Les Ombres d'Élyranthe
Un nouvel éditeur vient de faire paraître une première anthologie consacrée aux genres de l'imaginaire. Il s'agit des « Ombres d'Élyranthe », une petite association franco-belge gérée de main de maître(sses) par deux autrices issues du forum l' « Écritoire des Ombres ». Lester L, Gore m'a fait parvenir un exemplaire de ce recueil afin que j'en dise quelques mots. Je vais donc commencer, de façon exceptionnelle, par l'aspect extérieur de l'objet.
Je fais en effet partie de cette catégorie de lecteurs qui ne se laissent pas influencer par l'illustration de couverture, et pour tout dire, je préfère les éditions de poche anciennes, moins tapageuses et uniformisées que celles d'aujourd'hui. Parlez-moi plutôt des vieux « J'Ai Lu », avec les illustrations nébuleuses et quasi abstraites de Tibor Csernus, ou des Fleuve Noir avec les couvertures si sexy de Gourdon ! Aujourd'hui, j'ai l'impression que l'édition de l'imaginaire tape dans un stock inépuisable de dessins assistés par informatique comportant obligatoirement des bogoss musculeux et des dragons évoquant davantage le carton-pâte que les forces élémentaires de la nature.
Les « Ombres d'Élyranthe » proposent donc un bel objet, de format agréable, pourvu d'une couverture originale. Il s'agit en fait d'un véritable miroir dépoli, qui tranche sur le fond sombre, entouré de l'image d'un cadre baroque du plus bel effet. J'avoue que l'effet d'ensemble est attirant, et intriguant. Mais, comme disent les Anglais, on ne juge pas un livre à sa couverture.
Alors, « Ombres » est un bel exemple du dynamisme et de la diversité des auteurs français, loin de l'uniformisation commerciale que l'on retrouve dans les catalogues des « grands » éditeurs, et donc sur les tables des libraires. Science-fiction option « space opera érotique » (remarquable « Trou de Ver »), allégorie poétique à la Chambers (« Les Masques de Carmina », « L'écrivain »), thématique lovecraftienne (« Aquariophilie »), humour sombre (« le Vieux Roger »), tous les genres, tous les aspects des littératures de l'imaginaire sont représentés dans cette anthologie, si bien qu'il est très difficile de les citer tous. À noter aussi que les nouvelles sont toutes assez courtes, ce qui ajoute encore à la variété de l'ouvrage. Ainsi, chacun trouvera son bonheur, selon le genre ou le style qu'il préfère, parmi les dix-neuf nouvelles qui composent « Ombres ».
Enfin, une préface de Ludovic Païni-Kaffin et une présentation des auteurs parachèvent un recueil bien sympathique et hautement recommandable.
Serge Rollet.
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