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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

SARDONICA ou la FEMME-PANTHERE (1)

 

SARDONICA ou la FEMME-PANTHERE

 

avertissement au lecteur.

 

Le lecteur comprendra sans peine que je n'aie pas voulu citer le nom du couvent dont on parle dans ce texte et que j'aie évité que l'on puisse localiser avec trop de précision son emplacement.

 

Bien sur aussi, le nom de Pétrus que je donne à son ancien supérieur n'est point réellement le sien mais a été emprunté à l'apôtre.

 

Il eut été peu honnête que recueilli dans ces lieux à une époque tragique de ma vie, comme un ami, j'attirai sur leurs habitants et leu feux de l'actualité et le malheur.

 

En un mot le lecteur approuvera sans doute que, sans rien ôter à la véracité du récit, j'aie voulu brouiller les pistes.

 

John BRISTOL.

 

Je me trouvais, lors de l'été 1968, dans un monastère aux environs de la frontière Bulgaro-Yougoslave. Il était situé dans un cadre magnifiquement isolé et d'une admirable sauvagerie.

 

J'ai toujours beaucoup apprécié le choix fait par les ordres religieux, en ce qui concernait l'emplacement de leurs monastères. Ces gens étaient soucieux d'harmonie et de beauté, choses qui me remplissaient l'âme de contentement et de paisible jouissance. Ils se préparaient sur cette terre à ce qu'ils imaginaient être l'au-delà. Et pour ces considérations toutes spirituelles, ils avaient construit leurs habitations sans se soucier des difficultés de réalisation, dans les sites les plus étranges et les plus inaccessibles.

 

J'avais fui ici le tumulte de la compagnie des hommes après ce que l'on a appelé, à mon avis, fort improprement les " événements de 68 ", qui étaient plus pour moi l'irruption du rêve et de l'imagination dans le morne paysage quotidien qu'une banale poussée de fièvre dans un système sociopolitique complètement figé.

 

 

En Mai mil neuf cent soixante-huit, en France, nous primes conscience qu'une autre existence était possible. Nous comprimes que sous la coque de métal de l'homme industriel, où les fabricants et les politiques à .leurs services l'avaient enfermé, se cachait un être imaginatif, ivre du désir de vivre. Et cet être cherchait désespérément à briser cette coque.

 

Mais bientôt la vie reprit ses droits ou plutôt ce que l'on appelle la rie, c'est à dire un -état de veille léthargique....

 

Car toutes les structures " responsables " se dirent que la Libération des individus étaient dangereuse pour leur conservation et que l'esprit qui habite en l'homme n'était libre que couvert de chaises, comme le prisonnier du Moyen-âge des gravures enfermé dans sa prison et s’ennuyant a mourir.

Je supportai mal le retour des Marchands, le carriérisme effréné, l'Art « révolutionnaire » de Salon bourgeois, enfin toute cette civilisation de mécanique dont le clinquant tape-à-l'oeil culturel n'en est guère que la sécrétion.

 

Je dirai de plus, pour être complètement sincère, que ma rupture avec Elisabeth S. ajouta beaucoup à ma résolution. Je l'avais connue au hasard des soirées tièdes de Mai, au cours d'une quelconque réunion, à la Sorbonne. Alors les discussions tournaient, avec une vivacité extraordinaire, sur tous les sujets qu'il fut possible à un être humain d'aborder. Nous nous plûmes dès l'abord et passâmes ensemble toute la durée des"événements».

 

Mais quelques jours après le " retour au calme ", Elisabeth complètement rassénée comme au sortir d'une maladie fiévreuse me déclara froidement que son amour pour moi, née de la folie de Mai était terminée en Juin, qu'elle allait épouser quelqu'un de son milieu social et qu'il fallait oublier tout ce qui était arrivé...

 

" Celât nous fera de bons souvenirs lorsque nous serons vieux ajouta-t-elle tout naturellement. Nous nous quittâmes dans un bistrot du quartier Latin en buvant un café. Je me souviens du regard vide avec lequel elle me regardait alors. Cela était bien fini, il n'y avait pas de doute à avoir là-dessus. Et je repartis dans le clair soleil plus pauvre et désespéré, qu'avant que ma vie n'eut connu ces illuminations fulgurantes.

 

Aussi, pour toutes ces raisons, voulant peut-être au fond échapper à la réalité, je me réfugiai au monastère de St X... J'y passai des semaines recueillies consacrées essentiellement soit à méditer dans ma cellule, soit à faire semblant de prier dans les ombres fraîches de la chapelle, soit encore à me promener dans les environs sauvages et abrupts.

 

J'y fis aussi la connaissance du Supérieur le Père Pétrus. Je me pus qu'apprécier de plus en plus sa vaste culture au sujet des temps passée, et sa bonté naturelle un peu détachée.

 

Lui aussi semblait avoir de l'estime pour moi. Il contemplait avec une indulgence amusée mon apparence débraillée et mon air doucement cynique. Malgré la différence de nos habits, nos âmes ressemblaient assez.

 

Je crois bien qu'à la fin de mon séjour il était devenu mon meilleur ami et ce n'est pas sans une grande peine que nous nous quittâmes. Je me devais plus le revoir....

 

Quelques temps après mon arrivée, alors que je me trouvais dans la vieille bibliothèque à lire quelques parchemins rares datant du Moyen-Âge magnifiquement écrits et décorés par la main de moines artistes, le Père Pétrus m'aborda.

 

Il me déclara, avec un air mystérieux que je ne lui avais jamais connu, qu'il avait deviné, au cours de nos conversations, que je m'intéressais au vampirisme, au satanisme, à l'alchimie, à la magie noire et en général à tous les phénomènes occultes et inexpliqués. Il ajouta qu'il avait dans un de ces domaines une révélation extraordinaire à me faire.

 

Après s'être assuré que nous étions bien seuls, il me confia un manuscrit dissimulé dans une cachette secrète de son bureau.

 

 

 

Le titre admirablement dessiné en gros caractères sur la couverture était: "Sancta Veronica «.

 

Il me recommanda de n'en parler à personne et de le conserver avec soin par devers moi.

 

Le soir même, je le lus d'une traite, le coeur battant, croyant découvrir quelque chose de fantastique et de mystérieux au détour d'un page. Il ne s'agissait, en réalité, que de l'histoire assez édifiante d'une sainte ayant fait beaucoup de miracles et s'étant dévouée aux pauvres gens. Des récits tels que celui-ci, il y en avait des milliers dans les bibliothèques et personne n'y avait jamais rien trouvé d'étrange!

 

Il m'étonnait que le Père Pétrus eut voulu me berner. Mais si cela était, c'était bien joué ! Car j'avais passé toute la nuit, sans fermer l'oeil, à lire ce maudit ouvrage.

 

Et c'est légèrement irrité que je rencontrai le lendemain matin le Père Pêtrus à l'heure du petit déjeuner. Nous nous trouvions alors sous les voûtes du cloître d'une harmonieuse beauté, ou, filtrait une lumière d'une rare qualité. " Mais " lui dis-je tout de go, " rien que de très banal dans l'histoire de Sainte Véronica »

 

(A suivre)

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