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Le Téméraire (Fin )
Soudain, au milieu de la nuit, Julien fut réveillé par un énorme craquement de la coque du navire et par des cris de terreur poussés sur le pont par des matelots.
Aussitôt, vaguement inquiet, il tendit les les mains vers le corps d' Isabella, qu'il ne sentait plus contre le sien .pour se rassurer par sa présence. Ces mains la retrouvèrent. Mais il eut l’impression au toucher que le corps d' Isabella n’était plus exactement le même dans ces formes et que ça peau était moins souple et plus rêche. Il lui parut aussi que le parfum suave de ses cheveux et de sa peau n’était plus le même non plus. Julien était fort effrayé et il alluma une chandelle pour se libérer de son doute.
Ce qu'il découvrit sous la lumière dansante de la chandelle le stupéfia. Isabella devant lui était certes bien Isabella et elle lui souriait amoureusement, mais elle était âgée de quarante ans !
Julien pleurait presque et il la lâcha rudement. Puis tout se passa très vite. Il vit horrifié Isabella vieillir à vue d'oeil.
Les années d'une existence normale ne duraient que des minutes. La peau se desséchait, se couvrait de rides,l' éclat des yeux s' éteignait. Ce n’était bientôt plus qu'une petite vieille rabougri et ratatinée dont a nudité, était horrible à voir, qui sentait mauvais et dont, la peau était craquelée comme une terre desséché. Julien la repoussait, elle tendant vers lui ses bras grêles comme les ailes d’un poulet décharné, et lui murmurât dans un rictus horribles : « Viens mon amour ». Julien, terrorisé, tenta de s'échapper alors quelle le regardait avec un air d’incrédulité douloureuse.
Puis l'effrayant processus continua. Il ne fut pas donné à Julien de voir son calvaire se terminer sur la vision de son magnifique amour transformé en vieille femme laide. Les dents tombèrent des gencives déchaussées, le visage devint une horrible gueule contrefaite, effrayante à voir. Puis les yeux jaillirent hors des orbites et roulèrent sur le lit. Le corps tourna à la charogne dans une puanteur incroyable. Le ventre s’ouvrit, laissant voir son intérieur putréfié et les liquides des viscères coulèrent. sur le drap.
" 0 horrible visu " eut pu s'exclamer Virgile en tournant les narines.
Julien réussit à échapper à, ce spectacle d'épouvante, les larmes aux yeux. Il se précipita sur le pont avec les plus grandes difficultés. Car 1ui, marin habitué aux plus rares tempêtes, n’avait jamais vu un bateau agité pareillement. Le " Téméraire " n' était plus qu'un bouchon livré aux éléments déchaînés et sa coque craquait à se briser en émettant des plaintes déchirantes comme celles d’un être humain.
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La prodigieuse accélération du temps avait continué pendant son déplacement dans la cabine du pont. en effet les pirates n'étaient plus que des squelettes tassés dans quelque coin. Cependant le timonier, transformer lui aussi en squelette, dans l'ouragan déchaîné, tenait toujours le gouvernail avec les os de ses doigts. Singulier vaisseau que ce " Téméraire sur lequel s'abattaient de montagnes 1iquides , comme d'énormes gifles sur un vissage, avec un mort à la barre.
Sur un tas de cordages, Julien reconnut l' " Elégant » à sa chaîne d’or autour du cou, qu'il n’abandonnait jamais. Voici où en était ce Don Juan auquel peu de femme avait résisté, si beau à voir, si plein de vie. Un tas d’os sur un paquet de cordes.
« Pourquoi ais-je été les réveiller du sommeil de la mort où ils reposaient si bien ? » se demanda Julien. « Qu’ais-je été l’acteur et le témoin de ces choses horribles ? Pourquoi lorsque le Bosco, sinistre oiseau du destin est venu accoster au rivage, et ma invité à monter dans la barque, ne l’ais-je pas tué avec mon épée ? ».
Puis le « Téméraire » touché par une vague plus formidable que les autres explosa littéralement. Julien senti qu’il partait en l’air et s’évanouit.
XXX
Lorsque Julien reprit conscience, il ne sut pas depuis combien de temps il s’était évanoui. Il avait mal par tout le corps et il avait terriblement froid d'avoir séjourné dans l’eau glacée. Il se trouvait miraculeusement accroché à une grosse planche, sans doute quelque débris du bateau, qui oscillait sur l'eau enfin calmée.
Les premiers contreforts de la côte lui apparurent. A quelque distance des lumières annonçaient la présence d'une ville. S'aidant de ses jambes, malgré l’immense fatigue qui l’emplissait, il tenta de se rapprocher du bord.
Et après un asse z long moment d'effort difficile par le froid qui le glaçait et avec l' aide du courant, i1 fut rejeté sur le rivage d'une petits crique. C'est tremb1ant et surpris qu'il reconnu la petite crique où l'avait attendu le « Borgne » et d'où il était parti pour son étrange aventure.
Ensuite il refit le chemin inverse par le " passage des douaniers, rebuta sur le même ivrogne qui de nouveau écarquillait les yeux, stupéfait et incrédule, de contempler cet homme, qu’il avait déjà vu, trempé et harassé, escalader le chéneau pour monter sur le toit d'une maison. Au cours de son ascension le regard de Julien croisa celui d'une jeune femme qui se croyant seule était en train de se consacrer à sa toilette . Elle ouvrit une bouche toute ronde de surprise.
Puis Julien, tandis qu'un jour sale commençait à poindre à 1’'horizon regagna sa chambre par les toits. Il ôta rapidement ses vêtements trempés, s’essuya avec un linge et se jeta sur son lit. Aussitôt, il s’endormit d’un sommeil de plom.
IV_LE REVEIL
Lorsque Julien se réveilla, consultant sa montre bracelet, il se rendit qu'il était près de dix heures du matin. Il se sentait affreusement mal. « J'ai encore trop bu chez Rosita, hier soir » pensa-t-il et « il n' est pas étonnant que j' aie la gueule bois » ". Rosita était une chanteuse espagnole qui tenait « La Taverne des Boucaniers », où il avait coutume de se rendre le soir. « Sans compter qu'il est inutile insister, elle préfère fréquenter les riches bourgeois de la ville ».
Il se demanda ce qu'il devrait dire au directeur de l'agence de la banque où il travaillait . « que j'ai été malade » pensa-t-il « ce qui n' est même pas un mensaonge ».
Il travaillait en effet dans une banque dont l’emblème publicitaire qu’on pouvait voir sur tous les murs de la ville, était un homme à tête de requin: qui disait « votre argent m'intéresse ». Il lui semblait être l’image de cette société stupide et dévoreuse d’êtres humains.
« J’ai eu un affreux cauchemar cette nuit. J’ai rêvé de bateaux et de filles. Il n’est pas douteux que l’alcool soit nocif et donne des hallucinations. »
Il étaient bien trop tard pour qu’il alla à l’agence ce matin.. Il voyait déjà le directeur plaisantant sinistrement : « vous êtes en avance pour cet après-midi », sous le sourire ironique de ses collègues.
Il pressa sur le bouton de son transistor. C’était l’heure du bulletin d’informations de France N°1. Après un _indicatif musical bien connu, la voix du speaker :
" De las Santas. Nous apprenons d'après une dépêche de L’AFP que la fille du chef de l’état M de la Casa Bella a été enlevée la nuit dernière, par un inconnu accompagné d’une cinquantaine de compagnons armées. 0n pense qu'il d'une action terroriste de révolutionnaires pour obtenir une rançon contre la libération de la jeune fille. Celle-ci Isabella est âgée de 16 ans. Le chef des rebelles vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise blanche portait écharpe rouge enroulée autour de la ceinture. Les forces de police de l' Etat des Iles xxx et l'armée ont été mobilisées -pour retrouver la jeune fille.
Machinalement l'oeil de Julien se dirigea vers le fauteuil qui se trouvait dans sa chambre.. « Il faudra que j'aille les jeter dans la mer » pensa-t-il en voyant le sabre et le pistolet qui reposaient ostensiblement sur le siège.
