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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

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Articles avec #fantasy

Le Téméraire (9 Fin )

Le Téméraire (Fin )

Soudain, au milieu de la nuit, Julien fut réveillé par un énorme craquement de la coque du navire et par des cris de terreur poussés sur le  pont par des matelots.

 

Aussitôt, vaguement inquiet, il tendit les les mains vers le corps d' Isabella, qu'il ne sentait plus contre le sien .pour se rassurer par sa présence. Ces mains la retrouvèrent. Mais il eut l’impression au toucher que le corps d' Isabella n’était  plus exactement le même dans ces formes et que ça peau était moins souple et plus rêche. Il lui parut aussi que le parfum suave de ses cheveux et de sa peau n’était plus le même non plus. Julien était fort effrayé et il alluma une chandelle pour se libérer de son doute.

                                                                                           

Ce qu'il découvrit sous la lumière dansante de la chandelle le stupéfia. Isabella devant lui était certes bien Isabella et elle lui souriait amoureusement, mais elle était âgée de quarante ans !

 

Julien pleurait presque et il la lâcha rudement. Puis tout se passa très vite. Il vit horrifié Isabella vieillir à vue d'oeil.

 

Les années d'une existence normale ne duraient que des minutes. La peau se desséchait, se couvrait de     rides,l' éclat des yeux s' éteignait. Ce n’était bientôt plus qu'une petite vieille rabougri et ratatinée dont a nudité, était horrible à voir, qui sentait mauvais et dont, la peau était craquelée comme une terre desséché. Julien la repoussait, elle tendant vers lui ses bras grêles comme les ailes d’un  poulet décharné, et lui murmurât dans un rictus horribles : «  Viens mon amour ». Julien, terrorisé, tenta de s'échapper alors quelle le regardait avec un air d’incrédulité douloureuse.

 

Puis l'effrayant processus continua. Il ne fut pas donné à Julien de voir son calvaire se terminer sur la vision de son magnifique amour transformé en vieille femme laide. Les dents tombèrent des gencives déchaussées, le visage devint une horrible gueule  contrefaite, effrayante à voir. Puis les yeux jaillirent hors des orbites et roulèrent sur le lit.  Le corps tourna à la charogne dans une puanteur incroyable. Le ventre s’ouvrit, laissant voir son intérieur putréfié et les liquides  des viscères coulèrent. sur le drap.

 

" 0 horrible visu " eut pu s'exclamer Virgile en tournant les narines.

 

Julien réussit à échapper à, ce spectacle d'épouvante, les larmes aux yeux. Il se précipita sur le pont avec les plus grandes difficultés. Car 1ui, marin habitué aux plus rares tempêtes, n’avait jamais vu un bateau agité pareillement. Le " Téméraire " n' était plus qu'un bouchon  livré aux éléments déchaînés et  sa coque craquait à se briser en émettant des plaintes déchirantes comme celles d’un être humain.

 

.

La prodigieuse accélération du temps avait continué pendant son déplacement dans la cabine du pont. en  effet  les pirates n'étaient plus que des squelettes tassés dans quelque coin. Cependant le timonier, transformer lui aussi en squelette, dans l'ouragan déchaîné, tenait toujours le gouvernail avec les os de ses doigts. Singulier vaisseau que ce " Téméraire           sur lequel s'abattaient de montagnes 1iquides , comme d'énormes gifles sur un vissage, avec un mort à la barre.

 

Sur un tas de cordages, Julien reconnut l' " Elégant »  à sa chaîne d’or autour du cou, qu'il    n’abandonnait jamais. Voici où en était ce Don Juan auquel peu de femme avait résisté, si beau à voir, si plein de vie. Un tas d’os sur un paquet de cordes.

 

« Pourquoi ais-je été les réveiller du sommeil de la mort où ils reposaient si bien ? » se demanda Julien. « Qu’ais-je été l’acteur et le témoin de ces choses horribles ? Pourquoi  lorsque le Bosco, sinistre oiseau du destin est venu accoster au rivage, et ma invité à monter dans la barque, ne l’ais-je pas tué avec mon épée ? ».

 

Puis  le « Téméraire » touché par une vague plus formidable que les autres explosa littéralement. Julien senti qu’il partait en l’air et s’évanouit.

 

XXX

 

Lorsque Julien reprit conscience, il ne sut pas depuis combien de temps il s’était évanoui. Il avait mal par tout le corps et il avait terriblement froid d'avoir séjourné dans l’eau glacée. Il se trouvait miraculeusement accroché à une grosse planche, sans doute quelque débris du bateau, qui oscillait sur l'eau enfin calmée.

 

Les      premiers contreforts de la côte lui apparurent. A quelque distance des lumières annonçaient la présence d'une ville. S'aidant de ses jambes, malgré l’immense  fatigue  qui l’emplissait, il tenta de se rapprocher du bord.

 

Et après un asse z long moment d'effort difficile par le froid qui le glaçait et avec l' aide du courant, i1 fut rejeté sur le rivage d'une petits crique. C'est tremb1ant et surpris qu'il reconnu la petite crique où l'avait attendu le «  Borgne » et d'où il était parti pour son  étrange aventure.

 

Ensuite il refit le chemin inverse par le " passage des douaniers, rebuta sur le même ivrogne qui de nouveau écarquillait les yeux, stupéfait  et incrédule, de contempler cet homme, qu’il avait déjà vu, trempé et harassé, escalader le chéneau pour monter sur le toit d'une maison. Au cours de son ascension le regard  de Julien croisa celui d'une jeune femme qui se croyant seule était en train de se consacrer à sa toilette . Elle ouvrit une bouche toute ronde de surprise.

 

Puis Julien, tandis qu'un jour sale commençait à poindre à 1’'horizon regagna sa chambre par les toits. Il ôta rapidement ses vêtements trempés, s’essuya avec un linge et se jeta sur son lit. Aussitôt, il s’endormit d’un sommeil de plom.

 

 

IV_LE REVEIL

 

Lorsque Julien se réveilla, consultant sa montre  bracelet, il se rendit qu'il était près de dix heures du matin. Il se sentait affreusement mal.  « J'ai encore trop  bu chez Rosita, hier soir » pensa-t-il et « il n' est pas étonnant que j' aie la gueule bois »  ". Rosita  était une chanteuse espagnole qui tenait « La Taverne des Boucaniers », où il avait coutume  de se rendre          le soir. «  Sans compter qu'il est inutile insister, elle préfère fréquenter les riches bourgeois de la ville ».

 

Il se demanda ce qu'il devrait dire au directeur de l'agence de la banque où il travaillait . « que j'ai été malade » pensa-t-il « ce qui n' est        même pas un mensaonge ».

 

Il  travaillait  en effet dans une banque dont  l’emblème publicitaire qu’on pouvait voir sur tous les murs de la ville, était un homme à tête de requin:  qui disait  « votre argent m'intéresse ».  Il lui semblait être l’image de cette société stupide et dévoreuse d’êtres humains.

 

« J’ai eu un affreux cauchemar cette nuit. J’ai rêvé de bateaux et de filles. Il n’est pas douteux que l’alcool soit nocif et donne des hallucinations. »

 

Il étaient bien trop tard pour qu’il alla à l’agence ce matin.. Il voyait déjà le directeur plaisantant sinistrement : « vous êtes en avance pour cet après-midi », sous le sourire ironique de ses collègues.

 

 

Il pressa sur le  bouton de son transistor.   C’était l’heure du bulletin d’informations de France N°1.  Après  un _indicatif musical bien connu, la voix du speaker :

 

" De las Santas. Nous apprenons d'après une dépêche de L’AFP que la fille du chef de l’état M de la Casa Bella a été enlevée la nuit dernière, par un inconnu accompagné d’une cinquantaine de compagnons armées. 0n pense qu'il d'une action terroriste de révolutionnaires pour obtenir une rançon contre la libération de la jeune fille. Celle-ci Isabella est âgée  de 16 ans. Le chef des rebelles vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise blanche portait écharpe rouge enroulée autour de la ceinture. Les forces de police de l' Etat des Iles xxx et l'armée ont été mobilisées -pour retrouver la jeune fille.

