Francis Groux « Au coin de ma Mémoire » Editions PLG
Bonjour Francis Groux,
Vous venez de publier aux Éditions PLG « Au coin de ma Mémoire », dans ces mémoires vous dites que vous étiez un grand lecteur de romans d’anticipation.
Surtout de la revue « Fiction », je lisais le Fleuve Noir, comme tout le monde, mais j’avais la collection depuis le premier numéro et j’ai adoré et la littérature de science-fiction et la littérature fantastique. Avec une préférence pour le fantastique et la collection Marabout.
Un jour, j’ai découvert dans le courrier des lecteurs qu’ils y avaient des nostalgiques de la bande dessinée et qu’ils voulaient échanger, ils ont donc créé cette première association avec Strinati, Francis Laccassin (Club des bandes dessinées, avec Alain Resnais et Évelyne Sullerot. Fondé le 29 mars 1962 NDLR) et qui deviendra le le Centre d'études des littératures d'expression graphique (CÉLEG), j’ai acheté « Giff-Wiff » c’était la fin, puis j’ai réussi a me procurer les premiers numéros, le CELEG allait pratiquement arrêter ses activités et Claude Moliterni qui reprend le flambeau en créant la SOCERLID (Société civile d'études et de recherches des littératures dessinées) et publie la revue « Phénix ».
Donc voilà le cheminement « Fiction », « Giff-Wiff » et « Phénix » et voilà comment par la suite je me suis passionné pour la BD.
Vous êtes cofondateur (avec Jean Mardikian, Claude Moliterni) du Festival International de la Bande Dessiné d’Angoulême, et dans votre livre dans le chapitre « Angoulême avant Angoulême » vous abordez ce qui a précédé la création du festival proprement dits, vous avez projeté un diaporama sur « Valérian », notre voyageur spatio-temporel préféré, il sort un nouvel album de « Valérian » repris par Lacenet, quand pensez-vous ?
C’est absolument formidable, j’ai eu beaucoup de plaisir a lire cet album de Larcenet, et jusqu'à la dernière page avec…
Chut
Oui il ne faut pas le dire.
Mais c’est formidable que Pierre Christin et Jean-Claude Mézières aient jouer le jeu et accepté que Larcenet fasse se travail, le génie de Larcenet , je connais la production de Larcenet, je l’aimais déjà beaucoup, mais la c’est formidable, je ne sais pas s’il y aura d’autres albums avec d’autres auteurs, pour s’amuser à ce petit jeu, mais la c’est vraiment une réussite.
En BD de science-fiction et de fantastique, durant toutes ces années quelles sont les œuvres que vous avez préférées ?
Si je remonte tout à fait dans le temps le premier choc, ça a été Philippe Druillet avec « Lone Sloane » y compris ce qui paru avant « Pilote », chez Losfeld l’éditeur de Barbarella. En science-fiction ce qui m’a vraiment emballé c’est Forest d’une part et Druillet d’autre part, après j’ai découvert les scénarios de Cristin, puis Bilal, je suis resté très classique de ce plan la.
J’entre peu dans l’eroïc-fantasy qui fait partie de la SF et du Fantastique, et à part Loisel avec les autres j’ai l’impression que l’on tourne un peu en rond et que tous font un peu la même chose.
Puisque l’on parle de fantastique, il y a pour moi un auteur dont j’ai un souvenir formidable et je suis heureux que le festival lui rende hommage c’est Fred, Fred ce fantastique poétique son Philémon , ses « lettres de l’océan atlantique » sont vraiment formidable.
Cette exposition montre le découpage, la mise en page qui est absolument révolutionnaire.
Au sein du festival, proprement dit quelles ont été la place et l’évolution de la SF et du fantastique au cours de ces 39 années qui viennent de s’écouler.
Il y en a toujours eu une partie, c’est vrai que cela c’est développé après Loisel, l’arrivé de Loisel , de l’éroïc-fantasy, puis des Éditions Soleil qui a énormément produit d’éroic-fantasy et aussi un peu chez Delcourt. Mais je pense que le déclenchement cela a quand meme été Loisel avec « La Quête de l'oiseau du temps » et bien sur ceux que j’ai parlé tout à l’heure, et qui continue, la production de Méziere qui s’est étalée durant tellement d’années, Bilal avec son style très particulier.
Vous été amateur de Bilal
J’aime beaucoup oui, pas forcement les derniers, le dernier qui est l’adaptation de « Roméo et Juliette » ne m’a pas convaincu, par contre son graphisme est toujours absolument magnifique, mais ce n’est pas cette partie de son œuvre que j’aime le plus.
Je sais que Druillet a sorti un nouvel album de « Lone Sloane » que j’attends avec impatience.
J’ai vu dans votre ouvrage que vous vous plaigniez de la place de la BD japonaise au festival, du moins en ce qui concerne les prix attribué.
Oui il n’y a aucun auteur de bande dessiné japonais qui a obtenu le Grand Prix de la Ville d’Angoulême. Alors que la bande dessiné asiatique et particulièrement japonaise représente plus de quarante pour cent de la production mondiale.
C’est d’autant plus curieux que le festival consacre des expositions, des pavillons à la bande dessiné asiatique : Taiwan, Singapour, la Corée du Sud ?