Un pigeon entra tranquillement et vint se poser à coter de Julien. « C’est toi mon bon Vélox » dit Julien attendri en passant légèrement son doigt sur la plume de l’oiseau ravi.
« Toi au moins, tu ne diras rien »
SARDONICA ou la FEMME-PANTHERE (1) - Le blog de Michel Dubat
SARDONICA ou la FEMME-PANTHERE avertissement au lecteur . Le lecteur comprendra sans peine que je n'aie pas voulu citer le nom du couvent dont on parle dans ce texte et que j'aie évité que l'on ...
http://science-fiction-fantastique.com/article-23468307.html
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Le Téméraire (7) "chez le gouverneur" (suite)
La moitié des pirates qui sous le commandement de " Gueule d'Or " avaient mis à sac la Banque Royale d'Espagne apparaissaient comme lourdement chargé de paquets de replets auxquels ils portaient pourtant avec une apparente facilité.
" Contrairement à ce qu'en rapporte la physique " pensa Julien une livre d'or est moins lourde qu'une livre de fer ".
Comme convenu deux pirates des plus souples, se collant au mur dans la pénombre comme s'il s'agissait d'un mat poignardèrent les deux sentinelles qui ne poussèrent pas un cri. Puis lestement, ils les tirèrent dans un recoin. Peu après on vit ressurgir deux nouvelles sentinelles que les pirates goguenards semblèrent reconnaître comme étant es des leurs.
Sur un signe de Julien tous les pirates se précipitèrent par la grande porte sous l'oeil impavide des deux gardes. La voie était libre, et deux heures devaient encore se passer avant que les gardes fussent relevées. .
Ils montèrent le vaste escalier de marbre. La vue de tant de luxe constitué de tapis, de tableaux accrochés au mur confondait les pirates. Et ce n'est pas sans un certain respect craintif, les yeux admiratifs aux aguets, qu'ils foulaient le sol du palais.
"Quoi, tant de beauté et de richesse pour un seul homme " pensa Julien. " Alors qu'à ses côtés des milliers croupissent dans la plus noire misère ?
Julien après s'être dirigé sans erreur dans les couloirs comme s'il les avait déjà parcouru s'arrêta devant une porte basse bardée d'une lourde serrure, et, la désignant du doigt , il déclara : " Ce doit être ici" .
Un pirate expert dans l'Art de la serrurerie, dont il avait dû acquérir les finesses à l'école de la Cambriole, muni d'un énorme trousseau de clés, s'acharna avec des gestes méthodiques de chirurgien, par des tâtonnements de plus en plus précis à s'emparer de l'âme le la serrure. Après quoi, celle-ci se rendit à lui sans violence.
Pendant ce temps Julien, envahi d'une grande émotion, pressentait plus même qu’il ne savait qu’Isabella vivait, derrière la cloison, sans que rien, vraiment rien, ne puisse l’en avertir.
Dès que la porte s'ouvrit, il bondit comme un dément â l'intérieur de la chambre.
Assise sur son lit, éclairée par des chandelles, gracieusement vêtue, Isabella lui apparut telle qu'il la voyait dans son imagination, ravie et apeurée tout à la fois. Elle était littéralement ravissante avec ses longs cheveux noirs et son fin visage aux proportions délicates. Un air mutin et espiègle le tout à la fois se jouait sur sa peau et dans ses yeux noirs passaient des reflets de minéraux rares et translucides.
Après un bref instant d'hésitation, elle se jeta dans ses bras; posant sa tête sur l'épaule de Julien, comme pour dissimuler son trouble.
- Je t'attendais, lui murmura-t-elle à l'oreille.
- Depuis combien de temps ?
- Depuis des siècles.
Et il ne doutât pas que ce fut vrai.
Tapant sur l’épaule de Julien " Gueule d’or " le ramena à une plus claire perception des circonstances.
"Partons avant que l'alerte ne soit donnée" dit Julien "
« - N'oublions pas de délivrer les prisonniers " prononça une voix anonyme.
En effet Julien n'y pensait déjà plus.
" Sais-tu ou ils se trouvent? Veux-tu nous aider`" demanda le Capitaine du " Téméraire" à la fille du Gouverneur.
" Ils sont en bas " dit-elle en pointant l'index vers le sol. Et elle ajouta: " Je t'aiderais à les délivrer. »
Le prenant par la main, elle le conduisit aux travers du dédale des couloirs et des escaliers, dans les sous-sols où par un passage on accédait directement à la prison.
Le serrurier de la, Flibuste eu encore une fois vite lait de vaincre ce nouveau mécanisme.
« Es tu un suppôt de Satan, Diable d’homme » déclara quelqu’un.
Un groupe de pirate en éclaireur et réduisit rapidement les quelques gardes somnolant qui se trouvaient être de service.
Julien était pendant ce temps resté en arrière avec le gros de la troupe pour que ne soit point exposé Isabella qu'il avait rejoint avec tant de peine.
" La route est libre" vint leur dire un officier.
Les prisonniers, hors de leur cellule dé jà, étaient en liesse lorsqu'ils entrèrent dans les geôles. Ils firent une ovation indescriptible à julien et à Isabella.
Julien découvrit avec stupeur les conditions de détention effroyables de ses camarades. Ce n'était que des cages étroites sans lumière et sans air, dont l'atmosphère était chargée d’une humidité qui vous envahissait jusqu'à l'os,. Certains, emprisonnés depuis quelques années, quoique jeunes encore, étaient devenus des vieillards voûtés et aux cheveux blancs. C'est presque en pleurant qu'ils reconnaissaient leurs amis et que ceux-ci les reconnaissaient.
Les yeux étonnés d'Isabella lui révélaient un monde souterrain inconnu qui étonnait son éducation raffinée.
« Ils sentent mauvais " dit-elle en plissant avec dégoût son petit nez offusqué.
« C'est que votre père ne leur fait donner ni bains ni habits propres, et qu'il omet sans doute de leur fournir des parfums. "
Elle baissa la tête comme un enfant, touchée par la prise de
conscience de ce qu'elle avait prononcée une sottise avec inconséquence.
« il faut fuir maintenant » ordonna Julien, « et vite », il existe un souterrain, long de plusieurs kilomètres qui donne dans la campagne, au delà- des remparts de la ville » déclara Isabella : «Et je vais te montrer le chemin »
Les prisonniers avaient entendu parler eux aussi de ce souterrain creusé autrefois par leurs prédécesseurs dans des conditions terribles. Ceux-ci avaient participé à la construction et qui n'étaient pas morts, avaient tués une fois celle-ci achevée, pour ne point en révéler le secret.
Ils revinrent sur leurs pas, retournèrent dans le palais; furent conduit dans le bureau du Gouverneur où Isabella poussa rayon d'une bibliothèque découvrant ainsi une porte dont elle possédait une clé et qui donnait accès au souterrain secret.
« C’est l’entrée de la Liberté » dit en souriant Isabella
Les prisonniers étaient médusés par l'apparente facilité de leur fuite.
" Quoi, ils n’aurait pas a combattre pour défendre leur vie! »
La course dans les ténèbres du souterrain était saisissante.
la lueur de torches, l'étrange mélopée du bruit sourd des pas donnaient l'impression d'être au tréfonds du monde .
Bientôt dans le lointain une petite lanière annonciatrice d'une autre vie pleine de couleurs, de voix, de bruits, et ou l'amour existait enfin.
Ils parvinrent à l'air libre : l'aube commençait à se lever, et, tous, particulièrement les anciens prisonniers, plissaient les yeux éblouis jusqu'au fond de l'être par le soleil naissant.
"Quelle belle journée " susurra Isabella comme si elle redécouvrait et l'air et le ciel et la 1umièree et la mer.
Après ce bref instant de rêverie, elle revient à des considérations plus pratiques, « Mon cheval se trouve dans une ferme à deux pas d'ici. En quelques minutes il devrait être sellé et nous pourrons alors fuir vers ton bateau. »
La détermination le la jeune fille de partir avec lui impressionna Julien, et aussi le fait qu'apparemment, elle _n’avait jamais douté qu’il viendrait la délivrer.