 

Machinalement l'oeil de Julien       se dirigea vers le fauteuil qui se trouvait dans sa  chambre.. «  Il faudra que j'aille les jeter dans la mer » pensa-t-il en voyant le sabre et le  pistolet qui reposaient ostensiblement sur le siège.

 

 

Un pigeon entra tranquillement et vint se poser à coter de Julien. « C’est toi mon bon Vélox » dit Julien attendri en passant légèrement son doigt sur la plume de l’oiseau ravi.

 

« Toi au moins, tu ne diras rien »

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Published by Stéphane Dubois - zombies, Horreur, Héroic Fantasy, Fantastique, Fantasy, pirates, Auteur

Sardonica (21)

 

Ensuite sans trop savoir pourquoi, je me mis à parcourir au hasard les rues de cette ville qui autrefois avait été une des lumières de la civilisation, un exemple des beautés de ce monde. Aujourd'hui elle était dévastée et peuplée seulement d'une petite partie de ses habitants qui tentaient de fuir les soudards ivres.

 

Je ne rendais peut-être pas bien compte du danger, car j'aurais pu nourrir cent fois, victime des coups qu'échangeaient les guerriers aux portes des tavernes, ou de ceux d'un ennemi encore embusqué et voulant tuer de ses conquérants haïs le plus qu'il pourrait. .. .

J'aurais pu nourrir sous la dent des chiens. En effet des bandes de molosses livrés à eux-mêmes hantaient les ruines, comme des loups affamés à la recherche de cadavres qu'ils dépeçaient férocement en se disputant les meilleurs morceaux avec hargne. Il arrivait que leur victime n'était point encore entièrement morte, tandis qu'ils déchiquetaient ses chairs avec des bruits de mâchoires.

 

L'un de ces détrousseurs vint même jusqu'à moi, en me regardant dans les yeux. Il me suivit quelques instants, comme si i1 voulait ne narguer, me donna un coup de museau sur la cuisse, peut-être amical, peut-être agressif, je ne sais. Puis voyant que je restais calmes, i1 disparut soudain, rejoignant sa meute.

 

Mais je n'avais pas peur, pensant peut-être inconsciemment que j'étais protégé par le halo de la Comtesse ou bien ne craignant plus rien de la mort, baignant dans une espèce d'atonie bizarre et d'ivresse particulière.

 

Amère réflexion que je fis sur le Destin dans cette nuit claire de pleine lune, martelant de mes pas sonores le sol luisant du pavé. Le Pouvoir était aux mains des barbares destructeurs et tous les penseurs du monde n'y pouvaient rien.

 

Belle cependant était la nuit et ses mystères, et douce à mon coeur. Elle avait toujours été ma compagne des mauvais jours, adoucissant mes plaies. Et i1 me plut à rêver ce que serait pareille nuit avec Sonia en d'autres temps, nous promenant main dans la main sous les clartés laiteuses du ciel, son visage contre le mien, sa bouche contre ma joue et sa voix tantôt tendre tantôt doucement ironique à mon oreille. Je me demandais aussi ce qu'elle était en train de faire et ce ã quoi elle pensait en cet instant, ma douce fiancée.

 

Je traversais ce paysage baroque, comme en un rêve éveillé, au milieu des décombres et des morts entassés.

 

L'arrivée du petit matin me désola, je ne saís pourquoi.

Alors je rentrai aux anciens appartements des seigneurs du lieu. Nous nous les étions appropriés en vertu du vieux droit de 1a guerre, le droit du plus fort, qui est en fait 1e Droit fondamental. J'interrogeai l'un des gardes au sujet de l'emplacement de ma chambre.

 

I1 avait un de je ne saís quoi de narquois dans l'expression en me désignant celui-ci, qui ne me plut guère. Pour un peu j'auraís sorti mon poignard de sa gaine et j'aurais frappé.

 

Aussítôt introduit dans une vaste chambre qui de par ses dimensions et son apparat devait etre celle de Sardonica, je compris bientôt de quelles allusions il s'agissait et je ne pus qu'en reconnaitre la légitimité. Seule une couchette d'étoffe luxueuse avait été míse 1à pour me servir de lit ou plutôt pour 1e faire croire.

 

Je me jetai sur се coussin sans nul doute peu fait pour y dormir. Et je fis semblant de m'assoupir alors qu'une secrète terreur mêlée d'un curieux bonheur faisait battre 1e sang à mes tempes.  

 

O j'allais enfin connaìtre l'amour avec Celle que je désirais le plus...

 

Sardonica arriva quelques instants après apparemment fort excitée et recrue de fatigues. La journée avait été rude et celle de demain le serait sans doute encore. ...

 

Elle ne parut pas jeter un regard au corps du jeune homme effondré, tout a à ses préoccupations et se jeta elle aussi sur son lit, entièrement vêtue. Sans en avoir l'air j’observais tous ses gestes et écoutais tous les craquements que ses déplacements communiquaient à 1a couche.

 

Mais quelque chose semblait lui manquer, car elle se retournait en tous sens sans pouvoir trouver 1e sommeil.

 

« Dora-tu ? » me demanda-t-elle soudain.

J'ouvris grand les yeux. 

« Non, je faisais semblant. »

- « Tu n'as sans doute jamais été avec femelle dans ton couvent ? »

 - « Non jamais. Et de plus avec vous.... »

Je ne terminai pas ma phrase, ne voulant pas lui  avouer que par certains aspect, elle m’effrayait.

 

-«  N'ai pas peur,  viens auprès de moi » me dit-elle d'une voix langoureuse. J'avais envíe d'y bondir, mais mes muscles refusaient d'obéir.

 

Ce fut plus 1a soumission à mon Seigneur qui me donna la force de me rendre jusqu'à son lit que mon désir pourtant très fort de copuler avec elle.

 

 « Laisses voir que je te touches» me dit-elle sans plus de préambule tout en me triturant et en me lèchant à petits coups de langue comme pour me goûter.

 

J'étais dans le ravissenemt et 1e comble de l'horreur et je n’osais trop rien faire, pas plus que je n'avais envíe de lui résister. Elle ota ses lourdes peaux pour apparaître revêtue d'une mince soie.

 

Puis pris par l'enchantement  je me mis moi aussi à devenir actif aux jeux de l'amour, et à y prendre grand plaisir, en oubliant le reste. J'aimais à caresser ses formes fermes et douces tout à 1a fois. E11e résistait avec science à mes entreprises tímide pour découvrir ses seins magnífiques que j'avais souvent imaginés, ou parfois aux hasards de ses gestes entrevus.

 

Elle fit glisser lentement sa soie qui crissait sous ses oncles.

« Ne sois point si impatient, i1 ne suffit pas d'arriver à 1a ville, i1 y a tout 1e voyage. »

 

Et elle menaít 1a lutte de ses mains expertes, tendre et cruelle à 1a fois, griffant ou donnant un coup de dent, puis carressanit et suçant pour atténuer 1a blessure. Et, ses grands yeux pleins de lumières chatoyantes, baignés d'une certaine tendresse, se remplissaient de moí, et me remplissaient d'eux.

 

Son âcre parfum exacerbé par 1a chaleur de son corps montait en mois par vagues entêtantes et me remplissait comme une mer.

 

« Viens maintenant ! » me dit-elle haletante, sa bouche contre la mienne. Et elle écarta ses cuisses où je pénétrais avec une ardeur maladroite et d'où sortait un parfum encore plus sauvage que celui qui flottait sur sa peau.

 

Je me rappelle de notre allètement à l'unissson, et pour finir des petits cris de jouissance qu'elle poussa; puis celà se transforma en une sorte de rite sauvage et animal tandis que sa queue redevenue vívante tentait de se contorsionner de bonheur.

 

O l'avoir sous moi ainsi !  Moment d'indicible bonheur !

 

Il  était grand jour, le soleil brûlait déjà la terre, lorsque nous rompîmes notre étreinte.

 

(A suivre)

 

 

 

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SARDONICA (20)

 

I1 me souvient si fort de ce passé mort que je me demande si je ne 1e vis pas encore réellement.

 

Le temps était lourd et 1a chaleur épaisse. On suait sous les uniformes et les cuirasses. Les escouades de cette armée étaient frémissantes comme autant de meutes de chiens pretes à 1a curée : 1e bestialisme qui sommeillait en l'homme ne pouvait plus se dissimuler.

