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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

LES QUATRES DAMES ET LE VALET

LES QUATRES DAMES ET LE  VALET
 

 

Un pouce énorme devant un visage gigantesque et boursouflé. Un sourire grimaçant, lourd de pensées menaçantes, avec des dents ébréchées, mais aigues cependant comme des couteaux de pirates. Le pouce énorme gourmandeusement tenait une carte d'un jeu de géant. Il en gardait précieusement la figure tournée vers lui. Enfin, avec un claquement sec, il l'abattit vers l'homme allongé, comme mort.

 

 

  DAME DE TREFLE !



Aussitôt la carte à plat, la Dame parut se lever de la tranche, pivota sur elle-même en se métamorphosant et en s'affinant progressivement , comme l'argile du potier prend peu à peu forme et devient amphore.

 

 

La splendide tahitienne, une vive fleur délicatement accrochée à L'oreille, lui souriait d'un air érotique et bienveillant. Il n'avait jamais remarqué combien en cinq doigts de pied s'inscrivant dans le sable pouvaient être aussi humainement beaux. Belle jusqu'au bout des doigts de pied voulut dire quelque chose pour lui.

 

Quel poète eut pu célébrer ses deux seins aussi savoureux que deux coupes de crème caramel ? Et la ligne de ses reins qui semblaient appeler les caresses comme le port les bateaux ?

 

 

" Douce oiselle, m'es-tu restée fidèle pendant tout ce temps ?" Elle exquissa une mimique qui voulait dire qu'elle avait été sage autant que le climat, l'échauffement des sens et les circonstances l'avaient permis.

 

 

Il considéra qu'il s’agissait là d'un aveu de chasteté suffisant. Il lui prit la main vibrante de chaleur et l'attira vers lui. Elle se laissa faire gracieusement avec la souple raideur d'une belle plante.

 

 

Il sentit à ras de peau son parfum_ riche de soleil, d’eaux salées. Il 1a caressa avec tendresse. Elle ferma les yeux. Le bruit de la mer battait aux oreilles de l'amant avec cadence. Rythme des pulsations du coeur du monde. Un palmier éclatait de sa vitalité en jaillissements verts. C'était le moment propice à l'amour ...

 

 

...................

 

Le monstre la saisit, avec une dextérité délicate de Joaillier dont on ne l'aurait point cru capable, entre le pouce et l'index, par le col, et la retira du corps de l'homme. Puis, d'une pichenette soigneusement ajustée, il l'envoya rouler sur 1a carte à: jouer. Du plat de sa main il l'écrasa contre le carton pour qu'elle y reprenne sa place. Et il remit froidement 1e rectangle dans son jeu.

 

D'un air goguenard il choisit un autre personnage.

 


   DAME DE CARREAU !


La main cette fois fit tournoyer le bristol et une jeune femme blonde enn fut projetée, se recevant sportivement sur ses pieds.

 

 

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Il l’avait connue par hasard à l'une des bibliothèques de Stockholm. Cette bibliothèque qui donnait sur la Place du Parlement, dans cette partie de la ville où l'architecture moderne tordait audacieusement le métal et le verre dans ses pinces artistes et techniciennes.

 

I1 avait frôlé ses longs doigts fins, mais d'une fermeté d'acier tandis qu'ils prenaient tous deux le même livre.

 

C'était - i1 s'en souvenait -: " Le Guépard " de Lampedusa en Italien. Il n'y en avait qu'un unique exemplaire sur le rayon. Elle riait avec ses dents de belle fille saine. Il Lui proposa avec une aisance feinte d'aller le lire tous les deux chez elle. Et il ajouta il ne savait plus quelle banalité sur les plaisirs de la lecture commune. Son oeil bleu parut amusé de la suggestion, la fit tournoyer dans ses eaux profondes. Elle répondit simplement :" Oui- ". Et il suivit par les rues son long blue-jean soigneusement délavé, et son sobre tee-shirt blanc sur lequel était écrit : " free ».

 

 

Sa chambre sous ]-es combles d'un vieil immeuble était bien à son image. Ça sentait bon le bois clair, et l'absence de recoins tortueux. Elle lui avoua franchement que ce qui lui avait plu chez lui d'un coup,, c'était son mauvais accent anglais et son air " paumé " dans la vie. Ils se trouvèrent même une opinion commune, à. savoir que la littérature les aidait à vivre.

 

" Tu veux faire l'amour ?" 1ui demanda-t-elle calmement,

" Il parait que vous Français, vous ne pensez qu'à ça !"