Shigeru Mizuki (2007,NonNonBâ, Édition Cornélius) Prix du meilleur album) a eu un prix a Angoulême, mais pas le Grand Prix de la Ville, vous savez que le Grand Prix n’est pas attribué par le jury, mais par ceux qui ont eu précédemment le grand prix, je ne sais pas ce qu’il vont vouloir faire, pendant très longtemps on a tourné un peu en rond c’était toujours, un peu les anciens de « Pilote ». Les grands prix mérites tous leurs récompenses c’est tous des grands auteurs de BD, mais il fallait un peu aller voir de l’autre coté et surtout dire arrêtons la bande dessiné franco-belge.
Pour moi le fait d’avoir donné un prix a José Muñoz était très important, celui de cette année j’attendais ça depuis longtemps que Art Spiegelman ai le grand prix c’est pour moi très important, il avait déjà été primé (1988, Maus, t. 1 : Mon père saigne l'histoire, Flammarion, Alph-Art du meilleur album étranger), pour moi c’est aussi important que la venue de Hergé, la première fois qu’il est venu a Angoulême, c’est à partir de ce moment la que le Festival de la Bande Dessiné d’Angoulême a été accepté par tous comme un grand événement, je pense que le prix a Art Spiegelman est du même niveau, c’est une reconnaissance internationale de ce qu’est la BD.
Sur le plan international, je pense au continent africain, au Festival International d’Alger (Algérie) par exemple, que j’avais découvert il y a deux ans au FIBD.
J’ai participé aux 3 derniers Festivals d’Alger de la BD, je dois d’ailleurs rencontrer la commissaire générale du festival pour quelques choses avec elle.
C’est vrai qu’il y a une BD africaine, maghrébine qui existe et qui est en train d’évoluer quand j’y suis allé la première fois c’était la seconde édition, c’était encore beaucoup de mauvais manga, voilà, c’était encore de la copie de manga et je leur est dit que je trouvais incroyable qu’ils n’utilisent pas les richesses qu’ils avaient chez eux, l’art magrébin, l’art africain existe, qu’ils ne parlent pas de leur Histoire, et qu’ils fassent du Manga.
J’ai eu l’impression de ne pas avoir prêché dans le désert parce que depuis ils ont complètement modifié. Le Manga est une toute petite part de leur production désormais au dernier festival qui s’est déroulé au mois d’octobre (2011), c’est une bande dessinée très éclectique, très différent ou il y a de tout, également un peu de SF.
Oui effectivement je connais des auteurs de SF/Fantastique algériens.
Oui ça évolue, mais le problème de la BD algérienne, c’est qu’il n’a pratiquement pas de supports. Ils ont beau avoir de créateurs de qualités, s’il n’arrive pas a publier et cela s’explique facilement, le niveau de vie étant ce qu’il est, ce n’est pas pensable pour le plus grand nombre d’acheter un album qui coûte 12/15 euro. Pour que cela arrive au lecteur, il faut avoir un prix au alentour de 2/3 euro.
Je dis aux jeunes éditeurs qui veulent se lancer dans l’aventure, regardez a quel niveau de prix vous avez une chance de produire et de vendre, et ne faites pas de couleur, ni d’album cartonné, fait du broché, des 30 pages, pour démarrer.
J’ai vu des jeunes auteurs qui font du Manga, mais qui leur est propre, original, et qui sortent dans les prix que j’ai indiqué. Ce qui est la première démarche à faire.
Ils y ont très peu de librairies, de bibliothèques en Algérie, donc pratiquement pas d’éditeurs, comme il y a très peu de cinéma aussi, ce qui fait que c’est très difficile d’arriver jusqu’au public. Que peuvent faires de gens qui produisent sans public ?
L’on m’a montré la dernière fois que je suis allez au Festival International de BD d’Alger, que le Ministère de la Culture en a conscience et a décidé d’aider.
Au niveau mondial quel pays vous parait prometteur pour le développement de la BD en général !
Je ne connais pas la BD du monde entier, j’ai vu des choses étonnantes, par exemple Taiwan, il y a de belles choses. J’ai également vu la BD Turc et Arménienne, c’est en démarrage, l’exposition est d’un excellent niveau, parmi elles j’ai vu des choses très belles. Pas tout bien sûr, mais il y a des choses très belles. Dans les bandes dessinées africaines, il y a des œuvres formidables.
Les 3 fois que je suis, allé au Festival, j’ai fait partie du jury a Alger, j’y ai vu des œuvres de tout le continent africain et pas que Algériennes loin de la. Avec des auteurs qui parlent de leur quotidien, et avec des œuvres de grande qualité. Ils y abordent la vie quotidienne, les séquelles du colonialisme, et également les problèmes économiques qu’ils connaissent, ils en parlent d’une façon réaliste ou humoristique.
Le fantastique dans la BD africaine, plus que la science-fiction y est présente, par les contes, ils connaissent essentiellement la BD de SF par les supers-héros américains. Ce n’est pas inexistant, j’en ai vu, mais c’est très minoritaire au sein de leurs productions.
Je vous remercie pour nous avoir accordé cet entretien.
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