Bonjour, Nicole Bertolt,
Vous êtes l’une des responsables de la Fondation Boris Vian, et sûrement l’une de celles qui connaît le mieux la vie et l’œuvre de ce dernier. Pouvez vous déjà dire à nos internautes comment il est entrée dans votre vie :
En premier lieu, je travail à la diffusion et à la gestion de l'oeuvre de Boris Vian depuis une trentaine d'années en pleine collaboration avec Ursula Vian Kübler, la seconde épouse de Boris Vian. Elle a créé une association dans les années 80 afin de mener à bien d'autres activités culturelles tout en préservant l'esprit novateur et créatif de Boris Vian, il s'agit de la Fond'Action, une association et non d'une fondation dont je suis la directrice également.
Très jeune j'appréciais beaucoup la lecture et j'appréciai également la science-fiction ; ma rencontre avec Boris Vian, ce fut à travers de L'Automne à Pékin et L'Herbe rouge, j'avais 14 ou 15 ans, romans très futuristes d'une certaine façon. Cela m'a fasciné et je l'ai gardé en mémoire. Mais ma vraie rencontre fut avec Ursula Vian Kübler, son épouse, quelques années plus tard, par hasard...
Dans votre exposition sur Boris Vian il es question de romans de sciences-fictions, peu de gens connaissent la passion de Boris Vian pour la Science-fiction et le Fantastique : pouvez vous nous en parler :
Il est important de parler de Fantastique car effectivement, longtemps il a, comme tout public d'avant-guerre, lu des histoires de ce genre jusqu'au moment où sa rencontre avec l'Amérique, au début de la guerre, le guide vers des histoires plus "scientifiques". On lui rapporte des magazines et ouvrages directement des Etats-Unis, il préfère lire dans le texte original. Son esprit d'ingénieur et étonnamment cultivé fait qu'il se passionne pour cette littérature d'un genre tout nouveau mais correspondant à son esprit précurseur. Il préfèrera sans doute traduire ce genre de nouvelles que les mémoires du Général Bradley ! Boris Vian est peu connu à l'époque et vit difficilement de sa plume, son métier occasionnel de traducteur le conduira souvent à publier en français des nouvelles de SF, notamment de Bradbury.
Il fut aussi le traducteur d’ouvrages comme « Le Monde des Ā » d'A. E. van Vogt, suivie de : « Les Joueurs du Ā » (1) ou le roman de science-fiction « Demain les chiens » de Clifford D. Simak et publier certains romans de sciences-fictions et de fantastique, d’où lui venais ce goût pour la culture underground américaine ?
Ce livre culte si j'ose dire dans le monde de la SF est toujours vendu dans cette traduction. Ce fut un cadeau pour Boris Vian de la faire. A l'époque, il n'y avait grand amateur de ce genre et Boris Vian fut tout désigné pour mener à bien cette traduction qui pouvait présenter des difficultés certaines mais qui, pour Boris Vian, fut surtout une joie ! Ce livre a permis à Boris Vian de se familiariser avec la Sémantique Générale, théorisée par Alfred Korzybski et que Van Vogt met en action dans ses romans (le principe : un mot n'est pas la chose qu'il représente. ex : la carte n'est pas le territoire; le mot chien ne mord pas...)
Comment s’inscrit dans son œuvre personnel le fantastique, la science-fiction ?
Comme je le disais, le fantastique pour Boris Vian 'pataphysicien est peut-être juste une façon de voir la chose réelle autrement... la science-fiction ajoute un élément plus rationnel dans l'aspect technique. Cela lui ressemble tout à fait. Il est un auteur de fictions, il le dit lui-même. Il préconise de vivre dans cette partie du monde où l'esprit va chercher d'autres vérités, d'autres visuels. Il avait vu juste car une fois encore, la littérature de science-fiction a trouvé ses lettres de noblesse depuis des décennies mais surtout en France, elle a fini par être également reconnue.
Bien à Vous
Nicole Bertolt
Je vous remercie madame, de bien avoir voulu accorder cet entretien a : http://michel-dubat-auteur.over-blog.com/
Stéphane DUBOIS
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