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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

Parfois nous voyons de ces êtres hideux se cogner aux verres et nous observer. Nous ne sommes pas surs que nous parviendrions toujours à les contenir.

 

" Que dire de nous ? Que nous menons une vie paisible » en harmonie avec les éléments. Pour venir ici j'ai du suivre une formation particulière. Nous n'usons point d'un langage parlé, échangeant directement nos idées et surtout ressentant des vibrations que vous  ne sauriez capter. Nous ne nous reproduisons point par accouplement comme vous. Nous croissons d'abord dans des liquides jusqu'à ce que nous soyons suffisamment vigoureux. Alors la jeune pousse est confiée à un couple qui la prend en charge jusqu'à sa croissance complète.

 

Rien n'est plus touchant, et ça te toucherait toi-même que de voir deux plantes adultes serrées l'une contre l'autre, et pressant contre elles affectueusement une jeune plante qui se meut dans leur ombre.

 

Si on éprouve réellement beaucoup d'affection pour quelqu'un on peut toujours demander au Grand Ordinateur de confectionner un composé de vos deux codes génétiques. S’il accepte on obtient un croisement qui ressemble aux deux plantes parentes. Il y a même des filles qui se font faire une plante commune avec des personnages célèbres d'autrefois. C'est particulièrement fréquent chez certaines étudiantes en lettres qui évitant tout à fait la fréquentation des autres vivent dans leurs rêves de la littérature ancienne avec leur rejeton issu d'elle-même et de leur auteur favori »

 

Elle changea soudain de ton :" Si j’évoque des images de maternité, c'est parce que j'attends un enfant de toi. Il faut bien appeler cela ainsi. »

 

J'étais stupéfait. Elle poursuivit :" Nous disposons certes de tous les organes nécessaires. Mais l’acte sexuel nous est interdit. Si il arrive cependant que deux plantes décident de copuler entre elles ,mues par une trop grande attirance et curiosité, et qu'un fruit en résulté, le Grand Ordinateur les fait détruire avant l’accouchement, parents et enfants. Aussi nous n’avons pas l’expérience de ce qui pourrait arriver, à plus forte raison avec un être d'une autre espèce. "

 

Je décidai d'avoir un petit d'elle malgré que ce fût folie.

Si jamais elle me quittait, j'aurais un souvenir vivant d'e11e-même.

Elle aussi n'évoqua pas une fois la possibilité de mettre fin à  sa grossesse. Et nous nous préparâmes à  la venue de cet  héritier de deux civilisations.

 

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La gestation semblait se passer très bien. Sa taille allait très naturellement en s'arrondissant, Et Sylvana n'en éprouvait aucune gêne particulière. Elle n'exprimait pas non plus quelque crainte. Mais je l'ai assez dit les problèmes psychologiques n'existaient guère pour elle. Encore que l'épisode douloureux de sa confession, et ce bébé à venir avaient changé quelque chose dans nos rapports les rendant plus proches.

 

Je décidai qu'elle accoucherait à la maison, même si cela pût paraître singulier à notre entourage, et, par la suite alimenter des soupçons. Elle pensait également que ce serait une sage solution.

 

Un de mes anciens amis exerçait la médecine dans la région parisienne. Je l'invitai sous prétexte de vacances, ce qui pouvait sembler plausible. Je ne lui dis pas ce qu'il en était de la nature de Sylvana. Mais il comprit rapidement dès qu'il la vit, et à plus forte raison lorsqu'il l'examina.

 

" Tu sais ce qu'elle est ?" me demanda-t-il. Tu aurais peut ­être dû t'adresser à un jardinier plutôt qu'à un médecin. " " Je n'ai jamais vu de chose plus extraordinaire " poursuivit-il, mais la mère jouit d'une vitalité de chêne, si je puis dire. Cela, se présente dans d'excellentes conditions "

 

I1 croyait que ma femme était une anomalie de la création, une sorte d'avatar de l'évolution. Je ne lui révélai point qu'elle venait d' " ailleurs ". C'était trop compliqué.

Il y avait une pointe d'humour dans la voix de mon ami lorsqu'il me préconisa pour elle un régime adapté à son cas: soleil, terre et vie au grand air. De plus il me recommanda d'éviter les contrariétés qui n'étaient pas sans influence sur les plantes d'après les travaux biologiques récents. Au fond il avait très bien pris ce1à...