 

On amena couchées les tours de bois, tirées par des groupes de chevaux, aux pieds des murs. Et on dressa soudainement ces constructions en l'air. Aussitôt, de leurs sommets, des archers bandèrent leurs arcs et tirèrent des volées de flèches, tandís que des catapultes bombardaient 1a place aux moyens de projectiles de toutes natures, tous plus abominables les uns que les autres.

 

0n conduit à l'une des énormes portes quelques éléphants qui arnachés à un énorme bélier se mirent sur les étranges injouctions de leurs conducteurs à enfoncer les lourds battants. Puissants et intelligents animaux í1 y parvinrent irrésistiblement malgré les nombreux traits piqués dans leur peau qui les rendaient plus furieux qu'ils ne les arrêtaient, et dont ils tentaient de se débarrasser comme si il s'agissait de tiques.

 

Aussitôt notre armée s'engouffra dans cette brèche comme 1e sang jallit d'une veine perforée. Les assaillis, tant bien que mal tentèrent de se regrouper et d'empêcher l'entrée de nos soldats en se battant sauvagement au corps à corps.

Ils ne 1e purent.

 

Et ce fut une lente progression à trayers les fortifications qui s'effectua avec son affreux carnage tandis que nos adversaires se défendaient pas à pas sachant bien que de toutes façons les troupes de Sardonica ne feraient pas de quartier et qu'au bout du compte i1 n'y avait que 1a mort qui les attendait en grimaçant.

 

Cette bataille dans 1e crépuscule qui noircissait de plus en plus avait quelques chose de saisissant : 1e hennissement des chevaux nerveux, 1a brillance des métaux, cette rumeur sourde et chaude à nulle autre pareille. Et pendant que se jouait 1a vaste scène, une sinistre musique l'accompagnait : celle des cris des blessés sur des tons divers, continuellent. Ces cris sont encore ea moi et me font encore frémir aujourd'hui.

 

Quand une bonne partie de 1a troupe eut nétré dans 1a ville, Sardonica, sa Garde personnelle et sa suite ( dont je faisais partie ) entrèrent à leur tour. La Cité nous a apparut comme aussi immense et riche qu'on nous l'avait décrite auparavant.

 

Cependant ça et 1e combat se poursuivait encore. Mais on voyait bien que l'ennemi était irrémédiablement défait, quoiqu'il réussissait tant híen que mal à se cramponner à quelques derniers bastions, faisant encore quelque illusion sur ses capacités de résistance et luttant avec l'énergie du désespoir....

 

Annonçée à sons de trompette par des héraults chatoyants, l'apparition de Sardonica, entourée par ses panthères excítées par l'odeur de 1a chair et du sang, prêtes à bondir, avait quelque chose d'extraordinaire et de superbe à la fois. Et les gens de la ville encore vivants écarquillaient les yeux de voir s’avancer pareil soleil noir semant 1a mort, sa lourde épée à lame brillante à 1a main...

 

Soudain un groupe de guerriers faisant írruptíon du recoin d'une ruelle, se rua sur nous en poussant d'horribles cris de guerre. Ils réussirent à briser 1e cercle de 1a Garde personnelle de 1a Comtesse et furent bientôt  sur moi et sur Sardonica.

 

Nous fises face seuls à nos ennemis pendant de brefs instants qui me semblèrent pourtant ne jamais devoir finir. Les panthères appelées par leur maitresse qui ne leur parlait pas, mais poussait des plaintes rauques comme celles de ces bêtes revinrent rapidement et sautèrent et sur les chevaux et sur les cavaliers, déchiquetant les plus proches de leurs griffes et de leurs dents en poussant des hurlements.

 

« Braves créature ! » dit Sardonica, satisfaite de ses féales. Puis 1a Garde ayant réussi à se reformer encercla nos assaillants et mít rapidement en pièces ceux qui restaient encore en vie.

 

Quoique couverts d'éclaboussures de sang nous nous n’avions aucune blessure. J'avais conscience de m'être assez vaillamment battu pour un débutant au métier des armes. D'ailleurs Sardonica un peu plus tard me dira qu'elle était fière de moi. L'émotion qui devait se lire sur mon visage n'avait envahie et c'est un peu en balbutiant que je m'adressais aux officiers qui venaient me féliciter pour mon courage et ma présence d'esprit. Peut-être aussi qu'ils voulaient se mettre en bons termes avec un favori de 1a Comtesse dont ils pourraient avoir besoin plus tard.

 

Tout à coup je vis ce spectacle incroyable. Un homme à terre geignaít encore et perdait son sang en abondance. J'avaís noté 1a progressive animation des traits de Sardonica, comme à 1a chasse. Soudain n'en pouvant plus, telle une bête elle sauta à bas de sa monture et se rua sur cet homme. Et à pleines mains, 1a tête plongée dans son torse à demi entrouvert, se mit à lui dévorer les entrailles avec une délectation sauvage et une fureur extrême, alors qu'on entendait les råles horribles de la victime.

 

Puis à quatre pattes, elle se mit à courir en tous sens, bondissant ici, donnant là un coup de patte, tranchant ailleurs une gorge d'un coup de griffes comme avec un rasoir, se vautrant dans 1e sang avec une jouissance extrême. .. J'aurais voulu l'arrêter; mais un de mes jeunes amis officiers m'en dissuada : « dans ces moments là elle ne reconnait personne, mieux vaut la laisser faire jusqu'à ce qu'elle se calme. »

  

La panthère qui était en elle reprenait alors le dessus.

 

Puls elle s'arrêta, s'accroupit sur ses membres antérieurs avec une extrême souplesse,leva son museau       et se mít à pousser des hurlements de panthère . Ce qui avait été son joli visage était métamorphosé et prenait des caractères de l'animalité. Les autres panthères se groupèrent autour d'elle en un cercle, se mirent à miauler à l'unisson en dírection du ciel, comme pour faire l'offrande d'un sacrifice religieux.

 

Je ne sais coabien de temps dura cet étrange office face au firmament parsemé d'étoiles et où brillait 1a pleine lune comme une souveraine impavide contemplant 1e monde. Mais je crois me souvenir cependant qu'í1 dura assez longtemps, tandis que dans les rues les combats se poursuivaient et que 1'on entendait la plainte de ceux que tourmentait et les Cris des femmes que l'on violait....

 

(A suivre)

 

 

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Sardonica (18)

Lorsque je me levai à l'aube, jamais je ne vis chose plus extraordinaire que cette troupe déjà en ordre dé formation, s' agitant et bruissant sous le soleil naissant.

 

Formidable et terrible armé, plus importante peut-être que celle d'Hannibal, avec, comme la sienne ses régiments d'éléphants encarapaçonnés de métaux luisants, armés d'éperons terribles, portant des guerriers dans une sorte de petite fortification sur leur dos. Ces éléphants devaient produire un effet de terreur sur les ennemis qui les rencontraient. Ceci pour deux raisons et par leur masse énorme, et par le fait que ces ennemis n'avaient n’avais vu pareils animaux qui vivait habituellement sous d'autres climats.

 

Lorsque vieux moine, je me muets à écrire ceci, ma mémoire semble se déployer en ondes, comme une eau, et les choses par vagues me redeviennent sensibles. Je revois les moindres détails de ce départ pour la guerre avec les chevaux harnachés hennissants, les âcres odeurs, les visages des guerriers farouches sachant qu'ils ne reviendraient peut-être pas de ce voyage belliqueux. Je revois même de tout jeunes gens blancs de peur sous les harnais, pour qui sans doute c'était la première expédition, trembler dans le pâle matin....

 

Et Sardonica fière, terrible, et les yeux luisants comme des brasiers, contemplant sans tressaillir, les traits figés, cette nuée d'hommes en campagne et ce paysage.

 

Puis le soleil commença à éclairer les collines ocre qui semblaient comme provenir d'un autre monde que le notre, sauvage où toute vie était brûlée.

 

« En avant ! »  Cria Sardonica. Et l'ordre fut répercuté par les officiers, courant en un frémissement le long de l'amenée á l'arrêt, comme une onde sur une colonne vertébrale.

 

Le gigantesque monstre articulé s'ébranla. Lâché dans les pays í1 ne connaitrait ni sentiment ni morale, mû seulement par son ordre et sa logique intrinsèque. Gâre à ceux qui se trouveraient sur son passage !

