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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

Articles avec #gothique

 

 

Je rencontrais Sonia aussi souvent que je le pouvais; ce qui n'était pas très aisé. Car pour ce faire, il fallait, m’échapper à mes nombreuses tâches auprès de Sardonica. De plus celle-ci semblait faire preuve à mon égard d'une sorte de jalousie captatrice et dévorante. Et elle semblait multiplier les prétextes pour me garder auprès d'elle.

 

Sonia m’avait ait fait découvrir son repaire secret, sorte de petite grotte dont l'entrée était complètement dissimilée par un épais rideau d'arbrisseaux. Ceux-ci filtraient au plus chaud de l'été les rayons du soleil.

 

J'étais le premier être qu'elle avait amené en cet endroit où elle venait méditer sur sa condition. " Car " me dit-elle " jusqu'au jour où je te connus, je n'aimais tant que d'être seule. Au fond je n’éprouvais de confiance pour personne. "

 

Il fallut le croisement de nos chemins imprévu et attendu tout à la fois pour qu'elle changea sur ce point, et qu'elle crut que la vie n'était pas entièrement mauvaise. Moi aussi je me mettais à  apprécier l'espèce humaine et l'existence.

 

Nous nous tenions la main de longs moments, nous regardant amoureusement sans nous lasser. Je revois encore, comme si c'était hier, le fin ovale de son visage, sa peau sans en oublier le moindre détail, et le délié de ses mains et les quelques défauts qu'elle put avoir. Ici un grain de beauté, là une rayure de la peau, là encore une petite cicatrice qui lui restait d'une blessure de l’enfance. Je la contemple encore telle qu'elle était naguère dans sa jeunesse aimable et sérieuse tout à la fois.

 

Car Sonia, quoiqu'elle souriait fréquemment était plutôt grave. Je ne l'entendis rire que deux ou trois fois au cours du temps que nous passâmes ensemble. Même alors son beau rire clair était un peu retenu. Car elle n'aimait point trop se laisser aller à un certain relâchement. L'expérience de sa jeune mais déjà éprouvée vie lui avait appris que l'existence était chose sérieuse et qu'elle faisait chèrement payer les rares bons moments qu'elle nous donnait.

 

J'appris tout d'elle et du poids des choses. Elle était comme une sorte d'instrument qui rayonnait une délicate musique qui m'enchantait. Même ses silences pour moi étaient remplis d'harmonie et de signification.

 

Parfois, sans trop y croire, nous disions que nous fuirions ensemble et irions vivre dans un petit village rempli de clarté et de beauté simple, et que nous ne nous quitterions plus jusqu'à la mort. Bien sûr cela mous semblait bien difficile. Mais qu'importe, ces instants où nous évoquions notre vie ultérieure étaient doux et bons à nos cœurs !

 

Nous passions des heures ainsi, soit à écouter la voix intérieure de l'autre par une mystérieuse troisième oreille, sans rien dire, soit à parler.

 

Le chant et le frémissement des oiseaux qui devaient ignorer notre présence étaient les seuls bruits extérieurs à notre univers personnel.

 

Un matin je fus invité à visiter la maison des Savants. J’étais initié progressivement aux  secrets du service du Malin, qu'au fur et à mesure que j'avançais dans la confiance de la Comtesse. Je m'étais- muni de gros registres noir où j'aurais à consigner tout ce que le verrais.

 

La Maison des Savants était peut-être la partie la plus secrète du Château-Cité. Il fallait être porteur d'un insigne spécial et être accompagné du chef de la garde particulière pour pouvoir y pénétrer.

 

Sardonica était magnifiquement sanglée dans un uniforme de peau de panthère qui soulignait ses formes souples et fermes tout à la fois. Elle s'avançait à pas balancé, une chaîne d'or et de pierreries scintillante autour du cou.

 

Ne me lasserais-je jamais de la voir et son apparition me surprendrait-elle toujours autant ?

 

Elle posa sa main à griffes sur mon épaule, m'écorchant légèrement au passage. Je frissonnai à ce contact. Elle plongea son regard fascinant dans le mien.

 

« Tu es entré maintenant dans le petit groupe des officiers du Grand Prince Noir, ceux qui connaissent ses desseins et participent à son Grand Oeuvre. Si tu continue dans la voie qui t'est ouverte tu deviendra immensément riche et tu domineras le Monde à mes côtés. Cela ne te serait-il pas agréable d'être toujours auprès de moi pour me servir et pour m'adorer ?

 

Elle me jeta un regard de chatte d'une perversité à me faire fondre sur place. Puis elle me caressa le visage en me faisant un peu mal. " Je saurai te récompenser aussi d'une autre manière, et tu verras que ce n'est pas mince !  "

 

Faire acte d'amour avec la Comtesse Sardonica était bien la chose que je désirais le plus au monde. Mais c'était bien aussi la chose que je craignais le plus, car la Comtesse m'effrayait en un certain sens. De plus jamais je n'avais fait acte d'amour jusqu'à ce jour, même pas avec Sonia lorsque doucement elle me laissait dénouer son corsage, voir et toucher ses seins ronds tandis qu'elle rougissait doucement, sans rien dire, sous les arbres.

 

Nous restions de longs instants silencieux et songeurs, mais je n'osais lui poser la question qui brûlait mes lèvres. Nous attendions, un peu tendus, sachant bien qu'un jour cela arriverait tout naturellement sans que l'on puisse rien. .y faire, et nous ne pensions pas que ce serait mal.

