Jean Rollin
par Philippe Vasseur
Un génie incompris du cinéma bis : Jean Rollin, né en 1938 et décédé en 2010. Jean Rollin est sans nul doute le cinéaste auquel nous, Cercle des Poètes, sommes le plus attachés.
Evidemment, Jean Rollin mérite bien mieux qu'un article sur une page FB, mais si cela peut permettre de susciter l'envie de découverte chez certaines personnes qui ne le connaissent pas, alors oui cela vaut la peine de lui rendre ce court hommage.
Influencé par les mouvements surréalistes et dadaïstes auxquels adhérait son artiste de maman, Jean Rollin va partir sur cette base pour construire une œuvre autour du gothisme, du vampirisme et de l'érotisme. D'accord, il faut adhérer au concept mais si c'est le cas, on bascule avec Rollin dans autre chose que les conventions habituelles du film fantastique et d'épouvante. Ses films ont d'emblée déplu à ceux qui attendaient justement cette convention quand bien même certains longs métrages sont de véritables chefs-d'œuvre (le Viol du vampire, 1968).
Hélas Jean Rollin n'a jamais eu la reconnaissance artistique qu'il méritait, ni même financière car il dut parfois se résoudre à réaliser de concrets et basiques films pornographiques pour se refaire une santé matérielle. Ce sur quoi il est important d'insister, c'est aussi son approche aux femmes : contrairement à Jess Franco qui s'en servait essentiellement comme faire-valoir sexuel, Jean Rollin, lui, leur accordait un réel pouvoir.
Dans ses films, elles dominent les hommes, elles monopolisent l'intrigue rollinienne. Jean Rollin n'engage pourtant pas d'actrices "connues", il va les chercher dans des films de seconde zone (souvent érotiques, voire pornographiques). C'est ainsi qu'il parvient à convaincre Brigitte Lahaie de sortir des arcanes du cinéma X.
Grâce à Jean Rollin (qu'elle considérait comme un second père), elle offre ses prestations les plus intimes et les plus belles même si ce ne sont pas les plus connues (Fascination en 1979, la Nuit des traquées en 1980 et les Mortes vivantes en 1982).
A force de ne pas être reconnu à son juste niveau, Rollin finit, au milieu des années 80, par se détacher du cinéma. Il se consacre à l'écriture et, pour "survivre", devient directeur de collection chez Fleuve-Noir.
Il revient en 1997 avec un nouveau film de Vampires et réalise en 2007 une de ses œuvres majeurs La nuit des horloges avec l'actrice X Ovidie.
Pour ceux qui n'ont pas vu ses précédents films, celui-ci peut paraître compliqué voire impossible à regarder. En revanche, si on est un fan de la première heure, on ne peut que crier au génie. Jean Rollin est décédé hélas trois ans plus tard d'un cancer, il avait encore des projets plein les tiroirs (le Masque et la Méduse notamment, non sorti en salle mais projeté à la Cinémathèque française).
Gardons de cet immense auteur, l'image d'un parfait anticonformiste capable d'une prise de risque insensé pour ne ressembler à aucun autre réalisateur.
"Après trois minutes de projection, on savait qu'il s'agissait d'un film signé de Rollin" (Brigitte Lahaie)
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