 

Nous parcourumes, durant des jours et des jours les bois et les campagnes, les plateaux dénudés. Nous ne rencontrâmes plus âme qui vive dès que nous fûmes en terrain adverse ; alors que nous pouvions quelquefois trouver encore la table míse et la fumée sortant du toit. Même les animaux semblaíent fuir à l'approche de cette sauvage armée comme mus par une secrète prescience.

 

Cependant, parfois, dans 1e lointain, sous croyions voir des gens qui nous observaient, saus doute pour renseígner l'ennemi et des chevaux. Ils disparaissaient aussitôt que nous faisions mine de nous diriger dans leur direction.

 

Mais ils ne pouvaient qu'aller rendre compte à ceux qui les avaient envoyés de l'immensité de l'armée qui  était en face d'eux et de 1a difficulté de 1a vaíncre.

 

Parfois aussi une eieílle femme était eacore 1à, assise sur une pierre dans ses vieux vêtements rapés. On l'avait laissé parcé qu'elle était une bouche inutile à nourrir et qu'elle ne pouvait plus se trainer, en pensant que sa mort ne serait que de peu avançée. Elle aussi n'était peut-être pas désespérée d'en finir avec cette víe qui ne lui avait jamais rien apporté et qui lui apportait encore moins aujourdh’ui.

 

Mais les cavallers passaient tranquilles en lui jetant un regard impavide. Ils n'avaient nulle intention de 1a tuer. Elle était condamné à nourrir lentement abandonnée de tous et même d'elle-même. Elle avait trop vécu 1a vieille !

 

Et moí, et moí? Je chevauchais au côté de Sardonica très fier d'être son clerc et ne craignant ríen qui puisse m'arriver. Nous étions entourés de ses panthères qui allaient et venaient autour de nous, montrant les dents dès qu'un inconnu d'elles essayait de s'approcher.

 

Je pouvais voir sur son visage sa perplexité face à cet enaemi insaissisable. Ils ne pourraient reculer indéfiniment. I1 faudrait bien qu'ils livrent bataille un jour !

 

Nous arrivames en vue de la première des cités fortifiée de l'ennemi, brillante sous le soleil, aggrípée avec une incroyable audace à un éperon rocheux de la montagne, au-dessus du vide. Elle avait été construite par un ancêtre pillard du Baron de Stabilian sans doute pour mieux détrousser les voyageurs et les pèlerins.

 

Je fis part à la Comtesse -non sans quelque naïveté peut-être- de la grande difficulté d'enlever ce nid d'aigle, ce qui cependant s'avérait indispensable, car il contrôlait une des rares routes d'accès aux terres de nos adversaires.

 

« Nous avons déjà fait le nécessaire » me dit-elle un peu narquoise. Et la colonie continua d'avancer sans qu'apparemment celà entraîna quelque réaction visible des habitants de la forteresse.

 

Chose curieuse, les lourdes portes étaient grandes ouvertes et les deus sentinelles censées les garder semblaient etre écroulées dans un coin. Tandis que nous approchions au petit trot, mon cheval frissonnait d'inquiétude. La tenue de ces deux guerriers paraissait à peu près intacte, mais leurs visages sous les casques semblaient dévastés et les mouches et la vermine se disputaient leurs yeux, seule chose qui apparaissait encore quasiment vivante.

 

« Ne les touches pas ! » me cria Sardonica. Je n'en éprouvais aucune envie. Ils étaient pétrifiés là, les armes à leurs cités, vaincus sans combattre par un ennemi qu'ils n'avaient pas vu venir.

 

Nous pénétrâmes craintivement dans la Cité. Tout n'était que silence morne et dévastation. Ça et là des corps surpris dans les positions les plus diverses, en putréfaction, rongés. On en trouvait même dans les échoppes, au milieu des marchandises qui pourrissaient.

 

On pouvait se rendre compte à leurs attitudes qu'ils avaient tenté d'échapper à la mort, et qu'au-delà de la vie ils criaient encore leurs dégoûts de la mort. Une puanteur effroyable, à faire fuir un porc emplissait ces lieux.

 

Par vagues les soldats entraient à l'intérieur de l'enceinte et la stupéfaction et l'incrédulité se lisaient aussitôt sur leurs visages...

Soudain, sorti d'on ne sait où, apparut 1a seule personne encore vivante du Fort, aussítôt entourée par un cercle de spectateurs surpris et curieux d'en savoir plus. C'était un bon gros marchand que j'avais déjà rencontré au Palais de Sardonica. Il y venait parfois vendre des étoffes chatoyantes, venues par caravanes de 1'Oríent lointain, aux Dames nobles et aux riches bourgeoises. --- Gonflé comme une outre de vin, i1 était curieusement emballé dans une tenue bouffante décorée de riches motifs.

 

I1 salua Sardonica avec une dévotion un peu outrée. Elle 1e regardait de ses yeux verts où jouaient légèrement et le mépris et l'ironie. Je coimnençais à comprendre 1e rôle de cet immonde personnage. ...

 

« J'aí fait ce qu'il avait été convenu. » dít-í1, «J'aí empoisonné les puits la nuít lorsque tout 1e monde dormait»

 

« Tu seras payée »  rétorqua-t--elle,  « ne crains rien »

Elle lui fit remettre par l'un de ses commis un énorme sac d'or. I1 se perdít en remerciements tandis que ses yeux brililaient de convoitise. Elle donna un ordre sec à quelques soldats et l'on vít 1a physionomie et 1'attítude du marchand changer à vue d'oeí1. « Accrochez le à un poteau ! » et se tournant vers 1e marchand qui se cramponnait rídículeusement au sac comme un nauffragé à un morceau de bois elle ajouta: « Tu pourrras ainsi admirer ton or plus à loisir » et sans un autre regard elle le laissa là.

 

Nous ne trouvâmes aucun autre vivant dans 1a forteresse.

Et ayant pris bíen garde de ne rien toucher, nous repartimes au pas de nos chevaux...

 

(A suivre)

 

 

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SARDONICA (17)

 

Bien sûr, la guerre que nous fîmes reste presqu’intacte elle aussi enfouie dans ma mémoire. Ce fut une guerre affreuse, totale et sans pitiés pleines d'horreurs à vous faire lever la nuit en gémissant au milieu des cauchemars.

 

Je me dotais que cela finirait par arriver, puisque je connaissais les buts auxquels Sardonica se préparait depuis toujours. Mais je m'étais habitué à oublier cette éventualité et m'étais installé dans un relatif confort et une certaine quiétude.

 

C'est par un jour des plus ordinaire que Sardonica me convoqua à ce sujet. Elle avait le front soucieux et semblait réfléchir quelque chose de lointain.

 

« Tous les états qui nous entourent sont en train de se coaliser ; ils finiront bien par nous attaquer. Nous devons réagir avant que nous n'ayons leur tenaille autour de la gorge, sinon nous sommes perdus. »

 

-« Comment en sont-ils venus à s'allier, eux si ennemis les uns des autres ? »

 

Je savais en effet que par ses agents Sardonica faisait tout pour entretenir la zizanie entre eux et qu'elle y parvenait fort convenablement. Elle plongea son regard vert où brillaient mille colères dans le mien « Je pense que quelqu'un au Palais les renseignent.... Je découvrirai bien qui il est. Alors i1 ne vivra pas bien longtemps. »

  

« Mais maintenant nous sommes prêts » ajouta-t-elle en changeant de ton. « Et ils verront ce qu'il va leur en coûter de s'attaquer à la Comtesse Sardonica. Ils vont de quelle qualité est le sang qui brûle dans mes veines !! »  

 

« Tiens, regarde, je vais te prouver que ce ne sont pas de simples idées que je me mets en tête ».

 

Et élevant ses mains au-dessus d'une vasque d'eau claire qui se trouvait dans la pièce et la fixant intensément elle fit prgressivement apparaître une image un peu vacillante et de plus en plus nette.

 

Et je vis rassemblés autour du Duc de Prochilian, général renommé et maintes fois victorieux, les seigneurs de tous les pays ennemis. Et je les entendis discuter aprement de la meilleure façon de nous vaincre. Sardonica souriait étrangement à leurs propos qui semblaient incroyablement vains.