Et sans attendre sa réponse elle fit glisser tranquillement son mince coton par dessus ses épaules. Elle ne portait point de soutien-gorge; et ses rotondités étaient pleines de charmes doux…

 

 

Il allait s'avancer vers elle pour la faire basculer sur la banquette et l'embrasser. Mais elle l’arrêta :" Je ne fais jamais cela avant d'avoir fumé une cigarette et bu une bière bien fraîche. Souvent dans la chose c'est la bière fraîche que je préfère « la galipette."Elle avait dit " galipette " en français, souvenir culturel de vacances dans le Midi, avec une intonation savoureuse.

 

 

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Le joueur sadique souleva la suédoise comme une plume et la mit dans la boîte du Tarot. Tandis qu'elle se cramponnait à la bordure d'une main, elle faisait des signes désespérés de 1-'autre. On put lire dans son regard des multitudes de regrets. Le barbare la poussa d'une légère tape de l'index dans le fond et referma le couvercle.

 

 

Et il continua sa terrifiante partie.

  DAME DE PIQUE !


 

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Les seins vigoureux tressaillaient à- la cadence du pilon qui écrasait le mil. Et cette sorte de danse et le visage de Ta noire étaient pleins de jovialité. Les cris aigus et les odeurs épicées remplissaient ce village baigné de lumières. Elle vit soudain le mâle étendu et se précipita vers lui toute douce.

 

Elle passa les doigts sur les  contours de son visage pour se persuader que c'était bien lui. " Les tam-tam n'ont -point annoncé ton arrivée ?" lui déclara-t-elle. " Je croyais que tu ne reviendrais jamais. Viens-tu vivre ici définitivement ? 0 j'aimerais tant ! "

Il ne répondit point à la question. Bien sûr qu'il aurait aimé passer le restant de ses jours en ce lieu.

 

Il l’attira dans la case ... Elle comprit ce qu'il voulait : elle vibrait du même désir. I1 y a si longtemps qu'ils attendaient ces retrouvailles. L'air à l'intérieur était rempli de senteurs lourdes. Leurs effluves éclatant sous la chaleur multipliaient leurs ardeurs ... Il mit la main sous le mince pagne, au creux de sa chaleur moite...

 

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Un jet puissant renversa et la femme et la case, d'un seul coup:.  

  DAME DE COEUR !

 

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«  Très honorable maître, ta servante l'indigne Mitsoucko, se permet de te demander de bien vouloir accepter de prendre le thé avec elle dans son humble maison ... "

 

Et 1e kimono bleu somptueusement constellé de points d'un beau jaune doré, s'inclina profondément. La Jeune japonaise était toute politesse et délicatesse. Un large sourire constamment présent éclairait son visage. Un sourire un peu artificiel, un peu trop éduqué et apprêté. La peau dans l'échancrure du vêtement paraissait douce et tendre comme une pousse neuve de bambou.

 

Il était assis en tailleur sur le tapis tandis qu'elle se livrait à la longue cérémonie de la préparation du thé. Véritable office religieux venu du fond des âges, et dont le rite avait été précieusement conservé par des mains pieuses.

 

" Cette fois tu ne m'auras pas !" dit l'amant trop souvent floué à l'adresse du magicien mystérieux. " Je limiterai au maximum les préliminaires. Car lorsque tout parait en excellente voie, tu viens tout briser par ton intervention intempestive. "

 

Et il sauta, d'un bond de judoka, sur la Prêtresse de  la feuille sacrée, à demi accroupie qui se demanda, offusquée mais digne, ce qui Lui arrivait. Son épiderme dégageait un parfum frais et envoûtant.

 

Elle ne le repoussait pas vraiment, car il était évident que 1-'idée de lui prêter partie de sa couche ne lui répugnait aucunement, mais le moment en était incongru. " Bois de ce breuvage, il a des vertus aphrodisiaques reconnues ... " ajouta-t-elle sentencieusement avec sa voix aux intonations flexibles.

 

" Je boirai de ta tisane après ... " Et l'amoureux pressé continuait de la caresser avec insistance. Elle allait sans doute succomber à ces rudes moeurs occidentales ...

 

 

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Mais une nouvelle carte tomba.
  LE VALET DE COEUR !

 

Lahire pouvait-on lire sur le carton. Les lettres de Lahire se mouvèrent seules et constituèrent HILARE. Et l'on entendit un gras rire. Les lettres bougèrent encore, animées d'une sorte de frénésie infernale. Cela redevint Lahire. La première syllabe se mit en queue. Hirela, le E vola comme un danseur par dessus la tête des autres, et se plaça avec adresse derrière le H.

 

 Heirla. Les deux dernière lettre firent un chassé-croisé . Et le mot devint HEIRAL.

 

C’était le nom de l'homme qui dormait .., et qui se réveilla alors en maugréant !

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