet ensemble de rouages et de ressorts.

 

«  Tu devrais coucher avec elle ! » disait-elle parfois méchamment en la désignant.     Elle savait bien que c'est par nos ébats qu'elle me tenait. Une certaine  tendresse de chiens battus nous liait aussi.

 

Je n'étais pas riche. Je ne voyais  comment distraire une somme relativement importante sur  mon petit budget pour la confier au réparateur d'automates. Il tenait toujours sa boutique dans mon ancien quartier. Il avait seulement un peu plus cheveux et le souffle un peu plus rare. Mais  il  possédait toujours fluide divin dans les mains, qui insufflait l'esprit à  la mécanique.

 

 Surtout je ne voyais pas comment ma compagne accepterait que je paie pour cette intruse. Aussi je ne la fis -pas soigner, par lâcheté je dois l'avoue Je remisai la créature de fer dans un quelconque placard. J' eup l'impression qu'elle m'en voulut.

 

On n'en parla plus. Marie-Pierre me paya en caresses ce soir-là et les soirs suivants, comme si je l'eus débarrassée d’une rivale.

 

Avec un peu de remords je me contentai de cette consolation comme j’ais fini de me contenter de ma pauvre vie .

 

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Station Châtelet, 6 heures du soir ! Cette montée lente des galeries, comme des colonnes de rats fatigués.

 

Patrick a quarante ans. C'est l'âge des bilans. Le corps est lourd des réussites qu'on n'a pas eues.

 

On veut croire qu'en est encore jeune. On se dit qu'on a 1’esprit jeune. On  n'en est pas si sûr. Pourtant c'était hier... Hier on pensait qu'on allait dévorer la vie à belles dents. On se les est cassé les dents ! Et c'est elle qui nous a dévoré la vie !

 

Soudain il remarque ne silhouette blonde devant lui. Ces formes harmonieuses, toujours ce même costume, simple et riche à la fois.  Serait-ce  la Dame blonde ? Depuis si longtemps qu’il  vit en sa présence, qu’il ne sait qui elle est ! Pas de doute, c'est bien elle, cette fois il va savoir, dut-il en crever !

 

Il bouscule les gens pour la rattraper, On a, l’impression qu'elle se sent suivie. Elle tente de disparaître dans la foule. Il est toute à sa manie.

 

Elle court presque maintenant, arrive au quai et s’engouffre dans une voiture en jetant un regard d'effroi autour d'elle. Malgré les protestations des passagers déjà entassés, il réussit à s’introduire dans le même compartiment.

 

Il détaille son visage qu'il connaît par coeur, ces yeux si limpides, ce nez si ,parfait, cette bouche si doucement ironique, cet air vague et lointain. Mais cette tristesse qu'il ne lui connaissait pas ? Cette souffrance qui transparais ? Quel orage a-t-elle traversé, de quel désastre est-elle donc la rescapée ?

 

Cela la lui rend encore plus proche.

 

Elle feint de ne point s'intéresser à lui, tout en le contemplant intensément, comme par distraction.

 

« Mais je ne te veux aucun mal " pense-t-il, seulement comprendre, mon amie,ma compagne, ma complice »

 

Elle essaie de filer deux ou trois stations alun loin. Mais il est aussitôt lancé à sa poursuite. Elle s'arrête soudain, lui fait face, sentant qu'elle ne peut plus s'échapper. Les gens les ­regardent curieusement, croyant avoir affaire à une jeune femme excédée qu'un homme importune.

 

« Dis-le moi » implore t’il. Elle fait non de la tête. Il veut s'approcher encore. D'un geste brusque elle le repousse. Il tombe sur la voie. Elle le regarde éplorée. Il comprend qu'elle ne peut plus rien faire tour lui.

 

Tandis qu'il entend le fracas terrible d'un métro qui va le broyer, il remarque pour la première fois que la jeune femme blonde sorte des chaussons et une robe de lin  comme     sa ballerine et qu'au fond elle lui ressemble étrangement.

 

 

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