 
« Tu ne m'as pas encore battu, petit Baron » répliqua-t-elle à l'un qui avec beaucoup d'outrecuidance exposait  comment réduire cette putain” en deux           jours. ».
« 
Je t'étranglerai de mes propres mains, pauvre vantard ! »
.

Elle retira ses paumes d'au dessus 1a vasque, diminua l'intensité et la concentration de son regard : l'image s'enfuit peu à peu, et bientôt on ne vít plus ríen sur l'eau....

 

« -Quand partirons-nous ? » demandais-je la voix un peu blanche.

« Nous ne pouvons plus attendre. Nous partirons demain aux premières lueurs du jour. Nous allons prévenir  les chefs militaires dès cette nuit pour qu'ils mobilisent  l'armée et nous marcherons sur nos ennemis que nous défairons».

  

Sardonica avait un air sombre et semblait plus se parler à elle-même qu'à moi-même. Je pris rapidement congé d'elle et je décidai d'aller trouver Sonia pour lui expliquer la sítuatíon. Je ne pris point garde de savoir si, je serais vu des habitués du château tant mon émotion était profonde de quitter ma Belle.

 

Je frappai à la porte de sa chambrette le signal que nous avions convenues, quand  nous aurions besoin, l'un de   l’autre et que nous ne  devions utiliser qu'en cas d'extrêne urgence.

 

Elle m'ouvrit blanche d'émotion et de frayeur se demandant, ce qu'il pouvait bien se passer. Elle comprit víte . « C'est la guerre ! » J’opinai, sans rien dire: nos esprits comuniquaient merveilleusement et se comprenaient silencieusement.

 

Elle baissa la tête sérieuse:  « Je savais bien que tu partirais un jour, et que tu mourrais peut-être, c'est ta destinée. C'est la mienne de ne pouvoir bien longtemps être heureuse. ».

 

Je revois encore ses puvres lèvres crispées qui ne souriaient pas, tandis que ses yeux illuminés continuaient à sourire eux malgré tout avec une lueur brillante là-bas quelque part dans le fond, ouverture lumineuse sur son âme.

 

« Je ne t’oublierais pas, je t’assure, même si tu devait mourir ».

- Mais je ne suis point encore mort et je reviendrai !

« -Je l'espère  bien que tu reviendras » me répondit-elle en m'écrasant la main et en m'étreignant.
« 
Je l'espères bien »

«- Et alors nous partirons ensemble. »

«  - 0n dit toujours que l'on veut partir et l’on reste ! » 

« -Nous partirons ensemble et nous vivrons ensemble, ailleurs ! »

 

J'avais l'impression qu'elle avait le coeur brisé et je n'insistai pas.

« Te battras-tu toujours à ses côtés ? »

« - Probablement. Je suís toujours à ses côtés dans la Paix. Il en sera ainsi sans doute dans la Guerre. »

« - Et tu courras et le risque de ta vie et celui d'etre damné pour 1a Comtesse ínflernale. ».

 

Je baissai la tête sans répondre: Sonia avait décoché une flèche juste à l'endroit sensible.

J'aimerais encore assez mourrír aux pieds de ma reine pour son service, lui ayant donné jusqu'à ma vie pour preuve de mon amour insensé et dévorant comme un feu.

 

«Je saís bien qu'elle t'a envouté  » me dit Sonia en me passant son doigt sur son front qui s'était mis  à se plisser.

 

« Je ne t'en veux pas trop. Mais si seulement c'était une autre femme !  Je ne serais que jalouse... ».

 

Il me gênait  avec elle d’aborder ce sujet et de connaitre le vraí fond de mon âme où se débattaient des sentiments contradictoires comme des poissons noirs dans un bosal dansant une danse infernale et tentant de s'entredévorer furieusement.

(A suivre)

 

 

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SARDONICA (15)

 

Bientôt une lueur s'alluma dans sa chambre. J'imaginai, et en souffrait atrocement, ce qui devait se passer : les corps nus luttant sur le sol jonché de peaux de panthères, les cris et les caresses, les douces tortures du sexe. J'entendais tout cela à distance à ma grande douleur, curieusement, comme si je me trouvais dans la pièce.

 

Les lumières s'éteignirent. Sardonica apparut à une fenêtre. La noire silhouette du jeune homme passa une porte dérobée. Sardonica, comme je m'y attendais, fit un signe impérieux de sa main. L'un des deux archers sortit de l'ombre et d'une seule flèche abattit le jeune home. Celui-ci ne poussa pas un cri et tomba d'un coup. Ses amis de la troupe, dissimulés sous un porche l'entourèrent bientôt comme une bande d'oiseaux éplorés.

 

Je retournai à la fête. Les baladins saluaient avant de se retirer. Ils emportèrent plus de quolibets que d’applaudissements.

 

Sardonica fut bientôt de retour, un peu plus animée peut-être et le rouge aux joue. Elle reprit sa place, gratta mes cheveux alors drus comme jeunes herbes et porta sa jambe contre mon corps. J'était ravi, quoique désolé par ce qu'il venait de se passer , de ce que j’avais encore une petite place dans ion coeur ; comme un jeune chiot qui se contente d'une caresse.

 

Le maître des cérémonies annonça enfin le dernier spectacle, qui sur le parchemin énonçant le programme était simplement appelé ainsi. Mais i1 courait des bruits à la Cour qu'il se préparait quelque chose de très particulier. Aussi tout le monde ouvrait-il  grand ses yeux et ses oreilles.

 

Le maître de cérémonies fit enlever les vastes tentures qui couvraient l'un des côtés de la pièce, faisant apparaître la paroi nue. Ce fut un cri de stupéfaction poussé en même temps par des centaines de gorge.

 

Dans cette paroi une très vaste plaque transparente laissait voir un univers marin entièrement reconstitué et éclairé de l'intérieur d'une vive clarté qui rendait les eaux d'une belle couleur bleue-verte et les remplissait de chatoyantes vibrations lumineuses.

 

Tout y était présent les rochers avec les anfractuosités pleine d'ombres, les algues, les coquillages et des poissons de tailles variées dont certains extraordinaires de couleurs et de formes. Sur le fond reposait une couche de cailloux et de sable.

 

Tout à coup, par un trou du rocher, entra un jeune homme icroyab1ement bien proportionner pour l'eau et s'y déplaçant ainsi qu'un dauphin. Ses pieds étaient munis de nageoires artificielles qui accéléraient sa course. Un grand couteau était accroché à un anneau de sa ceinture.

 

Avec grâce il fit deux ou trois tours comme pour se faire admirer. De temps en temps i1 s'approchait d'un des tuyaux qui pendait dans l'élément liquide, prenait une inspiration qui gonflait sa poitrine et poursuivait sa course vive. En effet il ne pouvait remonter pour respirer à l'air libre; 1a surface était rendue inaccessible par 1a voûte.

 

« Ce garçon appartient à une population de pêcheurs d'éponges de 1'í1e de Kost » me souffla quelqu'un, « i1 est habitué depuis son plus jeune âge à passer une bonne partie de sa vie dans la mer. ».

 

Je me demandais 1a signification de ce que je voyais, lorsque surgit un énorme poisson dont 1a tête était ornée d'une sorte de défense en forme d'épée.

 

Le nageur parut saisi par la vision de ce bizarre adversaire. Le poisson tourna plusieurs fois avec de vifs mouvements. Enfin i1 découvrit l'ennemi et arrêta brusquement ses évolutions. I1 1e mesura de son oeil glauques puis soudainement i1 fonça sur lui. Mais l'autre l'évita en se jetant souplement de côté. L'attaquant surpris, se retourna sur lui-même et fonça de nouveau, tel un taureau aquatique,

 

Le jeune homme esquiva encore, mais apparemment avec plus de peine et i1 se précipita à l'une des sources d'air…il semblait se mettre à étouffer.

 

Et 1a sauvage parade continua.

 

Soudainemeut le gladiateur nautique, alors que le poisson de combat passait juste à côté de lui, avec soa poignard lui perça 1a peau. Bíentőt 1e sang se répandit en nappes pourpres.