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Lorsque j'entendis le premier vagissement je me précipitai dans la chambre. Un splendide bébé parfaitement constitué commençait sa vie et se demandait ce qui lui arrivait. Sa mère le tenait dans ses bras avec tendresse. Ce n'est qu'avec hésitation qu'elle me le confia quelques instants, semblant craindre de moi, pour lui. Elle nous regarda tout deux avec une sympathie inquiète et contradictoire. Les grands yeux curieux du nouveau citoyen s'ouvraient pour la première fois. Il était fripé comme un vieux parchemin des bibliothèques du monde, sur lequel étaient dessinées des multitudes

de caractères. Je ne sus dire si j'étais heureux. Je me mis à craindre alors pour l'avenir.

 

C'est peu après la naissance que je remarquai le changement complet d'attitude de Sylvana. Elle devenait souvent absente, s'isolait seule avec le bébé de longues heures.

 

Un jour elle me murmura avec peine :" Ils me rappellent, ils veulent que je revienne... Ils ont peur que je tienne trop à toi, que je devienne comme vous, que je passe de votre côté... "

 

" Avec le bébé ?- Avec le bébé ! »

 

Alors je me mis à la surveiller presque nuit et jour, encore que je savais bien que je ne pourrais pas les empêcher de me l'enlever. Ils la contrôlaient toujours à distance, même si ils craignaient que ce ne soit pas suffisamment bien.

 

Malgré tout j'avais cet espoir fol de la garder, de la garder toujours. Je ne voulais pas qu'un beau jour elle disparaisse de ma vie aussi brusquement qu'elle y était entrée, par une déchirure de l'espace.

 

J'avais l'impression que les sollicitations qui l'appelaient ailleurs étaient de plus en plus fortes et qu'elles lui faisaient violence.

Je ne savais pas où cela allait se passer. Je n'avais aucune idée même de la façon dont ils procéderaient; ce qui accroissait la difficulté de ma tâche de gardien.

 

Je m’attendais à, une sorte de véhicule étrange dont la forme n'aurait rien â voir avec celle des véhicules connus. Elle avait toujours refusé de me renseigner à. ce sujet, arguant qu'il s’agissait d'un très grave secret dont la connaissance mettrait en péril leur communauté. Car si le chemin de cette planète à la nôtre était connu, il serait facile alors pour des chercheurs terriens de trouver le chemin inverse. Jamais non plus elle n'avait voulu me dire combien d'envoyés, comme elle, se trouvaient sur terre et quels étaient les travaux auxquels ils se consacraient. Une fois révélé ceci, ils seraient très vulnérables. On pourrait les débusquer avant que de les exterminer.

 

Elle ne me dévoila pas non plus les arcanes de leurs mathématiques bizarres, dont les dimensions, les courbes, et les formes n'avaient rien de commun avec les nôtres. Je crois qu'ils possédaient là l'intégration d'une bonne partie des données du monde. Cette clé nous manquait, et j'aurais bien aimé la donner aux hommes. Au fond je ne sais. Il est douteux qu'ils en auraient fait alors bon usage. Ils auraient cherché à perfectionner leurs armes de guerre pour mieux se détruire et détruire l'univers.

 

Sylvana a peut-être eu raison de disparaître sans me rien raconter de cela.

 

 

XXX

Je vais essayer de narrer aussi simplement que possible comment ils sont partis tous les deux avec des airs désolés, attirés par une force gigantesque. C’était par un après-midi ensoleillé comme on en voit en Provence dans les débuts de l'été.

 

J'étais allongé sous un arbre vénérable et odoriférant. Je suivais au travers de l'entrelacs des ramures dansantes les jeux amoureux de l'ombre et de la lumière.

 

L'existence m'apparaissait à la fois comme vaporeuse et signifiante. J’étais un esprit fugace, moins que ce léger souffle de vent, mais lié au Cosmos.

 

J'entendis un bruit strident comme celui d'une pale d'hélicoptère qui tourne à une vitesse folle, accompagné d'une intense vibration de l'air. Je me précipitai vers la maison. Je constatai que plus je me rapprochai plus l'air opposait de résistance, plus la lumière devenait intense et affolée.