En effet, quelques instants plus tard, Isabella parlementait avec un fermier qui lui fit beaucoup de courbettes, et elle récupéra son cheval blanc d'une rare beauté, et qui ce nommait " El Fuego » : le feu. Le cheval et la fille parurent fort heureux de se retrouver et elle embrassa même avec une grande effusion.
Ce fut une fantastique promenade dans les clarté de l'aube prometteuse.
Isabella reposait doucement sur les bras de julien.
Tous deux étaient bercés par le galop du cheval qui semblait courir comme s'il était une sorte d'esprit incarné dans un cheval. Une légère sudation révélait le parfum encore enfantin du corps d’Isabella à Julien, tandis que son corsage entr'ouvert laissait voir son sein rond qui palpitait conne un oiseau.
L’écoulement du temps n'avait plus aucun sens. Ils baignaient dans une éternité trop brève. Tantôt El Fuego galopait le long de la piste l’écume de la mer venant toucher la pointe de ses sabots.
« C’est encore moi » dit, avec un aire de connivence, le Borgne qui les attendaient dans une barque au point convenu de ralliement.
Et ils regagnèrent le « Téméraire »
Le Téméraire (8) - Le blog de Michel Dubat
LE RETOUR A peine Julien et Isabella furent-t-ils monté à bord que le " Téméraire " apparell1a. Aussitôt la brise se leva emporta hors de la rade. Julien avait fait parer sa cabine des plus be...
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Sardonica (23 et Fin)
Elle m'attendait bien à la place habituelle, sous les feuilles où dansaient des paillettes dorées. Mais elle ne courut pas au devant de moi, se contentant de me contempler gravement. Mais je crus lire cependant mus son air sévère le vif désir de me revoir et la satisfaction de me savoir encore vivant après tant d'aventures périlleuses.
Je décidai de la faire un peu souffrir et me dominant je m'avançai tout naturellement.
« Te voilà, cruel ! » me dit-elle abandonnant d'un coup toute sa feinte assurance. Je me précipitai vers elle, et nous fondîmes alors tout deux. Et nous nous bisâmes et nous nous touchâmes,
Et nous pleurâmes dans les- bras l'un de l'autre, faibles comme deus enfants et cela nous était doux...
Elle me fit raconter les pérípétíes dont j'avais fierté et dégoût tout à 1a fois. Mais elle ne se lassait pas de m'interroger et encore et encore et après que c'est-í1 passé ?....
EST-ce celà tout ?... , Tu me caches quelque chose...
Elle ne me fit grâce d'aucun détail. Au sujet de la Comtesse je dus tout lui avouer. Elle n'en voulut moins que je l'aurais pu croire. « Cela devait arriver » me dit-elle, « Nul homme n'aurait pu y échapper. »
Sa robuste sagesse paysanne me fit du bien, peut-être aussi était-ce 1a longue séparation qui l'empêchait de me gronder. Mais elle était prête à tout me pardonner des chosés que je lui pouvais révéler.... Aussi voulant me libérer auprès d'elle, et de moí-même je lui parlai des atrocités dont j'avais été témoin, et que j'avais laissé faire.
Elle me regarda avec une compassion intense. « C'est métier de soldat depuis tous temps » me dit-elle. « Et c'est faute de la guerre, faute des hommes aussi bien sûr qui dès qu'ils vinrent sur terre ne pensèrent qu'à en découdre pour sols, richesses, femmes, pour tout ce dont on peut être jaloux et rêver possession. Mais toi tu es gentil et tu te repend.... » ajouta-t-elle en se jetant à nouveau dans mes bras avec un abandon volontaire.
Et elle se mít à me regarder d'ur drôle d'air. Je compris ce qu'elle voulait et ce que j'avais à faire ; et je compris que le moment en était venu. Sous 1a lumière dorée comme fruit de mirabelle, j'ouvrís son corsage et touchai 1a fleur de son sein.
Nous noue regardâmes gravement, comme si nous devions franchír la porte interdite. Je suçai son téton comme enfant suce celui de sa mère, avec dévotion et appétit, comptant s'y nourrir du suc de la vie. Elle ne résistait pas à mes caresses, mais ne s’y complaisait point trop cepenndant me laissant faire tout au plus avec un détachement serein.
« J'avais apporté du vin » me dit-elle en m'arrêtant soudain.
Et elle tira de dessous des cailloux une gourde de peau.
« Je n'avais pas besoin de vin pour étre ívre. » Répliquais-je. Je lui en offrit une gorgée qu’elle tata avidemnent comme un jeune agnelet. Je bus une autre gorgée. Et nous mélangions dans nos bouches nos vins, nos haleines et nos langues avec éblouissement et appétit. Ses yeux brillaient avec éclat de bonheur et de sensualité.
J'arrosai ses seins du liquide de 1a gourde qui s'écoulait par saccades et je 1e léchai goulument. Je 1a mís bientôt complètement nue. Je revois encore sa peau jouant dans 1a lumière tandis qu'elle allait au devant de moí avec une détermination émue. Nos coeurs battaient et 1a fièvre montait de nos corps. Je 1a pris contre moí, tremblante, et 1a couchai doucement sur 1a mousse et les herbes. Le parfum qui montait d'elle était comme odeur rare d'épices d'isles sous 1e vent. Elle laissa voir au creux de ses cuisses amples son charmant petit jardinet qui y reposait doucettement. Et je 1a pénétrai alors qu'elle poussait de petits cris effrayés comme en poussent parfois les oiseaux surpris.
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Nous nous re1evâmes contents et émus. « Voilà quí est fait ! » m » dit-elle en me regardant tranquillement; 1e visage un peu rosí par 1e trouble et l'effort. « Nous devrions partir » ajouta-t-elle.
« Plus nous restons, plus celà devient difficile ! »
Oui nous aurions du fuir alors, et je 1e savais. Mais je n'arrivais point à me décider. En avais je 1a force et 1e courage d'ailleurs ?
Partir pour faire quoi ? Je ne pouvais guère retourner dans 1'Eglise et quel métier d'autre pouvais-je exercer ? On ne m'avaít appris qu'à: ecríre et à prier dans les couvents.
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Mes fonctions au Palais n'avaient pas cessé de croitre en importance depuis cette guerre et par mon rapprochement avec Sardonica que chacun pressentait et par 1e développement des possessions de 1a Comtesse. En effet les territoires conquis avaient vu 1e meurtre de leurs détenteurs (lorsqu’ils n'étaient point morts à 1a guerre) et leur remplacement par des hommes surs de Sardonica. Et ce n'était qu'échanges de messages entre 1a Comtesse et ses envoyés. Comme une araignée elle tissait peu à peu sa toile et au centre en surveillait tous les fils. De ce fait je devenais un des principaux personnages du royaume. Même mes amis officiers du temps d'avant me fuyaient lorsqu'ils me rencontraient tout en étant fort aimable avec moi, comme mus par une sorte de déférence respectueuse et craintive.
Moí et 1a Comtesse faisions souvent l'amour et y prenions toujours autant de plaisir. Celà aurait pu continuer ainsi bien longtemps si un évenement n'avait changé 1e cours de ma destinée. Sans penser à sa sécurité, un soir Sonia s'engouffra dans ma chambre et me déclara à brule-pourpoint avec un air mystérieux qu'elle avait quelque chose d'important pour nous à me déclarer.
Je crus deviner...
« Tu m'as fait un enfant ! » lacha-t-el1e à 1a fois radieuse et repentante. « En es-tu súre au moins ? » répliquais-je. Elle m'assura que oui, me déclara qu'elle avait consulté une matrone renommée au Palais pour ses talents de metteuse au monde d'enfants et m'indiqua les symptomes qu'elle présentait. Celà ne me semblait pas douteux.
« En veut-tu aux moins ? » pousuívít-elle.