 

Cette estocade trop mal ajustée pour tuer 1a bête eut pour effet de la rendre furieuse. Elle donna un violent coup de queue à son protagonisme qui se trouva ainsi déséquilibré. L'animal se retourna presque sur place et chargea avec une redoutable précísion. Cette fois 1e garçon fut gravement blessé. Puis ce tt une horrible boucheríe. Le bassin devint complètement rouge.

 

 

Ah ! I1 fallait voir l'air de Sardonica se délectant durant toute 1a scène, avec ses yeux qui luisaient et sa mine réjouie qui frémissait.

 

Le rideau tomba à l'instant où l'on ne pouvait plus distinuer ni 1e poisson, ni 1e jeune homme, tran formés en chairs sanguinolantes par leurs assauts réciproques.

 

Je fuyai dans ma chambre, sous 1'oeil un peu triste, de me voir 1e coeur gros comme un enfant, de Sardonica.

 

 

 

 

SARDONICA ou la femme-panthére (k 15 )

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Sardonica (14)

 

Un silence des plus rares se fit... Cette statue de chair s'anima lentement.

 

Tantôt elle reposait gracieusement sur la patte de l'éléphant apparemment charmé, tantôt elle était sous lui. Il appuyait alors son pied énorme sur son frêle buste. On craignait très fort qu'il ne L'écrasât comme un mince fétu. Mais bonâsse il soulevait son pied et la laissait se relever prestement tandis qu'elle avait un sourire vague et lointain aux lèvres, comme si elle n'était pas de ce monde et s'y trouvait seulement de passage pour nous enchanter. Et la prenant délicatement dans sa trompe comme une fleur  extraordinaire l'éléphant la reposa précautionneusement sur sons dos.

 

Et au son de la musique étrange, elle repartit, belle sereine et impassible. Sa disparition fit retentir des applaudissements frénétiques qui brisèrent le mirage comme un verre de cristal.

 

" Ah ! »  Me dit le Général de la Cavalerie, celui qui peut avoir pareille beauté dans son lit, est plus heureux que celui qui a conquis la moitié du monde ! »

 

Je ne sus que lui dire que je pensais comme lui, mais que beauté bien vite s'évanouit et disparaît et qu'alors nous n'avons plus que cendres dans la main, comme souvenir dé ce qui, a été...

 

« C'est ma foi bien vrai, Dimitri et vous me faites penser quelque chose.

 

Je passais pour le service de la Comtesse, un jour dans une de mes anciennes garnisons du temps où j'étais un jeune et pétulant lieutenant adulé des femmes, courant de rendez-vous en rendez-vous., Je vins à ne trouver dans une rue remplie de boutiques et encombrée de marchands et de chalands, ce qui m'obligea à mettre mon cheval au pas.

 

Soudain j'entendis une petite voit poussive qu'il me semblait avoir déjà vaguement entendue quelque part il y a bien longtemps.

 

Mais je n'y prêtai pas autrement attention et poursuivis mon chemin. La petite voix continua à geindre doucement en me suivant et une main en se posant sur le harnachement de mon cheval tentait apparemment de le retenir. Je me retournai. Sous une masse assez informe de vêtements grisâtres, je fini par reconnaître en cette laideronne Sandra, l'ancienne serveuse d'un estaminet situé près de la caserne. Cette femme avait eu dans le passé quelques grâces pour moi. Je crois même pour être franc que j'en étais assez amoureux alors.

 

« Tu ne me reconnais pas Nicolas ? Sandra, SANDRA ! Te voici Général, à présent. Tu as bien réussi ta vie; tu es content. » 

 

-" OUI je te reconnais" lui répliquais-je excédé." Plus au Diable que je ne fusse que lieutenant et que l'on me rendit ma jeunesse ! »

 

  - « Il faut s'y faire » me répondit la vieille philosophant. Regarde ce qu'est devenue la belle Sandra. Tu te souviens ?

 

Bon Dieu, oui que je me souvenais : et les fêtes et les beuveries et les filles et l'alcool. Le muscle frais, l'appétit à dévorer les montagnes, et les nuits d'amour.

 

« Eh bien moi je ne m'y fais pas ! ». Je cravachai mon cheval qui démarra comme une flèche bousculant les passants qui ne comprenaient pas ce qui se produisait.

 

« Le pire » poursuivit le Général, de ce genre de rencontre c'est qu'i1 nous oblige à admettre que si votre ancienne maîtresse a vieilli et est ce qu'elle est devenue, vous non plus vous n'êtes plus le beau jeune home que vous vous persuadez malgré tout à vous croire. 

 

Vous vieillissez un peu chaque jour : une poignée de cheveux qui tombe, une dent qui disparaît, une ride qui se forme. C'est moins saisissant que si vous aviez la mise côte â côte, si cela était possible, de deux images en même temps : vous jeune homme et vous vieil homme.

 

Mais ce témoin irréfutable de votre passé vous révèle toute l'ampleur du désastre, si je puis dire, et vous affirme une réalité que vous ne pouvez plus nier. Vous êtes un vieillard usé et vous vous approchez de la mort de jour en jour. Elle vous guette cette vieille sorcière grimaçante, elle vous attend avec un air lubrique pour de funestes épousailles... »

 

L'arrivée du numéro suivant arrêta la perplexité du Général qui me parut avoir une plus fragile écorce que je ne l'eus crû au premier abord.

 

Quatre lutteurs énormes, enduits d'huile, se ruèrent par deux les uns sur les autres. Quatre paquets de chair se nouèrent et se dénouèrent en des noeuds de douleur et de cris. Des têtes crispées de monstres apparaissaient. Ils se battaient presque jusqu'à la mort pour une bourse d'or de la Comtesse.

 

Et vinrent des danseurs et des danseuses complètement nus et légèrement ambrés qui nous montrèrent des mouvements effrénés et érotiques. L'oeil de la Comtesse, comme celui d'un félin, aux aguets semblait avoir repéré, parmi tout ces corps, un corps mâle d'un particulier intérêt pour elle; plus musclé, plus fruste peut-être que les autres. Il lui faisait présager plus de jouissances dans le rut qu'un autre : une sorte de plaisir rude et animal qui seul pouvait la satisfaire.

 

D'un geste de son ongle recourbé, en un élan qu'elle ne savait contenir, elle désigna l'homme au maître de cérémonie qui opina du chef. Le ballet s’arrêta, le regard un peu perdu du jeune homme se dirigea vers Sardonica. Il avait compris. La troupe sorti brusquement par un côté de la scène, comme frappée de stupeur.

 

Sardonica se leva et l'air excité disparut.

 

J'étais ivre de jalousie et prêt à tuer si il le fallait.

 

Le Général de la Cavalerie me contemplait d'un air triste, gravement.

 

Il voulait sans doute, je pense m'inciter à la prudence.

 

Il éprouvait aussi une serte de commisération compréhensive pour ma jeunesse, comme si notre conversation précédente l'avait rendu plus proche de moi.

 

Je sortie sur le balcon pendant qu'une troupe de troubadours ambulante vinrent chanter des couplets qui racontaient les amours d'un pauvre baladin et d'une princesse des temps lointains.

 

Je n’avais  point le coeur à l’entendre.

 

Et je restais dans la tiède nuit d'été à attendre.

 

Le beau danseur fut accompagné par deux archers noirs dans l'aile du Palais où se trouvaient les appartements de Sardonica.

 

 

(A suivre)

 

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Sardonica (13.2)

 

 

…/…

Enfin arrivèrent les ambassadeurs étrangers, certains venus de très loin, avec toutes sortes de costumes qui surprenaient par leurs étrangetés. Tous souhaitaient prospérité à la Comtesse et saluaient le jour béni de sa naissance. Et ils lui remettaient un splendide cadeau : de l'Or, des pierreries. L'un vint même lui apporter un magnifique cheval qui caracolait dans la salle, surpris de se retrouver au milieu de ces gens bizarres et de ces lumières.

 

" Je te le donnerai » me dit Sardonica en me regardant avec un regard langoureux. " Je sais que tu aimes le blanc. Moi le préfère de beaucoup le noir; il convient mieux à mon teint ajouta-t-elle avec une certaine ironie.

 

Le maître des cérémonies, de pourpre éblouissante vêtu, de pied en cap, frappa un gong immense de cuivre luisant qui retentit puis résonna longuement en décroissant, annonciateur de mystères…

 

Et le spectacle commença. D'abord un orchestre s'avança , suivi de danseurs et de danseuses en costumes du Pays qui mimèrent allègrement des scènes paysannes relatant les différentes saisons des récoltes ou de la vie.

