Entretien Florence Porcel
Mars Horizon
Stéphane Dubois,
Bonjour Florence,
Sort cette semaine aux Éditions Delcourt « Mars Horizon », votre première bande dessinée, comment vous est venue l’idée d’une BD sur ce thème ?
Florence Porcel,
Cette nouvelle collection « Octopus » à laquelle m’ont proposé de participer Boulet et Marion Amirganian, les éditeurs, s’inscrit dans une démarche de vulgarisation scientifique. Et il se trouve que je suis fascinée par Mars et que je suis très impatiente de voir les premiers humains fouler son sol. Le sujet est venu comme une évidence…
Stéphane Dubois,
D’où vous vient ce goût pour Mars : préface des 5 tomes de « Projet Mars » d’Andréas Eschbach, mission de simulation dans l’Utah, candidate de Mars One… D’ailleurs, goût ou obsession ?
Florence Porcel,
Goût obsessionnel, je dirais ! C’est une planète sublime. On a la chance inouïe de vivre à une époque où on en reçoit des photos tous les jours de deux robots différents : Curiosity et Opportunity. Mais l’explorer chaque soir par le biais d’images, c’est un peu frustrant aussi : j’aimerais tellement y aller et voir ça de mes propres yeux… Scientifiquement, Mars présente un intérêt majeur : c’est une sorte de fossile de la Terre dans sa prime jeunesse, et il n’est pas impossible que la vie ait pu s’y développer. On doit absolument nous y rendre en personne pour aller l’étudier et l’explorer.
Stéphane Dubois,
Cet ouvrage est pour vous un ouvrage scientifique, de science-fiction, d’anticipation, vous le définiriez comment ?
Florence Porcel,
J’ai proposé le mot-valise « vulgarifiction » à mon éditrice, je trouve qu’il fonctionne bien ! C’est de la SF puisque ça se passe en 2080, mais la fiction nourrit la vulgarisation, et inversement… Donc tout est scientifiquement soit juste, soit réalisé, soit réalisable, et les lois de la physique sont respectées.
Stéphane Dubois,
On trouve dans votre ouvrage des références à « Retour vers le Futur » avec le module d’exploration « Delorean » ou la guerre des mondes avec le trépied, sans parler des jeux de mots O.BIWAN, O.RIGAMI, quelle furent les influences culturelles, vos lectures, vos films, vos séries TV qui dans le domaine de l’espace, de l’anticipation, de la science (fiction ?) marquèrent votre enfance et votre jeunesse ?
Florence Porcel,
Clairement, la trilogie « Retour vers le futur » est un gros morceau de mon enfance – ainsi que la trilogie Star Wars d’origine. Très jeune, j’ai été également été biberonnée aux nouvelles de Fredric Brown et d’Isaac Asimov avant de m’attaquer aux romans plus costauds.
Côté télé, je l’ai très peu regardée, mais les quelques épisodes de « Au-delà du réel, l’aventure continue » que j’ai vus m’ont beaucoup marquée.
Stéphane Dubois,
« Mars Horizon » montre l’installation durable et permanente de Mars, que penser l’hypothèse de la terraformation de Mars ?
Florence Porcel,
Je ne suis pas très à l’aise avec cette idée. Tant qu’on ne sera pas sûr à 100% que Mars n’a jamais accueilli d’êtres vivants et/ou qu’elle n’en accueille plus à l’heure actuelle, on n’a pas le droit de la modeler à nos besoins. Or, on ne sera jamais sûr de ça. Donc pas de terraformation souhaitable, à mon sens, pour des raisons éthiques.
Évitons de reproduire nos erreurs du passé : ce monde n’est pas le nôtre. Nous pouvons l’explorer, mais dans le respect de ce qu’il est et de ce qu’il a été.
Et si on y trouve des traces de vie, présente ou passé, alors la question ne se pose même pas : Mars n’est pas notre planète, nous n’avons pas le droit de la transformer.
Stéphane Dubois,
Fin 2018 est prévu le premier vol privé autour de la Lune, la même société envisage justement d’installer des colonies permanentes sur Mars, quelle est votre position sur la privatisation de l’espace, de la Lune, de Mars ?
