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Articles avec #cinema x

Michel Lemoine

Michel Lemoine

Michel Lemoine

par Philippe VASSEUR

 

Michel Lemoine est né en 1922 et, s'il n'a eu ni le talent, ni la prolification de Jean Rollin, il reste malgré tout une figure incontournable du cinéma bis, tant sa vie et son parcours artistique ressemblent à une aventure démentielle.

 

Formé au théâtre classique dès ses 19 ans, il apparaît dans de nombreux rôles aux côtés d'Edwige Feuillère et de Sacha Guitry. Avec sa grande taille, sa tête de play-boy, il semble destiné à une belle carrière d'acteur mais Michel souhaite emprunter les chemins détournés : attiré davantage par le cinéma que par le théâtre, il s'exile en Italie et on le retrouve dès 1962 dans des "chefs-d'œuvre" du cinéma bis italien très prolixe en la matière : il y a entre autres ce Monstre aux yeux verts dans lequel il tient le personnage principal d'un robot extraterrestre ; prestation tout à fait admirable ! En Italie, son physique à la fois séduisant et inquiétant le fait accéder à de multiples rôles : il joue dans des westerns spaghettis, des films d'espionnage et à nouveau des films d'horreur.

 

Michel est une "star" du cinéma bis italien à tel point qu'il reste presque 10 ans au pays de Dante. Il fait un retour en France au tout début des années 70, non sans avoir fait un détour par l'Espagne pour tourner aux côtés du Maître Jess Franco dans l'excellent Nécromicron (1968).

 

En 1970, qu'est-ce qui fonctionne le mieux dans le cinéma français "non élitiste". Eh bien, le sexe, ma petite dame ! Emboîtant le pas au camarade Max Pécas qui brille déjà dans cette catégorie depuis 1960 environ (il joue d'ailleurs dans un de ses films Je suis une nymphomane (1970)), Michel se dit alors : "Pourquoi pas moi ?" Dès lors, Lemoine devient acteur et réalisateur de ses propres films, tous érotiques soft : libertin et "mangeur de la vie" comme il se définit, les scénarios de quelques-uns sont très largement inspirés de sa vie débridée et consentie avec sa femme, Jeanine Raynaud, ancienne mannequin.

 

Entre 1972 et 1973, il réalise quatre films descendus par la critique malgré des qualités évidentes pour le genre (Les Chiennes restent le plus abouti des quatre). Mais Lemoine, entre deux collaborations avec le sulfureux José Bénazéraf, ne veut pas se satisfaire de films érotiques "purs jus". Il veut construire son œuvre, à l'appui d'un genre qui en France n'a jamais tiré aussi fort sur la poignée de frein horrifico-érotico-débile.

 

Ce film s'intitulera Les week-ends maléfiques du Comte Zaroff.

 

Il sort en 1976 et finalement... ne sort pas... censuré d'emblée par les gendarmes de la diffusion cinématographique. La bonne maison attribue aux week-ends... une incitation au meurtre sans y mettre une seule notion de poésie.

 

La sanction est ubuesque tandis que le cinéma français tenait là une parodie délirante du film d'horreur, avec ses chasses aux femmes dans le parc d'un château et ses hallucinations impossibles. Michel Lemoine, en puisant dans le très mauvais goût et le très sordide, nous démontrait qu'on pouvait en faire une farce totalement géniale.

 

Tant pis ! Le film, grâce au VHS, allait connaître une 2ème vie à l'étranger sous le titre "Seven women for Satan".

 

En attendant, Michel ne se remit pas de cet échec.

 

Entre-temps, l'érotique soft s'était fait largement damer le pion par le cinéma X. Pour rebondir et "gagner sa vie", il n'eut pas d'autre choix que de se lancer dans ce genre sous divers pseudonymes et sans y apporter une réelle originalité.

Il enchaîne donc les films X pendant presque 10 ans, en précisant qu'il laissait à son chef-opérateur le soin d'organiser et de filmer les scènes explicites.

 

Pendant ce temps, "il allait se promener ou allait à la plage". Au début des années 90, il fait encore quelques apparitions dans des productions marginales. Puis il prend une retraite heureuse et sans rancœur dans une maison dans le Cher. Il est décédé en 2013 dans le plus parfait anonymat.

 

En 2020, les week-ends maléfiques du Comte Zaroff a été réédité en blu-ray. Belle revanche posthume pour une de nos figures emblématiques du cinéma Bis.

Week-ends maléfiques du Comte Zaroff

Week-ends maléfiques du Comte Zaroff

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