 

Pendant ce temps, alors que nous étions assis sur des divans recouverts de magnifiques étoffes, on commença à nous apporter de la nourriture sur des tables basses : pièces rares et délicates, viandes di venaisons relevées d'herbes subtiles et sauvages, dont on avait seulement choisis les meilleurs morceaux.

 

Des jeunes filles, toutes jolies et habillées pareillement d'un tablier noir et d'une robe blanche vinrent nous servir leu vins les plus renommés.

 

Parmi elles, essayant le plus possible de passer inaperçue, Sonia. Parfois elle me frôlait. Je sentis même son souffle sur ma peau et le rayonnement de sa chair. Nos regards se croisaient, mais mous faisions semblant de ne point nous connaître. Troublante et difficile chose en vérité ! On voyait combien elle était malheureuse de ne point pouvoir me parler ni me toucher. Tandis que moi je m'inquiétai de savoir si le fin regard de Sardonica, perçant au-delà de toute imagination les voiles de la conscience humaine, ne pouvait cet instant découvrir notre secret manège.

 

J'en tremblais surtout pour Sonia. Je tenais de plus en plus à elle, fleur délicate et fragile du jardin de ma vie, poussée soudain au milieu des mauvaises herbes, sans que l'on sut pourquoi. Sans notre rencontre mon coeur serait resté une pierre desséchée que rien n"eût jamais touché.

 

Des jongleurs jaillirent d'un côté de la vaste scène comme une trombe colorée. Ils maniaient les sabres avec une telle dextérité qu'il eût suffi qu'il y eut un écart d’une fraction de seconde dans l'exécution de tel mouvement pour qu'i1 puissent gravement blessés, voir même tués.

 

Sardonica distraite en ce qui concernait les danses, suivait ici avec un intérêt extasié ; le même intérêt d'ailleurs qu'elle éprouvait pour tout ce qui pouvait promettre larmes, deuils et sang, causes de jouissance pour elle. Parfois même elle approuvait par de doux glapissements les morceaux particulièrement risqués des artistes.

 

Puis un moment extraordinaire que ma mémoire garde à jamais enfoui, comme un trésor enchâssé.

 

Au son d'une musique singulière à nos oreilles, venue d'un 1ointain pays, arriva noblement accroupie sur un carré d'étoffe rouge, placé sur le dos d'un éléphant, une fille splendide de grâce et de beauté. Elle était complètement nue, recouverte seulement d'un voile de gaze qui la nimbait plus qu'il ne la dissimulait.

 

 

Quel joyau unique irradiant sa lumière !

 

(A suivre)

 

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Ceux qui voyaient ceci pour la première fois ne purent retenir un murmure  d’étonnement.

 

Dans des cases alignées, des créatures composites, mi-hommes mi-oiseaux, affreuses â voir, à l'air misérable et malheureux se trouvaient. Elles n'étaient pas toutes semblables. En effet on se rendait compte que différentes tentatives d'adjonction. Sur leurs humaines structures avaient été effectuées, soit en ce qui concernait les ailes, soit en ce qui concernait le bec ou les pattes. Il y avait tout un échantillonnage d'hybrides plus ou moins hommes au plus ou moins oiseaux.

 

Le chef des savants nous mena vers ce qu'il considérait comme l'exemplaire le plus réussi de la race des hommes oiseaux. Une étiquette au pied de la cage, comme pour les autres donnait en latin son nouveau nom à ce nouveau spécimen du règne volatile :

Avis Homo.

 

Il était de la taille d'un homme ordinaire et il avait à la place du nez un long bec crochu comme celui des grands rapaces qu'il ouvrait de temps à autre. Ses membres postérieurs étaient de grosses pattes d'oiseaux et ses membres antérieurs des ailes. De tout cela se dégageait un air de misère et de souffrance;nées de la douleur causée par la transformation que les chirurgiens lui avaient fait subir, mais aussi de se savoir et de se voir ainsi.

 

« Quel est le but de ses recherches ? »  demandais-je au chef des savants qui avait repris sa cour auprès de moi, le plus froide­ment possible .

 

« Quel est le but ? » sourit-il. Mais la guerre, évidemment !  Imaginez un seul instant que nous puissions expédier par derrière les lignes ennemies ces hommes-rapaces. Quelle terreur ne répandrions nous pas, et quels dégâts n'assurerions-nous pas ! Aucune parade ne serait possible alors à nos ennemis que nous défairerions à tous coups t Mais hélas nos essais ne sont pas encore concluants... Nos hommes oiseaux ne volent toujours pas. Il y a dans la nature quelque chose de mystérieux au sujet du vol que nous n'arrivons pas à saisir. Mais nous finirons bien par réussir !

 

« Vos recherches sont en effet fort intéressantes » nota Sardonica qui avait entendu notre dialogue. « Poursuivez les et je vais faire donner des ordres pour que vous ayez le matériel humain_ nécessaire !

 

«  - Merci, Madame la Comtesse » susurra le savant spécialisé en hommes-oiseaux, en faisant une révérence aussi servile que ridicule. La grande fréquentation des oiseaux l'avait rendu un peu oiseau lui-même.

 

Nous vîmes d'autres tentatives d'expérimentation sur l'homme sur lesquelles je ne m'étendrai pas, tant elles m'écoeuraient. Cependant je dois confesser que petit à petit mon esprit changeait à ce sujet. Plus même il m'arrivait d'être émerveillé de toute ces folies sauvages.

 

Néanmoins je vous préciserai que l'une d'elles consistait à agir sur le cerveau de l'être humain où ces savants dévoyés pensaient qu'était le siège de l'intelligence et de l'esprit.

 

Aussi, ouvrant le crâne, ils extrayaient l'une ou l'autre partis de la cervelle pour parvenir à circonvenir l'emplacement de chaque pensée et de chaque sensation.

 

« Le but ? » me dit Primus, sachant que ma question de tout à l'heure me hantait toujours. « Il est simple !! Réussir à produire une race de guerriers qui exécutent les ordres qu'on leur donne sans chercher à en connaître les raisons, et qui sont prêts à se faire tuer si il le faut. Les guerriers idéaux, quoi 1

 

On garda la plus incroyable découverte pour la fin. « Le morceau de roi » commenta Primus, soufflant toujours son haleine puante dans mes narines avec insistance.

 

Nous parvînmes dans les salles vaste  comme des cathédrales du fameux minerai «rayonnant ».

 

Fantastique vision dans cet antre de l'enfer, au milieu d'une chaleur et d'une poussière terribles.

 

Des foules d'esclaves amenaient de grandes quantités d’un minerai qui paraissait du plus anodin aspect. Ensuite des machines qu'ils actionnaient inlassablement, enfermés â l'intérieur de roues comme des écureuils, le trituraient, le broyaient.

 

Des gardes-chiourmes casqués, sévères et hiératique, observaient un fouet à la main. D'autres esclaves veillaient à de gigantesques chaudrons où bouillissaient comme des eaux de sorcellerie.

 

Je voulus palper la boue noirâtre issue de ce traitement.

 

« Ne touches pas à cela ! » me cria Sardonica, tandis que le chef des savants me retirait déjà le bras. « Ce minerai émet d'étranges rayons invisibles qui brûlent. C'est pourquoi nous l'appelons " minerai rayonnant ". D'ailleurs regarde ces enclaves qui travaillent ici. »

 

Certains à la place des bras n'avaient que des moignons auxquels on adaptait des pièces métalliques pour qu'ils puisent continuer à produire jusquà ce qu'il n'y ait réellement plus rien à tirer d'eux.

 

Le chef des savants expliqua que dans cette boue, à. nos pieds, que l'on ne savait pas suffisamment purifier se trouvait une redoutable et mystérieuse puissance. Il ajouta que celui qui saurait capter cette force prodigieuse aurait de quoi faire fonctionner des machines extrêmement puissantes et pourrait même faire sauter la terre si il le désirait.

 

Les auditeurs, excepté les initiés, restèrent médusés par cette révélation qui dut leur apparaître folle dans son audace incroyable. « 

 

Faire sauter notre terre ? » Impensable.

