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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

Articles avec #comtesse

Sardonica (18)

Lorsque je me levai à l'aube, jamais je ne vis chose plus extraordinaire que cette troupe déjà en ordre dé formation, s' agitant et bruissant sous le soleil naissant.

 

Formidable et terrible armé, plus importante peut-être que celle d'Hannibal, avec, comme la sienne ses régiments d'éléphants encarapaçonnés de métaux luisants, armés d'éperons terribles, portant des guerriers dans une sorte de petite fortification sur leur dos. Ces éléphants devaient produire un effet de terreur sur les ennemis qui les rencontraient. Ceci pour deux raisons et par leur masse énorme, et par le fait que ces ennemis n'avaient n’avais vu pareils animaux qui vivait habituellement sous d'autres climats.

 

Lorsque vieux moine, je me muets à écrire ceci, ma mémoire semble se déployer en ondes, comme une eau, et les choses par vagues me redeviennent sensibles. Je revois les moindres détails de ce départ pour la guerre avec les chevaux harnachés hennissants, les âcres odeurs, les visages des guerriers farouches sachant qu'ils ne reviendraient peut-être pas de ce voyage belliqueux. Je revois même de tout jeunes gens blancs de peur sous les harnais, pour qui sans doute c'était la première expédition, trembler dans le pâle matin....

 

Et Sardonica fière, terrible, et les yeux luisants comme des brasiers, contemplant sans tressaillir, les traits figés, cette nuée d'hommes en campagne et ce paysage.

 

Puis le soleil commença à éclairer les collines ocre qui semblaient comme provenir d'un autre monde que le notre, sauvage où toute vie était brûlée.

 

« En avant ! »  Cria Sardonica. Et l'ordre fut répercuté par les officiers, courant en un frémissement le long de l'amenée á l'arrêt, comme une onde sur une colonne vertébrale.

 

Le gigantesque monstre articulé s'ébranla. Lâché dans les pays í1 ne connaitrait ni sentiment ni morale, mû seulement par son ordre et sa logique intrinsèque. Gâre à ceux qui se trouveraient sur son passage !

 

Nous parcourumes, durant des jours et des jours les bois et les campagnes, les plateaux dénudés. Nous ne rencontrâmes plus âme qui vive dès que nous fûmes en terrain adverse ; alors que nous pouvions quelquefois trouver encore la table míse et la fumée sortant du toit. Même les animaux semblaíent fuir à l'approche de cette sauvage armée comme mus par une secrète prescience.

 

Cependant, parfois, dans 1e lointain, sous croyions voir des gens qui nous observaient, saus doute pour renseígner l'ennemi et des chevaux. Ils disparaissaient aussitôt que nous faisions mine de nous diriger dans leur direction.

 

Mais ils ne pouvaient qu'aller rendre compte à ceux qui les avaient envoyés de l'immensité de l'armée qui  était en face d'eux et de 1a difficulté de 1a vaíncre.

 

Parfois aussi une eieílle femme était eacore 1à, assise sur une pierre dans ses vieux vêtements rapés. On l'avait laissé parcé qu'elle était une bouche inutile à nourrir et qu'elle ne pouvait plus se trainer, en pensant que sa mort ne serait que de peu avançée. Elle aussi n'était peut-être pas désespérée d'en finir avec cette víe qui ne lui avait jamais rien apporté et qui lui apportait encore moins aujourdh’ui.

 

Mais les cavallers passaient tranquilles en lui jetant un regard impavide. Ils n'avaient nulle intention de 1a tuer. Elle était condamné à nourrir lentement abandonnée de tous et même d'elle-même. Elle avait trop vécu 1a vieille !

 

Et moí, et moí? Je chevauchais au côté de Sardonica très fier d'être son clerc et ne craignant ríen qui puisse m'arriver. Nous étions entourés de ses panthères qui allaient et venaient autour de nous, montrant les dents dès qu'un inconnu d'elles essayait de s'approcher.

 

Je pouvais voir sur son visage sa perplexité face à cet enaemi insaissisable. Ils ne pourraient reculer indéfiniment. I1 faudrait bien qu'ils livrent bataille un jour !

 

Nous arrivames en vue de la première des cités fortifiée de l'ennemi, brillante sous le soleil, aggrípée avec une incroyable audace à un éperon rocheux de la montagne, au-dessus du vide. Elle avait été construite par un ancêtre pillard du Baron de Stabilian sans doute pour mieux détrousser les voyageurs et les pèlerins.

 

Je fis part à la Comtesse -non sans quelque naïveté peut-être- de la grande difficulté d'enlever ce nid d'aigle, ce qui cependant s'avérait indispensable, car il contrôlait une des rares routes d'accès aux terres de nos adversaires.

 

« Nous avons déjà fait le nécessaire » me dit-elle un peu narquoise. Et la colonie continua d'avancer sans qu'apparemment celà entraîna quelque réaction visible des habitants de la forteresse.