« Si tu n'en veux pas, 1a matrone pourra me donner des herbes sauvages pour essayer de faire passer ma faute d'amour. »
Je lui répondis que je voulais garder cet enfant de moí et d'elle. Et que si « faute » il y avait, nous avions été deux pour la faire et y avions mis chacun un beaucoup d'ardeur ; et que pour moí je n'avais nulle remord. Ce petit être pas encore né me donna du courage pour envisager enfin ce dont nous parlions depuis si longtemps.
« Nous fuirons tous deux ce soi r » dis-je. Et je lui demandais de m'attendre au-delà des fortifications au coucher du soleil. J'ajoutai que je viendrais seulement avec mon cheval.
Je ne pouvais amener une autre monture pour Sonia car alors je ne manquerais pas d'attirer 1'attention des soldats de garde en passant sous leur barbe avec un coursier sellé et bridé sans cavalier. Ils pourraient avertir la Comtesse qui comprendrait tout de suite de quoi il s'agissaot.
«Je fairais ce que tu voudras »" me répondit Sonia soumise.
Tandis que le soir tombait, sans bruit, je harnachai mon cheval blanc que m'avaít donné Sardonica. Il me sembla à son air qu'il comprenait ce que j'attendais de lui et l'importance que celà avait pour moí. Je remplis deux sacoches de plus de provisons que je pus pour pouvoir tenir quelques temps apres notre fuite et je sortis le plus naturellement du monde par 1a porte Ouest au petit trot. Les sentinelles ne semblaient se douter de ríen et se contentèrent de me présenter les armes pensant sans doute que je faisais une tournée d'inspection.
Je retrouvai Sonia à l'endroit convenu, dans un petit bosquet d'arbres, sous son fichu un peu apeurée, mais cependant très courageuse. Nous nous embrassames très tendrement, sachant bien qu' i1 ne faudrait point trop nous attarder. La nuit graduellement montaít comme une mer. Je venais de me détacher de Sonia...Ces secondes semblaient et me semblent encore aujourd'hui avoir une durée particulière. Le soleil rougeoyait à l'horizon, mourant en pleine beauté. Tout était calme, plus loin sur son sommet devenu sombre 1e château dd Sardonica ne paraissait presque plus être qu'un mauvais souvenir sortí d'un cauchemard.
Puís i1 y eut l'explosion et l'éclair. Un ECLAIR formidable qui me traversa la Vue et me déchira le cerveau. Et un instant le château explosa et fut projeté en l'air par une force interne formidable. Le sol gronda et trembla. Un souffle brulant me traveresa de part en part. Je fus plaqué par terre par une main puissante et sombrai dans l'inconscience. Je crus cependant me souvenir par 1a suite que je me jetai sur Sonia pour tenter de 1a protéger.
Je ne me rappelle ríen d'autre. Tout ce que je peux raconter maintenant sur ces évènements n'est que ce que m'ont dit des paysans qui nous trouvèrent ensuite et les moines et les soeurs à qui nous furent confiés ; moí aux moines, elle aux soeurs.
Les paysans auraient entendu aussitôt après l'explosion le formidable cri d'un animal -blessé et vu presqu'en méme temps 1a gigantesque ombre d'une panthère apparaissant au milieu du sinistre. Ils auraient même entendu 1a galopade de cet animal fantôme fuyant pour on ne sait où.
Les religíeuses soignèrent Sonia avec dévouement. Son visage et son corps avaient été pourris intérieurement par les terribles émanations de l'explosion de ce que je pense être du "minerais rayonnant" à 1a suite d'une expérience ayant mal tourné. Il parait qu'elle était réellement horrible à voir. Elle mít au monde un petit monstre noir comme du charbon, couvert de poils,avec déjà une geule pleine de dents, qui fut abattu aussitôt à coupe de bâtons par les femmes qui participèrent à l'accouchement.
Je ne revis pas Sonia avant qu'elle ne meurre. Ce fut peut-être mieux ainsi pour elle et pour moi. Ainsi je garde en mon coeur le souvenir de ce qu'elle était la première fois que je 1a vis fraiche et belle au détour du corridor. Et je mourrais avec cette image.
Moi-même, vieux moine, j'ai été complètement défiguré par l'explosion et je reste ici caché, à l'abri des hommes, auprès des frères du couvent. Je ne souhaite pas être plait, mais désire supporter courageusement mon destin. Certes j'ai eu plusieurs fois aux moments de désespoir l'envie d'attenter à ma vie ; mais qui ne le comprendrait ?
Chaque jour, dans ce manuscrit de Ste Véronica, je peins mes mémoires dissimulées dans 1e texte où peut-être un jour un observateur sagace ou chanceux les découvrira. Je lui laisse 1e soin d'en décider l'utilisation. Qu'i1 soit prudent cependant dans ses révélations. Ce récit pourrait répandre des conséquences funestes qu' i1 ne soupçonne peut-être pas !
Souvent moi-même j'ai peur lorsque j'écris. Je me demande si on me laissera impunément continuer, si ceux qui savent ne vont pas stopper mon ouvrage et empêcher que ce que j'ai connu n’accède aux générations futures.... J'ai peur. Parfois í1 me semble entendre des pas souples et nerveux tout à 1a fois comme ceux que je connaissais si bien des panthères, derrière 1a porte. Peut-être est-ce que je deviens fou et que ma tête éclate après tant et tant d'épreuves, plus que je ne pouvais en supporter ? Non, cette fois, ces pas dans le corridor, on vient : 1a bête immonde, avec sa gueule, son souffle chaud et ses griffes, et ce regard terr.........................
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Ici s'arrête 1e récit du moine Maroff. La dernière page du manuscrit était à demi lacérée par ce que l'on pouvait prendre pour des coups de griffes énormes et comportait même l'empreinte d'une patte de panthère géante dans du sang noirci et séché par les ans.
Ce sont mes dernières notes....
Je referme donc mon calepin noir de voyage.
Octobre de 1'A mil neuf cent soixante-dix-huit....
John BRISTOL.
J. B
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SARDONICA (22)
Je me rendis à la parade militaire qui devait avoir lieu, meurtri, douloureux de partout. Ce fut mon laquais qui m'aida à monter sur mon cheval. Livré à mes propres forces, je n'y fus sans doute jamais parvenu. Mes amis officiers me regardaient d'un oeil goguenard qui me rendit furieux. Aussi je fis grand effort pour me tenir à cheval correctement quoiqu'il m'en coûtât.
Sardonica, elle, était à la place d'honneur et rien dans son comportement ne trahissait ce qui venait de se passer entre nous. Elle avait revêtu sa tenue de grand apparat et seule la satisfaction de la victoire apparaissait sur son visage et dans son air.
On avait rassemblé sur ce forum: fameux de la ville les survivants de la bataille. I1 fallait voir leur air pitoyable, et la grande misère qui se dégageait d'eux...
Je compris ce que l’on allait faire, après un moment. En effet un cheminement avait été ménagé entre les troupes pour monter jusqu'à une sorte de tour d'angle. Et auprès de cette tour d'angle se tenait quelques guerriers vigoureux que je connaissais bien pour faire les plus sales besognes de la Comtesse.
Après le discours d'usage qui s'imposait pour féliciter les artisans de la victoire, on entendit un affreux bruit de tambour, et l'on fit défiler tous les hommes valides de la ville ; ceux qui avaient pris les armes contre nous, je pense, en direction du fortin. Et le premier y étant parvenu, 1e bourraux de la Comtesse le poussèrent dans le vide. On n' ouit rien que le temps qui passait et un petit bruit fade en fin de chute.
Les autres condamnés ne voulurent plus bouger, et i1 fallut les pousser à coup de piques dans les reins pour qu'ils avancent.
Et un à un ils furent basculés dans le vide devant le reste de la population qui comprenait et leur femme et leurs enfants, si ils étaient encore en vie.
Après quoi Sardonica fit connaître ses décisions : les femmes et les enfants valides seraient emmenés en esclavage, les vieillards et les infirmes seraient abandonnés sur place. Cette perle de l’Orient avec ses bibliothèques et ses palais que les plus grands artistes avaient crés et décorés, devait disparaître complètement.
