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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

Sardonica (13.1)

 

Puis ma vie continua avec ses activités païennes, les jours ressemblant aux jours chasses, jeux de cartes, cabarets et la poursuite de mes amours heureux quoique fragiles avec Sonia. Bien sûr je continuais de remplir le rôle de secrétaire de Sardonica.

 

Je pouvais croire que comparativement à ma vie de moine d’autrefois j'étais un homme heureux.

 

C'est curieux, mais sur la mer assez  floue de ma mémoire, après tout de temps, des événements saillants surgissent cependant. Ils saut comme des vaisseaux aux: voiles d'or, poussés par des alizés parfumés, apparaissant à l'horizon pour se rapprocher peu à peu.

 

Par exemple je revois la fête que Sardonica fit donner pour l'anniversaire de sa naissance. Jamais je ne vis ni n'entendis parler de pareille fête, excepté peut-être dans les contes les plus fantastiques.

 

Deux messagers de la Comtesse, s'annonçant à sons de trompettes, vinrent spécialement pour m'inviter. Ils étaient porteurs d'un parchemin munis de rubans et du sceau sur lequel figurait la fameuse panthère stylisée qui ricanait férocement. Le texte précisait la date de l'anniversaire mais, est-il besoin de l'écrire, ni la date de naissance, ni l'âge de Sardonica.

 

Le soir venu, je revêtis mes plus beaux habits, superbement ajustés, faits du drap de la meilleure qualité qu'il fut possible d'imaginer. Je me faisais confectionner mes costumes par le Premier tailleur du Comté. Il éprouvait pour moi une sorte d'affection, pensant que mon jeune corps était le plus beau modèle sur lequel  son Art de dentelles et d'étoffes pouvait s'épanouir. Il se réjouissait aussi à l'idée que ma personne circulant dans le Palais était la vivante incarnation de son talent.

 

Et je me rendis aux réjouissances.

 

Que l'on excuse d'un vieux moine la fatuité alors que sue peau n'est plus que la peau d'une vieille bote qui sent l'approche de la mort, et qui se revoit tel qu'il était alors,, splendide et fringuant, le sang pulsant à jets puissants sous la peau, et désirant mordre la vie à pleines dents. A pleines dents. Je n'ai plus aujourd'hui de dents et ne saurais plus mordre ni dans viande, ni dans fruits, ni dans chairs exquises de femme.

 

Je m’imagine encore montant, troublé et fier les marches du grand escalier. Des gardes disséminés partout croisaient les lames à mon passage comme à celui d'un haut dignitaire, que j'étais d'ailleurs réellement.

 

Et à l'extrémité de la longue salle de marbre que je devais traverser de bout en bout:

 

SARDONICA !

 

Sardonica la magnifique sise sur un siège d'Or décoré de panthères, comme son blason, avec à ses pieds huit magnifiques panthères s'étirant langoureusement, en faisant luire leurs crocs saillants. Elles vinrent me faire fête.

 

Sardonica rayonnait superbement enveloppée dans sa robe chatoyante et sauvage. Cette robe découvrait ses bras nus et ses cuisses admirables qui comportaient par derrière des muscles saillants et tentateurs.

Ses pieds effilés étaient chaussés de fins escarpins revêtus d'une feuille d'or. Son regard comme sorti d'un pierre précieuse verdâtre ou d'une eau profonde pénétrait jusqu'à vous par touches successives. D'une simple indication de ce regard et d'un léger geste du menton elle m'indiquait que je devais m'assoir à ses côtés, à ses pieds plutôt, sur un fin pouf posé là sans doute à dessein. Et le tombai plutôt que je ne m'assis, le nez et la bouche presque sur ses jambes, ce dont elle devais se douter. Je pouvais en respirer le parfum sourdrant de la peau.

 

De temps à autre elle jetait vers moi un coup d'oeil ardent et amical qui me ravissait d'aise. Que n'aurais-je fait pour ses yeux impérieux qui me laissaient sans aucune force de résistance ?

 

Un à un vinrent la saluer et en même temps me saluer leu dirigeants du régime. Le maréchal des armées dans son indescriptible uniforme chamarré, pleine de plumes et de dentelles; le Président de la Justice, en réalité simple intermédiaire entre la Comtesse et le Bourreau. Le Chef de la Garde Personnelle qui s'assit à peu de distance, s’assurant  immédiatement que tous ses hommes étaient en place. Le Chef de la Police avec l'air sournois et soupçonneux, surveillant tout le monde dans le royaume, et à ce qu'il parait fort doué pour extraire grâce à des tortures nombreuses et variées une foule de renseignements d'un accusé par nature pou communicatif.

 

On racontait des choses horribles sur certaines salles basses situées dans les locaux de la police, avec accrochés aux murs leurs outils barbares qui servaient à griffer,à arracher, à stranguler...

 

Puis vinrent plusieurs chefs aux armées avec leurs différentes tenues et insignes suivant les corps plus ou moins renommés auxquels ils appartenaient. Le rituel était immuable: ils s'agenouillaient profondément;: Sardonica inclinait sa tête splendide faisant luire sa chevelure dorée, avec parfois un petit sourire plus on moins appuyé selon que l'intéressé était plus ou moins bien en cour.

 

Ces degrés divers de considération étaient aussitôt commentés par les spectateurs et appréciés par ceux qui les recevaient avec une très grande précision..

 

 

 

…/…

 

 

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