 

Nous ne la connaissons pas toute encore !

 

Mais à moi qui savait le diabolisme de la Comtesse-panthère, cela me parut presque plausible.

 

Et aujourd'hui, vieux moine rabougri assis à ma table, je suis obligé d'ajouter foi à ce que disait alors le chef des savants. Il eut été possible à la Comtesse de faire sauter notre terre et elle eut été capable de le faire pour son plaisir et pour ses désirs sataniques...

 

Nous remontâmes à la surface au moyen d'une sorte de cage actionnée dans un puit vertical par un système de cordes, à très grande vitesse.

 

Lorsque je débouchai à l'air libre, après avoir passé le grand hall de réception et à nouveau franchi la lourde porte ornée de têtes de panthères, donnant sur une rue banale, je me demandai si le n'avais point rêvé et si cette maison des savants recelait autant de secrète et si il existait une véritable ville souterraine sous cette demeure avec autant de détestables prodiges.

 

( A suivre )

 

 

 

 

Sardonica ou la femme panthére ( K 12)

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Je reconnaissais ce métal au fur et à mesure qu'il refroidissait.

 

« De L'Or, c'est de l'Or ! »  Je crus que je devenais fou !

 

Sardonica m'observait du coin de l'oeil, s'Amusant de ma juvénile passion.

« C'est de l'Or en effet » me répliqua Primus.

- « Le vieux rêve fou des alchimistes était donc réalisable ? »

 

- « I1 l'était, mais point si aisé à trouver. Encore que la règle pour passer du plomb à l'or est telle qu'un enfant de cinq ans pourrait la retenir. Une simple sentence latine, que l'on peut trouver dans de vieux grimoires d'ailleurs, la résume assez bien. Mais sa signification connue des anciens teinturiers de la lune fut perdue. »

 

Sardonica possédait donc le secret de la transmutation du plomb en or !

 

Ceci lui donnait un pouvoir immense. Je m'expliquais ses possibilités de corruption et aussi sa très grande générosité à mon égard.

 

Le chef des savants me traîna presque par le bras tant j'étais tombé sous le charme.

« Nous allons nous diriger maintenant vers les salles de Mars, Dieu de la Guerre comme chacun sait. »

 

Un Mars en Or, fier et superbe, à demi-nu, en commandait l'entrée, une gigantesque épée dans les mains. Je m'enquis et du modèle et du sculpteur. Et j'appris qu'on avait tout simplement coulé l'or sur le corps d'un esclave magnifique encore vivant, pour que le métal en gardât tous les traits.

 

A l'intérieur des salles se trouvaient toutes sortes d'armes qui avaient existé à différentes époques, originaires de toutes les armées du monde. Et elles étaient ici, pour être étudiées, perfectionnées ou même servir à en créer d'autres plus meurtrières encore. Des savants dévoyés s'affairaient ça et la autour de ce matériel de mort avec des airs de gourmets devant quelques plats délectables.

 

« Nous vous montrerons » me dit Primus, décidemment de plus, en plus affectueux  « notre dernière trouvaille. ». Et il me soumit un peu comme une vieille voulant jouer à la donzelle, avec des mimiques expressives et quelque chose de mouillé dans le regard.

 

Dieu que ces vieilles courtisanes sont laides ! Qu’il doit être horrible de se faire toucher par pareil vieillard lubrique !

 

Sur une table se trouvait une sorte de petit cylindre de métal brillant avec des ailes sur le côté reposant, parfaitement ajusté, sur un autre morceau de métal.

 

Le chef des savants farfouillait dans sa barbe avec un air de satisfaction non dissimulé.

 

Ayant attendu qu'il y eut un cercle d'auditeurs assez fourni et assez attentif autour de lui, il demanda non sans quelque solennité à un aide de lui apporter un flambeau. Il approcha celui-ci de la queue de la petite machine. En même temps il fit emphatiquement un grand geste pour que l'on s'écartât.

 

On entendit un léger bruit. On vit la partie supérieure de 1'appareil s'élever en hauteur mieux qu'un oiseau, en émettant un sifflement strident sous les regards médusés de l'assistance. Puis l'engin retomba avec une explosion un peu plus loin sur un champ de bataille en réduction qu'on avait placé là. Le souffle balaya presque instantanément les soldats de terre cuite et les transforma en poussière.

 

« Quel prodige ! » s'exclama quelqu'un.

 

-« Qui connaîtra le secret de cette machine de guerre et sera capable de 1’amener à une taille suffisante gagnera toutes les batailles et dominera le monde ! » dit Sardonica sentencieusement.

 

- « C'est toute la difficulté, Madame la Comtesse que de 1’amener à une taille suffisante ! ».

- « Demandez ce dont vous aurez besoin et vous l'aurez : des hommes et de l'argent ! »

- « Oh l'argent... » Fit le vieux savant en joignant ses mains, un peu comme le potier modelant amoureusement les formes de la cruche, « Ce n'est pas tout ».

 

Et il regardait Sardonica par en dessous avec des yeux qui vibraient de passion, comme un feu qui couvait. Son ton était si anodin qu'on pouvait à peine le taxer d'incorrection. Bien qu'il fût clair que cette vermine malpropre aurait voulu se mettre dans le lit de Sardonica.

 

Sardonica eut pu faire mine d'ignorer l'allusion, mais elle répliqua sèchement : « Sais-tu très honorable savant que je n'aime pas tellement les hommes et que ceux qui m’ont eu ont tous été tuée, soit de mes propres mains, soit de celle de mes guerriers et que la situation d'être mon amant n'est point si avantageuse qu'il pourrait y apparaître au premier abord ?

 

- « Je le sais Madame la Comtesse, et je ne voulais point vous offensés. »

Il balbutiait. « A mon âge, on radote parfois et on dit de vilaines sottises. ».

 

« Je te pardonne » et Sardonica lui toucha l'épaule. « Je sais que tu me sers bien et je ne serais point une ingrate ».

 

Il m'était point question pour elle de s'aliéner ce séide qui lui était dévoué corps et âme, et prêt à tout pour lui complaire. Elle lui laissait toute possibilité d'espérer ce qu'il voudrait.

 

Nous passâmes dans une autre salle, « les miracles n'étant point terminés ».

 

Je me mis à réfléchir à  ce que Sardonica venait de narrer au sujet de ses amours humaines à savoir le fait qu’aussitôt après avoir consommé elle tuait ses amants d’un jour. Cela aussi se racontait d’ailleurs au château, à mots couverts. Il se disait  aussi que parfois, elle-même, au cours d'une revue militaire ou d'un combat de lutteurs, choisissait un très bel homme et le faisait amener au Palais après qu'il eut été apprêté. On ne le revoyait jamais. Ses relations soupçonnaient bien un peu la cause de sa disparition, mais se taisaient par crainte. Et on oubliait le malheureux.

 

Sardonica dut lire an mes sombres pensées car, avec un air moqueur, elle me pinça assez rudement l'oreille, en m'y chuchotant quelque chose d'une voix musicale. Son attouchement raffiné me fit frémir par tout le corps et de bien-être et de terreur.

 

Soudain l'un des esclaves, à uelques pas de nous, sans doute troublé par la venue de Sardonica se laissa tomber sur les pieds une lourde pierre...Il fit une incroyable grimace de douleur, mais aucun son ne sortit de sa bouche , quoiqu'on se rendait bien compte qu'un formidable cri aurait voulu jaillir de ses entrailles. Un officier des gardes noirs de Sardonica répondit à ma muette interrogation :

 

« Pour qu'il ne révèle point de secrets, comme aux autres, on lui a coupé la langue. »  Cela ne me choqua qu'à demi. Je m'habituais de plus en plus à vivre dans cette horreur.

 

« En route pour les volières des hommes oiseaux » dit un savant d'une voix de Stentor.

« Les hommes-oiseaux , qu'est-ce cela encore ? „ pensais-je.

 

Nous remontâmes dans le chariot et partîmes au travers des couloirs souterrains, éclairés de place en place par des flambeaux qui jetaient des clartés inquiétantes et dansantes.

 

Je compris vite de quoi il s'agissait.

 

(A suivre)

 

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Published by Michel Dubat - femme panthère, Enfer, Fantastique, Fantasy, Dark, homme-oiseaux

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