Je compris qu'il était inutile d'a11er discuter avec Sardonica elle serait inflexible. Du moins c'est ce que je prétends, car je n'essayai même pas.
L'armée se retira de la ville, et des foyers d'incendie furent allumés en différents endroits. Attisé par un vent sec soufflant du désert, 1e feu prit bientôt une très grande vigueur et se mit à tout dévorer, avec un appétit croissant. Plus i1 mangeait plus i1 grandissait, et plus il grandissait plus il avait faim. Des nuées de cendres s'abattaient sur nous. Puís seigneur Feu diminua, eut des spasmes et mourrut.
La chaleur infernale de 1a combustion fit surgir de tous les trous des bandee innombrables de rats qui se réunirent en une longue colonne, comme l'eau sourdrant des mille cavités de la montagne forme bientôt un torrent.
Abominables créatures souterraines se nourrissant de tous les déchets et se reproduisant dans 1a fange avec rapidité !
Les soldats les moins peureux, aguerrís par les campagnes frissonaient devant ce flot et s'écartaient craintivement. L'un d'entre eux fut surpris par cette arrivée soudaine et glacé d'épouvante ne trouva pas la force de fuir. Il fût, sans que 1e fleuve vivant s'arreta un seul instant d'avancer, dépeçé, dissous, et il disparut sans laisser de trace, corps et vêtements...
Lorsque 1e brasier fut refroidi, on commenca 1e démantellement de 1a ville avec un acharnement incroyable. Quoiqu'il y eut des précédents historiques, dont parlent les vieux auteurs, je ne croyais pas qu'il fut possible d'arraser une ville. Pourtant ce fut fait.
Les éléphants bien dirigés par leurs cornacs firent merveille. I1 faillait voir ces énormes bêtes travailler avec un díscernement dont on 1es aurait pas cru capable. Et leur trompe était comme un bras sensible et doué d'intelligence, qui aidait à démolir des cités humaines bien loin de leurs aires natales.
Enfin on donna l'ordre à 1a troupe de levrer 1e camp, laissant les rescapés en piteux état méditer sur leurs morts et sur leur ville.
Sardoníca pensait que leur symbole orgeuilleux étant détruit l'ennemi n'était pas loin de l’être. Frappée au coeur 1a bête ne pourrait plus avoir que des soubresauts avant de mourrír, affreusement.
Elle avait raison. I1 n'y eut plus que de petits combats, de petites escarmouches à livrer, et de petites villes à vaincre facilement.
Mais c'était fort bonne aubaine, pour la soldatesque qui, sans risque, pouvait continuer à violer, à piller, à torturer avant que de rentrer au pays pour se ranger peut-être et y prendre femme.
Noua ne laissions que ruines, villages incendiés, douleurs derrière notre passage, comme épidémie de peste s’étendant sur 1e paysage en nappes. . . Je revois encore dans les soirs blafards les corps cloués aux portes des granges, et martyrisés.
Et je continuais à filer 1e parfait amour avec Sardonica !
Moí, hypochríte vermine, pourceau dea écuries du monde !
I1 existait plus encore qu'auparavant une muette connivence entre nous, je trouvais tout bien de ses actes, et étais engloiti par son destin.
Dans 1a journée je ne pensais qu'à 1a nuit où elle se livrerait à ses jeux délicieux mais barbares. Le matin me verrait défait mais heureux.
J'étais, le seul que jusqu'à présent elle n'avait point tué de ses propres mains ou fait tuer après le premier acte d'amour.
J'y puisais quelque fatuité, ne me rendant pas compte que si elle ne me supprimait pas, c'est que j'était sans doute 1e premier dont elle avait à ce point englouti l'âme et avec lequel elle eut trouvé des liens si ténus.
Elle était en moí, et j'étais Elle.
Me tuer moi, c'était peut-être se tuer elle !
Enfin nous retournâmes à Sardonikan qui me parut encore plus sobre et terrible que jamais. La population avait été rassemblée pour faire à Sardonica et à ses guerriers un triomphe. Mais j'avais l'impression que 1e coeur n'y était pas et que les gens préféraient nous voir au loin.
Parmi les jeunes filles qui nous jetaient des fleurs, sans grande conviction, avec des sourires las, à mon grand trouble et à son émoi qu'elle ne put contenir, Sonia, que j'avais bien oubliée. Elle ne me dit que :" bienvenue. .. " et sa petite voix se brisa comme une corde fragile ou 1e filet d'un oiseau. Et son œil me jeta un regard de muet reproche qui me toucha profondément.
Je me décidais d'aller 1a voir 1e lendemain à notre lieu de rendez-vous coutumier pour tenter de lui expliquer…
(A suivre)
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Sardonica (21)
Ensuite sans trop savoir pourquoi, je me mis à parcourir au hasard les rues de cette ville qui autrefois avait été une des lumières de la civilisation, un exemple des beautés de ce monde. Aujourd'hui elle était dévastée et peuplée seulement d'une petite partie de ses habitants qui tentaient de fuir les soudards ivres.
Je ne rendais peut-être pas bien compte du danger, car j'aurais pu nourrir cent fois, victime des coups qu'échangeaient les guerriers aux portes des tavernes, ou de ceux d'un ennemi encore embusqué et voulant tuer de ses conquérants haïs le plus qu'il pourrait. .. .
J'aurais pu nourrir sous la dent des chiens. En effet des bandes de molosses livrés à eux-mêmes hantaient les ruines, comme des loups affamés à la recherche de cadavres qu'ils dépeçaient férocement en se disputant les meilleurs morceaux avec hargne. Il arrivait que leur victime n'était point encore entièrement morte, tandis qu'ils déchiquetaient ses chairs avec des bruits de mâchoires.
L'un de ces détrousseurs vint même jusqu'à moi, en me regardant dans les yeux. Il me suivit quelques instants, comme si i1 voulait ne narguer, me donna un coup de museau sur la cuisse, peut-être amical, peut-être agressif, je ne sais. Puis voyant que je restais calmes, i1 disparut soudain, rejoignant sa meute.
Mais je n'avais pas peur, pensant peut-être inconsciemment que j'étais protégé par le halo de la Comtesse ou bien ne craignant plus rien de la mort, baignant dans une espèce d'atonie bizarre et d'ivresse particulière.
Amère réflexion que je fis sur le Destin dans cette nuit claire de pleine lune, martelant de mes pas sonores le sol luisant du pavé. Le Pouvoir était aux mains des barbares destructeurs et tous les penseurs du monde n'y pouvaient rien.
Belle cependant était la nuit et ses mystères, et douce à mon coeur. Elle avait toujours été ma compagne des mauvais jours, adoucissant mes plaies. Et i1 me plut à rêver ce que serait pareille nuit avec Sonia en d'autres temps, nous promenant main dans la main sous les clartés laiteuses du ciel, son visage contre le mien, sa bouche contre ma joue et sa voix tantôt tendre tantôt doucement ironique à mon oreille. Je me demandais aussi ce qu'elle était en train de faire et ce ã quoi elle pensait en cet instant, ma douce fiancée.
Je traversais ce paysage baroque, comme en un rêve éveillé, au milieu des décombres et des morts entassés.
L'arrivée du petit matin me désola, je ne saís pourquoi.
Alors je rentrai aux anciens appartements des seigneurs du lieu. Nous nous les étions appropriés en vertu du vieux droit de 1a guerre, le droit du plus fort, qui est en fait 1e Droit fondamental. J'interrogeai l'un des gardes au sujet de l'emplacement de ma chambre.
I1 avait un de je ne saís quoi de narquois dans l'expression en me désignant celui-ci, qui ne me plut guère. Pour un peu j'auraís sorti mon poignard de sa gaine et j'aurais frappé.
Aussítôt introduit dans une vaste chambre qui de par ses dimensions et son apparat devait etre celle de Sardonica, je compris bientôt de quelles allusions il s'agissait et je ne pus qu'en reconnaitre la légitimité. Seule une couchette d'étoffe luxueuse avait été míse 1à pour me servir de lit ou plutôt pour 1e faire croire.