 

Lorsque j'entrai dans la maison l'air devint comme une eau qui coulait autour de moi. Arrivé au bord de la salle à manger je ne pus plus progresser. Une sorte de mur de verre s'opposait complètement au passage.

 

Sylvana au milieu de la pièce tenait notre enfant, qui lui passait les bras autour du cou, tandis que de l'autre elle soulevait d'une certaine façon le bijou qu'elle portait autour du cou, en le tournant d'un angle particulier.

 

Je compris alors. La lumière s’engouffrait par les trois extrémités du bijou et en ressortait en un tourbillon décomposé d'une grande violence. C'est ce tourbillon qui faisait pareil bruit. Le mouvement s'accélérait, devenant de plus en plus formidable.

 Bientôt ma femme et mon enfant furent au milieu d'une espèce de bulle d'air dans une mer déchaînée. Cette mer déchaînée était parcourue de lueurs ondulantes, de palpitations étincelantes, dans lesquelles vibraient des couleurs inconnues. J'emploie ces périphrases pour que l'on me comprenne. Mais ce n'est que l’expression imparfaite de la réalité. La terreur que j’éprouvais et la beauté du spectacle passent l'imagination.

 

Sylvana semblait possédée par un esprit supérieur et agir inconsciemment. Le bébé vivait déjà ailleurs.

 

Des parcelles d'Or volatiles se mirent à voler autour du sarcophage creux. Dans un dernier mouvement ils regardèrent en ma direction, elle esquissa un vague signe de la main.

 

L'Or sembla se liquéfier, puis se solidifier pour constituer une    paroi. Le sarcophage se mit à pivoter sur lui-même avec une grande vitesse. Je vis au travers d’une ouverture l'autre partie de l'espace où vivaient les hommes-plantes dans leurs cités étranges.

 

Elle disparut soudain au delà des portes d'Or en poussant un cri, que je ne pus entendre.

 

...................

Le Procureur de la République essuya ses lunettes avec un air pensif :

" Votre femme et votre enfant, que la rumeur publique vous accusait de séquestrer, disparaissent... Et vous inventez cette histoires d’enlèvement extraterrestre avec une foule de détails qui atteste j'en conviens d'une certaine richesse d'imagination, ou d'une bonne dose de folie.

 

Un seul témoin pourrait arguer de la justesse d'une partie de vos dires: le Docteur Lebreton. Il est mort il y a quelques jours, écrasé par une automobile. La police a tout lieu de croire qu'il ne s'agit pas d'un accident mais d'un homicide volontaire pour se débarrasser de lui.

 

Cependant nous ne nous expliquons pas certaines choses. Il a bien existé une Sylvana Grumbach ayant exactement le même physique, le même âge que ceux de votre épouse disparue, et correspondant trait pour trait aux photos d'identité que vous avez en votre

possession. Sylvana Grumbach est bien hôtesse de l'air; mais elle est morte dans un accident d'avion en Amérique du Sud il y a deux ans. Le Boeing 747 s'est écrasé pour des raisons restées inexpliquées sur la Cordillère des Andes. Les restes de la jeune fille ont été formellement identifiés. Le jeune homme blond qui ne vous connaît pas mais existe bien, c'est son frère ! Pour lui il ne fait aucun doute qu'elle soit réellement morte.

 

Cependant la Sylvana " ressuscitée " ne semble pas exactement être Sylvana. C'est en quelque sorte une copie trop parfaite, de la " fausse-monnaie " . .

 

Vous pouvez rentrer chez vous. Mais vous ne devrez point vous éloigner de la localité sans accord de la Police. Il y a une certaine Mlle Carole qui téléphone plusieurs fois par jour pour demander de vos nouvelles... Vous devriez l'appeler. "

 

Le Procureur de la République me fit une grimace qui pouvait paraître un témoignage de sympathie dans sa fonction.

 

Méfiez-vous, vous hommes incrédules qui lirez ma confession, des femmes séduisantes qui n'aiment pas la salade !

Elles risquent de vous entraîner dans des aventures bien embarrassantes !

 

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