Florence Porcel,
SpaceX n’envisage pas d’installer des infrastructures sur Mars, même si Elon Musk, son PDG, rêve de créer une ville martienne. SpaceX se positionne « seulement » dans le transport interplanétaire avec le développement de lanceurs lourds et de capsules spatiales. Je trouve ça très excitant. Les agences gouvernementales ne s’en occupent plus depuis des décennies, donc c’est très bien que le privé se lance dans ces missions.
Ça dynamise un peu tout ce domaine du spatial habité qui « ronronne » en orbite autour de la Terre depuis plus de 40 ans ! Je mets « ronronner » entre guillemets parce qu’aller dans l’espace, et surtout y séjourner, n’a absolument rien de facile ni d’évident et ce sont des exploits quotidiens, mais c’est vrai que c’est frustrant de vivre au 21ème siècle et de n’avoir jamais vu personne marcher sur un autre sol que celui de la Terre…
Résumé de l’album.
Embarquez avec l’équipage de la mission Mars Horizon, les pionniers de la planète rouge. Une excursion passionnante pour un projet complexe et ambitieux : la première installation humaine sur Mars !
Ils sont psychiatre, médecin, ingénieur, pilote ou encore botaniste : ce sont les ambassadeurs de la première mission habitée vers Mars. Mais comment réagiraient les humains à 150 millions de kilomètres de la Terre ? Quel lien les unit à Mars ? C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur cette magnifique et dangereuse planète…
Un récit de « vulgarifiction » piloté par Florence Porcel et Erwann Surcouf !
Biographies et bibliographies des auteurs
Biographie
Florence PORCEL
FLORENCE PORCEL est né en 1983 dans la Marne. Elle réside à Lyon.
Florence Porcel (auteure, comédienne et animatrice) est LA vulgarisatrice spécialiste de la planète Mars et la community manager officielle de l’Univers. Elle a été chroniqueuse pour La Tête au carré sur France Inter, anime et réalise des vidéos passionnantes dont La Folle histoire de l’Univers sur sa chaîne Youtube. Elle participe à de nombreuses manifestations et conférences sur l’exploration spatiale et vient de publier son premier ouvrage L’Espace sans gravité (Marabout).
Bibliographie
Préfaces du « Projet Mars » d’Andreas Eschbach (L’Atalante), tome 1 à 5
« L’espace sans gravité » (Marabout)
« Mars Horizon », dessin d’Erwann Surcouf (Delcourt)
Biographie
Erwann SURCOUF
ERWANN SURCOUF est né en 1974 en Bourgongne. Il réside à Paris.
Après le bac, Erwann part étudier à l’École des Arts décoratifs de Strasbourg, où il fait partie de la même promotion que Boulet, Reno, Lisa Mandel et Nicolas Wild. Il fait également un passage par les Gobelins. C’est avec la presse et l’édition jeunesse qu’il commence son travail d’illustrateur : Sally Lockhart (Gallimard), Je lis des histoires vraies (Fleurus). Son premier album, Erminio le Milanais, paraît chez Vents d’Ouest en 2006, puis vient Le Chant du Pluvier chez Delcourt en 2009.
Grand amateur de science-fiction, il signe un premier récit lié au cosmos : Pouvoirpoint (Vide Cocagne) qui raconte l’histoire d’un stagiaire de l’espace. C’est donc tout naturellement qu’il rejoint Florence Porcel sur Mars Horizon. On a également pu voir son travail dans Axolot 1, ou Les Autres gens (Dupuis)…
Sa Bibliographie
Erminio le Milanais One shot en 2006
Boule de Neige (Shampooing) One shot en 2007
Un soir d'été finie en 2007
Chicou Chicou One shot en 2008
Chant du pluvier (Le) One shot en 2009
Tribute to Popeye One shot en 2010
Autres gens (Les) en cours de 2011 à 2014
Axolot en cours en 2014
Pouvoirpoint One shot en 2016
Mars Horizon One shot