Je me jetai sur се coussin sans nul doute peu fait pour y dormir. Et je fis semblant de m'assoupir alors qu'une secrète terreur mêlée d'un curieux bonheur faisait battre 1e sang à mes tempes.
O j'allais enfin connaìtre l'amour avec Celle que je désirais le plus...
Sardonica arriva quelques instants après apparemment fort excitée et recrue de fatigues. La journée avait été rude et celle de demain le serait sans doute encore. ...
Elle ne parut pas jeter un regard au corps du jeune homme effondré, tout a à ses préoccupations et se jeta elle aussi sur son lit, entièrement vêtue. Sans en avoir l'air j’observais tous ses gestes et écoutais tous les craquements que ses déplacements communiquaient à 1a couche.
Mais quelque chose semblait lui manquer, car elle se retournait en tous sens sans pouvoir trouver 1e sommeil.
« Dora-tu ? » me demanda-t-elle soudain.
J'ouvris grand les yeux.
« Non, je faisais semblant. »
- « Tu n'as sans doute jamais été avec femelle dans ton couvent ? »
- « Non jamais. Et de plus avec vous.... »
Je ne terminai pas ma phrase, ne voulant pas lui avouer que par certains aspect, elle m’effrayait.
-« N'ai pas peur, viens auprès de moi » me dit-elle d'une voix langoureuse. J'avais envíe d'y bondir, mais mes muscles refusaient d'obéir.
Ce fut plus 1a soumission à mon Seigneur qui me donna la force de me rendre jusqu'à son lit que mon désir pourtant très fort de copuler avec elle.
« Laisses voir que je te touches» me dit-elle sans plus de préambule tout en me triturant et en me lèchant à petits coups de langue comme pour me goûter.
J'étais dans le ravissenemt et 1e comble de l'horreur et je n’osais trop rien faire, pas plus que je n'avais envíe de lui résister. Elle ota ses lourdes peaux pour apparaître revêtue d'une mince soie.
Puis pris par l'enchantement je me mis moi aussi à devenir actif aux jeux de l'amour, et à y prendre grand plaisir, en oubliant le reste. J'aimais à caresser ses formes fermes et douces tout à 1a fois. E11e résistait avec science à mes entreprises tímide pour découvrir ses seins magnífiques que j'avais souvent imaginés, ou parfois aux hasards de ses gestes entrevus.
Elle fit glisser lentement sa soie qui crissait sous ses oncles.
« Ne sois point si impatient, i1 ne suffit pas d'arriver à 1a ville, i1 y a tout 1e voyage. »
Et elle menaít 1a lutte de ses mains expertes, tendre et cruelle à 1a fois, griffant ou donnant un coup de dent, puis carressanit et suçant pour atténuer 1a blessure. Et, ses grands yeux pleins de lumières chatoyantes, baignés d'une certaine tendresse, se remplissaient de moí, et me remplissaient d'eux.
Son âcre parfum exacerbé par 1a chaleur de son corps montait en mois par vagues entêtantes et me remplissait comme une mer.
« Viens maintenant ! » me dit-elle haletante, sa bouche contre la mienne. Et elle écarta ses cuisses où je pénétrais avec une ardeur maladroite et d'où sortait un parfum encore plus sauvage que celui qui flottait sur sa peau.
Je me rappelle de notre allètement à l'unissson, et pour finir des petits cris de jouissance qu'elle poussa; puis celà se transforma en une sorte de rite sauvage et animal tandis que sa queue redevenue vívante tentait de se contorsionner de bonheur.
O l'avoir sous moi ainsi ! Moment d'indicible bonheur !
Il était grand jour, le soleil brûlait déjà la terre, lorsque nous rompîmes notre étreinte.
(A suivre)
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SARDONICA (20)
I1 me souvient si fort de ce passé mort que je me demande si je ne 1e vis pas encore réellement.
Le temps était lourd et 1a chaleur épaisse. On suait sous les uniformes et les cuirasses. Les escouades de cette armée étaient frémissantes comme autant de meutes de chiens pretes à 1a curée : 1e bestialisme qui sommeillait en l'homme ne pouvait plus se dissimuler.
On amena couchées les tours de bois, tirées par des groupes de chevaux, aux pieds des murs. Et on dressa soudainement ces constructions en l'air. Aussitôt, de leurs sommets, des archers bandèrent leurs arcs et tirèrent des volées de flèches, tandís que des catapultes bombardaient 1a place aux moyens de projectiles de toutes natures, tous plus abominables les uns que les autres.
0n conduit à l'une des énormes portes quelques éléphants qui arnachés à un énorme bélier se mirent sur les étranges injouctions de leurs conducteurs à enfoncer les lourds battants. Puissants et intelligents animaux í1 y parvinrent irrésistiblement malgré les nombreux traits piqués dans leur peau qui les rendaient plus furieux qu'ils ne les arrêtaient, et dont ils tentaient de se débarrasser comme si il s'agissait de tiques.
Aussitôt notre armée s'engouffra dans cette brèche comme 1e sang jallit d'une veine perforée. Les assaillis, tant bien que mal tentèrent de se regrouper et d'empêcher l'entrée de nos soldats en se battant sauvagement au corps à corps.
Ils ne 1e purent.
Et ce fut une lente progression à trayers les fortifications qui s'effectua avec son affreux carnage tandis que nos adversaires se défendaient pas à pas sachant bien que de toutes façons les troupes de Sardonica ne feraient pas de quartier et qu'au bout du compte i1 n'y avait que 1a mort qui les attendait en grimaçant.
Cette bataille dans 1e crépuscule qui noircissait de plus en plus avait quelques chose de saisissant : 1e hennissement des chevaux nerveux, 1a brillance des métaux, cette rumeur sourde et chaude à nulle autre pareille. Et pendant que se jouait 1a vaste scène, une sinistre musique l'accompagnait : celle des cris des blessés sur des tons divers, continuellent. Ces cris sont encore ea moi et me font encore frémir aujourd'hui.
Quand une bonne partie de 1a troupe eut pénétré dans 1a ville, Sardonica, sa Garde personnelle et sa suite ( dont je faisais partie ) entrèrent à leur tour. La Cité nous a apparut comme aussi immense et riche qu'on nous l'avait décrite auparavant.
Cependant ça et 1à 1e combat se poursuivait encore. Mais on voyait bien que l'ennemi était irrémédiablement défait, quoiqu'il réussissait tant híen que mal à se cramponner à quelques derniers bastions, faisant encore quelque illusion sur ses capacités de résistance et luttant avec l'énergie du désespoir....
Annonçée à sons de trompette par des héraults chatoyants, l'apparition de Sardonica, entourée par ses panthères excítées par l'odeur de 1a chair et du sang, prêtes à bondir, avait quelque chose d'extraordinaire et de superbe à la fois. Et les gens de la ville encore vivants écarquillaient les yeux de voir s’avancer pareil soleil noir semant 1a mort, sa lourde épée à lame brillante à 1a main...
Soudain un groupe de guerriers faisant írruptíon du recoin d'une ruelle, se rua sur nous en poussant d'horribles cris de guerre. Ils réussirent à briser 1e cercle de 1a Garde personnelle de 1a Comtesse et furent bientôt sur moi et sur Sardonica.
Nous fises face seuls à nos ennemis pendant de brefs instants qui me semblèrent pourtant ne jamais devoir finir. Les panthères appelées par leur maitresse qui ne leur parlait pas, mais poussait des plaintes rauques comme celles de ces bêtes revinrent rapidement et sautèrent et sur les chevaux et sur les cavaliers, déchiquetant les plus proches de leurs griffes et de leurs dents en poussant des hurlements.
« Braves créature ! » dit Sardonica, satisfaite de ses féales. Puis 1a Garde ayant réussi à se reformer encercla nos assaillants et mít rapidement en pièces ceux qui restaient encore en vie.
