Les Yeux sans visage
de Georges Franju,
France, Italie, 1960
Le Festival Lumière Grand Lyon 2014, nous offrent à voir une programmation SF/FANTASTIQUE/HORROR, importante et de qualité.
Avec « les yeux sans visage » nous avons l’exemple que « maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (Lavoisier) si ce n’est en chimie, mais dans le cinéma de l’imaginaire.
Franju étant très influencé par Louis Feuillade (né le 19 février 1873 à Lunel (Hérault), et mort le 26 février 1925 à Nice (Alpes-Maritimes), Leos Carax rendant hommage dans Holy Motors à « Les yeux sans visages » Pédro Almodovar sans inspirant pour « La piel que habito » pour laquelle il dira de Banderas « qu’il ne fut jamais aussi juste que dans ce rôle ».
Je ne serais que trop vous déconseiller soit au « Village du Festival » soit chez les distributeurs de vous procurez le DVD du film.
Résumé du film
Le docteur Génessier (Pierre Brasseur) est un neurochirurgien réputé, dont les recherches scientifiques, et en particulier celles concernant les hétérogreffes, lui ont assuré une renommée internationale. Mais un drame a bouleversé sa vie : sa fille Christiane (Édith Scob), complètement défigurée à la suite d’un grave accident, a disparu de la clinique où elle était en traitement. Un jour, on repêche dans la Seine le corps d’une jeune fille au visage rongé, et Genessier, convoqué à la morgue, reconnaît formellement sa fille. Les obsèques ont lieu le surlendemain. Mais une jeune patiente est recluse dans la villa du médecin et des jeunes filles blondes disparaissent…
Les Yeux sans visage est sans doute la première des rares incursions du cinéma français dans le cinéma d’épouvante. Entre horreur réaliste et poésie, l’histoire d’un savant, certes fou, mais d’amour pour sa fille défigurée, prêt à tout pour lui redonner son visage et son sourire. Le docteur Génessier est un homme normal, mu ni par la haine ni par le sadisme, un père aimant et non un docteur Mabuse. Drame de l’amour fou, Les Yeux sans visage questionne la passion, la déraison, la science et ses déviances. Un film d’épouvante sans monstres, proposant une vision désespérée de l’humanité.
Héritier du réalisme poétique et du surréalisme, Franju déclarait : « ce qui me plaît, c’est ce qui est terrible, tendre et poétique ». La mise en scène installe un climat de peur palpable grâce au jeu atone des comédiens (Brasseur et Valli, son âme damnée, sont glaçants), à la précision des descriptions (les scènes d’opérations filmées comme des documentaires), et surtout au noir et blanc d’Eugen Schüfftan, un des artisans de la lumière du cinéma expressionniste allemand, auteur de ce clair-obscur saisissant.
« Il fallait beaucoup d’audace pour oser un tel film, le calme presque monstrueux de Pierre Brasseur et la légèreté de fée de Melle Scob pour le rendre supportable. Mais le film d’épouvante possède des titres de noblesse et Franju n’a pas oublié la grande règle qui consiste à traiter l’irréel avec le maximum de réalisme. […] Les ancêtres de ce film habitent l’Allemagne, cette Allemagne de la grande époque cinématographique de Nosferatu. De longue date nous n’avions pas retrouvé la sombre poésie, l’hypnose que provoquent le macabre, les maisons funestes, les monstres fabuleux de l’écran. […] Franju n’hésite pas au bord. Il plonge. Il nous mène implacablement jusqu’au bout de ce que nos nerfs supportent. » (Jean Cocteau, cité dans Georges Franju, Gabriel Vialle, Seghers)
Des plumes au scénario
Pour travailler à l’adaptation du roman de Jean Redon, on fait appel à de grands noms : Pierre Boileau et Thomas Narcejac, auteurs en commun de nombreux romans policiers à succès, et Claude Sautet qui allait cette même année réaliser son premier film, Classe tous risques.
Almodóvar et Les Yeux sans visage
Le film de Franju était le seul qu’Almodóvar avait en tête au moment du tournage de La piel que habito : « Comme dans ce film, je voulais raconter une histoire de terreur, mais sans l’attirail habituel des peurs et des sursauts. Comme chez Franju, j’aspirais à une intensité dans la terreur qu’on pourrait qualifier de lyrique, tout en restant au plus près du quotidien de mes personnages principaux. » (Positif, n° 607, septembre 2011).
Hommage
En 2012, le cinéaste Leos Carax rend hommage dans Holy Motors au film de Franju et à son interprète Édith Scob. La comédienne y interprète Céline, qui, au volant d’une limousine blanche, conduit Denis Lavant de rendez-vous en rendez-vous. À la fin du film, elle revêt le masque de Christine dans Les Yeux sans visage.