 

(A suivre)

 

SARDONICA ou la femme panthère (k 10)

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…./…

 

Tandis que le jour régulièrement progressait sur la terre, chassant les terreurs et les mystères de la nuit nous marchâmes, moi lui tenant la main, le long des hauts remparts, heureux mais graves.

 

Nous parlâmes de nous, de notre rencontre en ce lieu,

 

Je lui dit tout de mes rapports avec Sardonica et de mon rôle auprès d'elle... Mais je ne lui avouai point que j'en étais amoureux. Encore qu'elle devait le deviner avec son bon sens, et que dans la description que je faisais de la Comtesse cela devait paraître évident.

 

Je racontais même la scène de l'autre soir entre Sardonica et ]es panthères et ce que je trouvais d'étrange à ce comportement. Sonia ouvrit des yeux ronds et entrouvrit la bouche de surprise.

 

" Sardonica n’est pas une vraie femme. Elle est, en fait née du croisement entre une femme, sa mère, et une panthère mâle, son père. Elle a donc hérité certaines ressemblances par son père de la panthère et de la femme par sa mère. Physiquement elle possède les formes de la femme tout en ayant l'attitude de la panthère. Cependant sa queue est une vraie queue, et ses mains presque des griffes.

 

«  Aussi, ne vous étonnez pas qu'elle fait l’acte d'amour avec des panthères. Elle le fait aussi parfois avec des hommes. Peut-être le savez-vous ? » ajouta-t-elle avec un petit air effronté.

 

Tout devenait clair. Mais, au fond, ne pressentais-je pas quelque chose de cette nature depuis longtemps et me refusais-je pas de voir la réalité en face, parce que cela m'arrangeait ?

 

«Tu connaissais rien de cela. ? » questionna Sonia incrédule.

" Ici personne as l'ignore, pas même les paysans. "

- N'est-ce pas une légende que son « père » était une panthère ?

- Non ! Il parcourait la contrée à cheval. Seule sa tète d'énorme chat dépassait de son armure. Avec ses hommes il ravageait le pays. Il dévorait les petits enfants tout crus. C'était sa nourriture favorite, ce qui terrorisait les familles qui avaient de jeunes rejetons.

 

... Il mangeait parfois des adultes, mais c'était beaucoup plus rare, seulement lorsque l'hiver était rude et qu'il ne trouvait plus de gibier. Les plus anciens habitants du bourg se rappellent de cela.

- Quel âge a donc Sardonica ?

- Au minimum cent ans. Car ces témoins rapporte que dans leur enfance, du vivant de son léopard de « père », Sardonica était déjà une jeune fille dont l'apparence physique était sensiblement la même qu'aujourd'hui.

 

- Cent ans d'âge ?

- Oui, on prétend qu'elle détiendrait un élixir d'éternelle jeunesse. On affirme même qu'elle ne saurait mourir.

- Et sa mère ?

- Sa mère était une femme d'une admirable beauté, plus belle qu’aucune aucune femme n’ayant jamais existé, à ce qu'on disait, blonde d'Or de cheveu et pâle de peau. Elle possédait un corps d'une admirable construction. Elle semblait peu faite pour cette terre, et n'y vécut guère d'ailleurs.

 

- Que narre-t-on encore au sujet de la famille de Sardonica ?

- On raconte que son grand-père avait fait un pacte avec le Diable par lequel il avait promis de donner sa fille en mariage à l'être que le Démon choisirait quelqu'il fut. Le rusé Satan n'avait pas précisé que ce devrait être un homme. Il lui envoya une panthère.

 

Peut-être était-ce lui-même qui était venu sur terre sous cette forme ?

 

Le père, prisonnier par le texte qu'il avait signé, ne pouvait plus refuser. Son enfant était si douce et soumise qu'elle accepta le marché. Et les noces de la bête féroce et de la plus belle fille du monde eurent lieu. Le père mourut rapidement de chagrin. ­L'épousée mourut elle aussi en donnant le jour â Sardonica. Celle-ci dès qu'elle fut née se mit à courir dans la pièce telle un jeune animal. Elle passa les premiers mois de sa vie comme un bébé panthère.

 

Je vous ai raconté tout ce que j'ai appris sur ELLE. Pour moi Sardonica est la fille que Satan a faite à une femme pour soumettre et terroriser le monde !

 

Je me mis à fondre en larmes comme un enfant, sous les yeux désolés de Sonia qui s'enfuit. J'avais trahi mon Dieu en menant une vie de turpitude indigne de mon état. J'étais tombé amoureux fou de la Réincarnation du Démon et étais devenu un exécuteur de ses basses besognes, et je participais à ses jeux immondes avec des bêtes.

 

Je me demandais même si , depuis le séminaire, Sardonica ne me tenait pas sous son emprise à. mon insu. Je me rappelai en effet qu'elle m'avait dit le jour de mon arrivée :

 

« je vous connais bien ... »

 

Sans doute qu'elle m 'avait choisi pour ses noirs desseins, car elle savait que mon âme était plus vile que celle des autres et que J'étais prêt à tout pour fuir la vie religieuse pour laquelle 1e n'avais aucune vocation et que je trouvais ennuyeuse comme la mort.

 

 

(A suivre)

 

 

 

 

 

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