Quoique couverts d'éclaboussures de sang nous nous n’avions aucune blessure. J'avais conscience de m'être assez vaillamment battu pour un débutant au métier des armes. D'ailleurs Sardonica un peu plus tard me dira qu'elle était fière de moi. L'émotion qui devait se lire sur mon visage n'avait envahie et c'est un peu en balbutiant que je m'adressais aux officiers qui venaient me féliciter pour mon courage et ma présence d'esprit. Peut-être aussi qu'ils voulaient se mettre en bons termes avec un favori de 1a Comtesse dont ils pourraient avoir besoin plus tard.
Tout à coup je vis ce spectacle incroyable. Un homme à terre geignaít encore et perdait son sang en abondance. J'avaís noté 1a progressive animation des traits de Sardonica, comme à 1a chasse. Soudain n'en pouvant plus, telle une bête elle sauta à bas de sa monture et se rua sur cet homme. Et à pleines mains, 1a tête plongée dans son torse à demi entrouvert, se mit à lui dévorer les entrailles avec une délectation sauvage et une fureur extrême, alors qu'on entendait les råles horribles de la victime.
Puis à quatre pattes, elle se mit à courir en tous sens, bondissant ici, donnant là un coup de patte, tranchant ailleurs une gorge d'un coup de griffes comme avec un rasoir, se vautrant dans 1e sang avec une jouissance extrême. .. J'aurais voulu l'arrêter; mais un de mes jeunes amis officiers m'en dissuada : « dans ces moments là elle ne reconnait personne, mieux vaut la laisser faire jusqu'à ce qu'elle se calme. »
La panthère qui était en elle reprenait alors le dessus.
Puls elle s'arrêta, s'accroupit sur ses membres antérieurs avec une extrême souplesse,leva son museau et se mít à pousser des hurlements de panthère . Ce qui avait été son joli visage était métamorphosé et prenait des caractères de l'animalité. Les autres panthères se groupèrent autour d'elle en un cercle, se mirent à miauler à l'unisson en dírection du ciel, comme pour faire l'offrande d'un sacrifice religieux.
Je ne sais coabien de temps dura cet étrange office face au firmament parsemé d'étoiles et où brillait 1a pleine lune comme une souveraine impavide contemplant 1e monde. Mais je crois me souvenir cependant qu'í1 dura assez longtemps, tandis que dans les rues les combats se poursuivaient et que 1'on entendait la plainte de ceux que tourmentait et les Cris des femmes que l'on violait....
(A suivre)
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SARDONICA (19)
Nous parvînmes, avec de grandes difficultés, dans des régions de hautes montagnes où la neige brillait sur les sommets, et se maintenait dans les anfractuosités des rochers et dans les coins d'ombre.
Soudain nous vîmes arriver une petite armée dans le lointain qui semblaient se diriger vers nous. Deux où trois messagers s'en détachèrent les lances ornées de plumes blanches. Qui indiquait qu'ils voulaient parlementer avec nous. Leur chef arrivé à la hauteur des premiers soldats déclara qu'il désirait parler à la Comtesse. A ma surprise elle acquiesça.
Il avait l'air bien pauvre sous ses vêtements de guerre, rafistolés. Il s'adressa fièrement à la Comtesse. Il précisa qu'il connaissait ses desseins, à savoir conquérir le monde et le transformer en Empire satanique. Il ajouta qu'il était du devoir de tout home de combattre cette intention jusqu'à son dernier souffle.
« Mais» lui dit-elle en désignant de la main ses équipements disparates, ainsi que ceux de ses compagnons, dédaigneusement; « Croyez-vous pouvoir me vaincre avec « ça » ? ».
- Je sais que je ne peux vous vaincre, mais il est de mon devoir de vous combattre !
- « Entends-moi » dit Sardonica. « Je ne t'ai que trop écouté. Ton courage et ta folie me sont sympathiques. Retournes vers tes compagnons et fuyez ! Je ne vous ferais pas poursuivre. Il est peut être encore des coins tranquilles où tu pueras te réfugier. »
Et d'un geste de sa main, elle fit signe à sa garde de s'écarter.
« Incroyable homme ! » me prit Sardonica à témoin.
Ils rejoignirent leur maigre troupe, la haranguèrent et se dirigèrent avec elle vers nous avec l'intention de nous charger.
Nous les regardions un peu incrédule, un peu admiratifs.
Ils furent exterminés et réduits en bouillie par une infime partie de notre armée à coups de flèches et d'épées.
Et nous continuâmes notre route. L'objectif en était connu maintenant la rille du Prince d'Orféo, Paviskan. Paviskan, cité renommée pour ses beautés, ses fêtes et ses jolles femmes. Rien que ce nom éveillait chez les hommes des visions lumineuses de pillage, de viols et de lucre....
Pavískan nous apparut radieuse au petit matin, après que nous eussions fait route de nuít pour tenter surprendre ses habitants.
Le soleil levant blanchissait ses murailles d'une touche caressante et délicate, ce qui semblait constituer comme un hymne à 1a vie et à 1a beauté. L'air était bon et doux à respirer dans nos poumons. Et l'armée scintillait comme une mer que parsèment des éclats métalliques.
Aux créneaux et dans ces tours des guetteurs semblaient avertir les guerriers qui se précipitaient en désordre. Bíentôt les habitants se rendraient compte qu'ils étaient pris dans un gigantesque piège auquel ils ne sauraient échapper...
Aussitôt l'armée telle une nuée de fourmis industrieuses se mit à installer les campements á quelques distances des remparts pour etre à l'abri des jets des assaillis. Ma tente, plus petite, fut dresséé auprès de celle de Sardonica, comme un petit animal qui cherche refuge auprès de sa mère, craignant 1e monde extérieur et les coups qu'il pourrait lui porter.
Par un message, lourdé d'une pierre, que 1'on envoya par catapulte, Sardonica fit demander aux assiégés si ils voulaient se rendre. Dans 1'affirmative elle leur assurait 1a vie sauve. Dans 1e cas contraire elle leur promettait moult sévices et souffrances. Agrès quelque hésitation, par 1e même moyen, í1s répondirent qu'ils préféraient mourrir plutôt que de se livrer lâchement, et qu'ils n'avaient pas grande confiance en ses promesses.
Sardonica, furieuse, cracha dans leur direction et les injuria grossièrement.
Dès 1e lendemain des groupes de charpentiers protégés par des hommes en armes se mirent à monter de gigantesques tours en bois. Ils les confectionnaient avec des éléments que l'armée tranpsortait dans ses chariots et qui s'assemblaient aisément. Les assíéges essayaient bien de lancer des projectiles ; mais ils étaient trop loin pour faire de sérieux dégats. Tout au plus réussissaient-ils parfois ài toucher un des ouvriers affairés qui se trouvait à découvert. Aussítôt í1 était remplacé, car í1 ne fallait pas que cette mécanique de mort s'arrêtât un seul instant.
Les autres soldats vaquaient à de tranquilles activités construisaient de petites fortifications et de petits retranchements comme pour s'occuper l'esprit, cuisinaient des mêts en servant éventuellement de ce qu'ils avaient pu trouver au cours d’expédition pillardes.
I1 n'était pas dans les intentions de 1a Comtesse de tenir un siège de longue durée qui permettraítt peut-être a ses adversaires de reconstituer leurs forces et de se liguer contre elle. Mais il ne lui déplaisait pas cependant de les faire baigner dans leur jus autant par tactique que par sadisme.
Et c'est au bout de huit jours que Sardonica fit donner l'ordre de monter à l'assaut de la ville; alors que le soir commençait à tomber. 0n sait qu'elle aimait 1a nuit plus que tout et la lueur des feux. ..et ce que recèle de sentiments troubles la nuit.
« Aujourd'hui ce seront tes fiancaílles avec Bellonae et si tu te tiens bien tu seras récompensé richement » me dit-elle en me jetant un retard plein d'éclata verdâtres dont je connaissais très bien la signification. Je tremblais à cette idée au moins autant qu' à celle de me battre. Que pouvait-on éprouver à copuler avec Sardonica ? Et pouvait-on jamais s'en libérer après ?
Mais í1 fallait d'abord aller se battre et en revenir, marqué du sceau de Dieu a11er propager 1a mort au service du Malin....