Casting et équipe du Film
Les Yeux sans visage
France, Italie, 1960, 1h28, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Georges Franju
Assistant réalisation : Claude Sautet
Scénario : Boileau-Narcejac, Jean Redon, Claude Sautet, Pierre Gascar, d’après le roman Les Yeux sans visage de Jean Redon
Photo : Eugen Schüfftan
Musique : Maurice Jarre
Montage : Gilbert Natot
Décors : Auguste Capelier
Costumes : Marie-Martine
Production : Jules Borkon, Champs-Élysées Productions, Lux Film
Interprètes : Pierre Brasseur (le docteur Génessier), Alida Valli (Louise), Juliette Mayniel (Edna Gruberg), Édith Scob (Christiane), François Guérin (le docteur Vernon), Alexandre Rignault (l’inspecteur Parot), Béatrice Altariba (Paulette), Charles Blavette (l’homme de la fourrière), Claude Brasseur (un inspecteur), Michel Etcheverry (le médecin-légiste), Yvette Étiévant (la mère), René Génin (Tessot), Lucien Hubert (un homme au cimetière), Marcel Pérès (un homme au cimetière)
Sortie en France : 11 janvier 1960
Sortie en Italie : 3 mai 1960
FILM RESTAURÉ
Gaumont
Biographie Georges Franju
Nationalité Français
Naissance 12 avril 1912 (Fougères - France)
Décès 5 novembre 1987 à l'âge de 75 ans (Paris - France)
Né à Fougères le 12 avril 1912, en Ille-et-Vilaine, rien ne prédestinait Georges Franju à faire une carrière artistique. Effectuant des études qu’il qualifie lui-même de "sommaires et primaires", il exerce divers métiers, comme employé dans une compagnie d’assurance ou cloueur de caisses chez un marchand de nouilles ( !). Il devient décorateur de théâtre puis affichiste, jusqu’à son service militaire qu’il termine en 1932. Dans son nouvel emploi au sein d’une imprimerie, il fait alors une rencontre déterminante pour le restant de sa carrière : celle d’Henri Langlois.
Leur passion commune du cinéma les pousse à tourner ensemble leur premier court-métrage, Le Metro, en 1934. Franju est alors à la prise de vue, tandis qu’Henri Langlois s’occupe du montage. En 1936, ils fondent le ciné-club "Le Cercle du cinéma". La première représentation est organisée grâce à de l’argent emprunté à la famille de Langlois. De ce souci de préserver les films –et les montrer- naît, le 9 septembre 1936, la Cinémathèque Française, fondée par Franju et Langlois, avec le soutien de Jean Mitry. En 1938, Franju devient le secrétaire exécutif de la Fédération Internationale des archives du film (FIAF).
En 1946, il fonde même l’Académie du cinéma, qui organise des conférences internationales.
Filmographie
1978 Le Dernier Mélodrame Réalisateur
1977 La Discorde Réalisateur
1976 Georges Melies raconte par son fils Réalisateur
1976 Photos souvenirs de Madeleine Renaud Réalisateur
1973 Nuits rouges Réalisateur
1970 La faute de l'abbé Mouret Réalisateur
1969 L'Affiche et la rue Réalisateur
1969 Strasbourg (court-métrage) Réalisateur
1968 La Normandie de Marcel Proust Réalisateur
1968 Service des affaires classées Réalisateur
1967 Amiens, ville ouverte (court-métrage) Réalisateur
1967 Eiffel, le magicien du fer (court-métrage) Réalisateur
1967 La Tapisserie de Bayeux Réalisateur
1967 Le Modern'Style a Paris (court-métrage) Réalisateur
1967 Le Musée d'Arromanches Réalisateur
1966 Rencontre avec Fantomas (court-métrage) Réalisateur
1965 Marche aux puces (court-métrage) Réalisateur
1965 Paris est une forêt (court-métrage) Réalisateur
1965 Thomas l'imposteur Réalisateur
1963 Judex Réalisateur
1962 Thérèse Desqueyroux Réalisateur
1961 Pleins Feux sur l'assassin Réalisateur
1959 Les yeux sans visage Réalisateur 1
958 La Première Nuit (court-métrage) Réalisateur
1958 La Tête contre les murs Réalisateur
1958 Notre-Dame, cathédrale de Paris (court-métrage) Réalisateur
1956 Le Théâtre national populaire (court-métrage) Réalisateur
1956 Sur le pont d'Avignon (court-métrage) Réalisateur
1955 A propos d'une rivière (court-métrage) Réalisateur
1955 Mon chien (court-métrage) Réalisateur
1954 Les Poussières Réalisateur
1953 Monsieur et Madame Curie (court-métrage) Réalisateur
1952 Le Grand Méliès (court-métrage) Réalisateur
1951 Hôtel des Invalides (court-métrage) Réalisateur
1950 En passant par la Lorraine (moyen-métrage) Réalisateur
1948 Le Sang des bêtes (court-métrage) Réalisateur
1934 Le Metro (court-métrage) Réalisateur
Acteur
2004 Le Fantôme d'Henri Langlois lui-même
Scénario
1970 La faute de l'abbé Mouret Dialoguiste
1970 La faute de l'abbé Mouret Scénariste
1965 Thomas l'imposteur Scénariste
1962 Thérèse Desqueyroux Scénariste
1959 Les yeux sans visage Scénariste
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