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Sardonica (18)
Lorsque je me levai à l'aube, jamais je ne vis chose plus extraordinaire que cette troupe déjà en ordre dé formation, s' agitant et bruissant sous le soleil naissant.
Formidable et terrible armé, plus importante peut-être que celle d'Hannibal, avec, comme la sienne ses régiments d'éléphants encarapaçonnés de métaux luisants, armés d'éperons terribles, portant des guerriers dans une sorte de petite fortification sur leur dos. Ces éléphants devaient produire un effet de terreur sur les ennemis qui les rencontraient. Ceci pour deux raisons et par leur masse énorme, et par le fait que ces ennemis n'avaient n’avais vu pareils animaux qui vivait habituellement sous d'autres climats.
Lorsque vieux moine, je me muets à écrire ceci, ma mémoire semble se déployer en ondes, comme une eau, et les choses par vagues me redeviennent sensibles. Je revois les moindres détails de ce départ pour la guerre avec les chevaux harnachés hennissants, les âcres odeurs, les visages des guerriers farouches sachant qu'ils ne reviendraient peut-être pas de ce voyage belliqueux. Je revois même de tout jeunes gens blancs de peur sous les harnais, pour qui sans doute c'était la première expédition, trembler dans le pâle matin....
Et Sardonica fière, terrible, et les yeux luisants comme des brasiers, contemplant sans tressaillir, les traits figés, cette nuée d'hommes en campagne et ce paysage.
Puis le soleil commença à éclairer les collines ocre qui semblaient comme provenir d'un autre monde que le notre, sauvage où toute vie était brûlée.
« En avant ! » Cria Sardonica. Et l'ordre fut répercuté par les officiers, courant en un frémissement le long de l'amenée á l'arrêt, comme une onde sur une colonne vertébrale.
Le gigantesque monstre articulé s'ébranla. Lâché dans les pays í1 ne connaitrait ni sentiment ni morale, mû seulement par son ordre et sa logique intrinsèque. Gâre à ceux qui se trouveraient sur son passage !
Nous parcourumes, durant des jours et des jours les bois et les campagnes, les plateaux dénudés. Nous ne rencontrâmes plus âme qui vive dès que nous fûmes en terrain adverse ; alors que nous pouvions quelquefois trouver encore la table míse et la fumée sortant du toit. Même les animaux semblaíent fuir à l'approche de cette sauvage armée comme mus par une secrète prescience.
Cependant, parfois, dans 1e lointain, sous croyions voir des gens qui nous observaient, saus doute pour renseígner l'ennemi et des chevaux. Ils disparaissaient aussitôt que nous faisions mine de nous diriger dans leur direction.
Mais ils ne pouvaient qu'aller rendre compte à ceux qui les avaient envoyés de l'immensité de l'armée qui était en face d'eux et de 1a difficulté de 1a vaíncre.
Parfois aussi une eieílle femme était eacore 1à, assise sur une pierre dans ses vieux vêtements rapés. On l'avait laissé parcé qu'elle était une bouche inutile à nourrir et qu'elle ne pouvait plus se trainer, en pensant que sa mort ne serait que de peu avançée. Elle aussi n'était peut-être pas désespérée d'en finir avec cette víe qui ne lui avait jamais rien apporté et qui lui apportait encore moins aujourdh’ui.
Mais les cavallers passaient tranquilles en lui jetant un regard impavide. Ils n'avaient nulle intention de 1a tuer. Elle était condamné à nourrir lentement abandonnée de tous et même d'elle-même. Elle avait trop vécu 1a vieille !
Et moí, et moí? Je chevauchais au côté de Sardonica très fier d'être son clerc et ne craignant ríen qui puisse m'arriver. Nous étions entourés de ses panthères qui allaient et venaient autour de nous, montrant les dents dès qu'un inconnu d'elles essayait de s'approcher.
Je pouvais voir sur son visage sa perplexité face à cet enaemi insaissisable. Ils ne pourraient reculer indéfiniment. I1 faudrait bien qu'ils livrent bataille un jour !
Nous arrivames en vue de la première des cités fortifiée de l'ennemi, brillante sous le soleil, aggrípée avec une incroyable audace à un éperon rocheux de la montagne, au-dessus du vide. Elle avait été construite par un ancêtre pillard du Baron de Stabilian sans doute pour mieux détrousser les voyageurs et les pèlerins.
Je fis part à la Comtesse -non sans quelque naïveté peut-être- de la grande difficulté d'enlever ce nid d'aigle, ce qui cependant s'avérait indispensable, car il contrôlait une des rares routes d'accès aux terres de nos adversaires.
« Nous avons déjà fait le nécessaire » me dit-elle un peu narquoise. Et la colonie continua d'avancer sans qu'apparemment celà entraîna quelque réaction visible des habitants de la forteresse.
Chose curieuse, les lourdes portes étaient grandes ouvertes et les deus sentinelles censées les garder semblaient etre écroulées dans un coin. Tandis que nous approchions au petit trot, mon cheval frissonnait d'inquiétude. La tenue de ces deux guerriers paraissait à peu près intacte, mais leurs visages sous les casques semblaient dévastés et les mouches et la vermine se disputaient leurs yeux, seule chose qui apparaissait encore quasiment vivante.
« Ne les touches pas ! » me cria Sardonica. Je n'en éprouvais aucune envie. Ils étaient pétrifiés là, les armes à leurs cités, vaincus sans combattre par un ennemi qu'ils n'avaient pas vu venir.
Nous pénétrâmes craintivement dans la Cité. Tout n'était que silence morne et dévastation. Ça et là des corps surpris dans les positions les plus diverses, en putréfaction, rongés. On en trouvait même dans les échoppes, au milieu des marchandises qui pourrissaient.
On pouvait se rendre compte à leurs attitudes qu'ils avaient tenté d'échapper à la mort, et qu'au-delà de la vie ils criaient encore leurs dégoûts de la mort. Une puanteur effroyable, à faire fuir un porc emplissait ces lieux.
Par vagues les soldats entraient à l'intérieur de l'enceinte et la stupéfaction et l'incrédulité se lisaient aussitôt sur leurs visages...
Soudain, sorti d'on ne sait où, apparut 1a seule personne encore vivante du Fort, aussítôt entourée par un cercle de spectateurs surpris et curieux d'en savoir plus. C'était un bon gros marchand que j'avais déjà rencontré au Palais de Sardonica. Il y venait parfois vendre des étoffes chatoyantes, venues par caravanes de 1'Oríent lointain, aux Dames nobles et aux riches bourgeoises. --- Gonflé comme une outre de vin, i1 était curieusement emballé dans une tenue bouffante décorée de riches motifs.
I1 salua Sardonica avec une dévotion un peu outrée. Elle 1e regardait de ses yeux verts où jouaient légèrement et le mépris et l'ironie. Je coimnençais à comprendre 1e rôle de cet immonde personnage. ...
« J'aí fait ce qu'il avait été convenu. » dít-í1, «J'aí empoisonné les puits la nuít lorsque tout 1e monde dormait»
« Tu seras payée » rétorqua-t--elle, « ne crains rien »
Elle lui fit remettre par l'un de ses commis un énorme sac d'or. I1 se perdít en remerciements tandis que ses yeux brililaient de convoitise. Elle donna un ordre sec à quelques soldats et l'on vít 1a physionomie et 1'attítude du marchand changer à vue d'oeí1. « Accrochez le à un poteau ! » et se tournant vers 1e marchand qui se cramponnait rídículeusement au sac comme un nauffragé à un morceau de bois elle ajouta: « Tu pourrras ainsi admirer ton or plus à loisir » et sans un autre regard elle le laissa là.
Nous ne trouvâmes aucun autre vivant dans 1a forteresse.
Et ayant pris bíen garde de ne rien toucher, nous repartimes au pas de nos chevaux...
(A suivre)
Published by Michel Dubat - Sardonica ou la Comtesse-Panthére (nouvelle)), Héroic Fantasy, Horreur, Fantastique, Fantasy, Hell, démons, Dark, femme panthère, comtesse
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