 

Chose curieuse, les lourdes portes étaient grandes ouvertes et les deus sentinelles censées les garder semblaient etre écroulées dans un coin. Tandis que nous approchions au petit trot, mon cheval frissonnait d'inquiétude. La tenue de ces deux guerriers paraissait à peu près intacte, mais leurs visages sous les casques semblaient dévastés et les mouches et la vermine se disputaient leurs yeux, seule chose qui apparaissait encore quasiment vivante.

 

« Ne les touches pas ! » me cria Sardonica. Je n'en éprouvais aucune envie. Ils étaient pétrifiés là, les armes à leurs cités, vaincus sans combattre par un ennemi qu'ils n'avaient pas vu venir.

 

Nous pénétrâmes craintivement dans la Cité. Tout n'était que silence morne et dévastation. Ça et là des corps surpris dans les positions les plus diverses, en putréfaction, rongés. On en trouvait même dans les échoppes, au milieu des marchandises qui pourrissaient.

 

On pouvait se rendre compte à leurs attitudes qu'ils avaient tenté d'échapper à la mort, et qu'au-delà de la vie ils criaient encore leurs dégoûts de la mort. Une puanteur effroyable, à faire fuir un porc emplissait ces lieux.

 

Par vagues les soldats entraient à l'intérieur de l'enceinte et la stupéfaction et l'incrédulité se lisaient aussitôt sur leurs visages...

Soudain, sorti d'on ne sait où, apparut 1a seule personne encore vivante du Fort, aussítôt entourée par un cercle de spectateurs surpris et curieux d'en savoir plus. C'était un bon gros marchand que j'avais déjà rencontré au Palais de Sardonica. Il y venait parfois vendre des étoffes chatoyantes, venues par caravanes de 1'Oríent lointain, aux Dames nobles et aux riches bourgeoises. --- Gonflé comme une outre de vin, i1 était curieusement emballé dans une tenue bouffante décorée de riches motifs.

 

I1 salua Sardonica avec une dévotion un peu outrée. Elle 1e regardait de ses yeux verts où jouaient légèrement et le mépris et l'ironie. Je coimnençais à comprendre 1e rôle de cet immonde personnage. ...

 

« J'aí fait ce qu'il avait été convenu. » dít-í1, «J'aí empoisonné les puits la nuít lorsque tout 1e monde dormait»

 

« Tu seras payée »  rétorqua-t--elle,  « ne crains rien »

Elle lui fit remettre par l'un de ses commis un énorme sac d'or. I1 se perdít en remerciements tandis que ses yeux brililaient de convoitise. Elle donna un ordre sec à quelques soldats et l'on vít 1a physionomie et 1'attítude du marchand changer à vue d'oeí1. « Accrochez le à un poteau ! » et se tournant vers 1e marchand qui se cramponnait rídículeusement au sac comme un nauffragé à un morceau de bois elle ajouta: « Tu pourrras ainsi admirer ton or plus à loisir » et sans un autre regard elle le laissa là.

 

Nous ne trouvâmes aucun autre vivant dans 1a forteresse.

Et ayant pris bíen garde de ne rien toucher, nous repartimes au pas de nos chevaux...

 

(A suivre)

 

 

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Quelques jours après cette scène, je me rendis au casernement où s'entraînaient les nouvelles recrues. En dehors, bien sur, des officiers instructeurs, un très petit nombre seulement de personnes étaient autorisées à y pénétrer. Un mur immense dont la population ne devait pas s'approcher encerclait l'ensemble des installations Il était surmonté de fers acérés et tranchants de formes biscornues.

 

Nous pénétrâmes du l'intérieur du camp. Une vaste cour payée de dures pierres noires, était entourée par des bâtiments austères comme des constructions religieuses. Au centre de cette cour, sur un énorme piédestal, une gigantesque panthère en métal extrêmement brillant attirait irrésistiblement l'oeil.

 

A mon immense surprise je ne pus qu'admettre que cet animal était tout entier en Or. Et il brillait de mille feux â la clarté du soleil. Les yeux, eux, étaient constitués  de deux diamants, plus gros que jamais homme n'en vit, réverbérant en un éclat terrible de leurs facettes la lumière du jour. Cette vision vous terrorisait sur place.

 

Le chef de l'école, entouré par, ses sbires comme par un cercle d'insectes malveillants, s'avança au devant de nous. Ils étaient tout de noir vêtus, la mine austère et les traits de leurs visages sans expression étaient d'une froideur de glacée. S'agissait-il encore d'êtres humains ou de machines impeccables qui allaient implacablement vers ce pourquoi elles étaient construites ?

 

Au commandement des officiers, on fit entrer les recrues par quatre portes aux quatre coins de la cour. Ils se déversèrent comme quatre flots de lave noire irrésistiblement pour se mettre en croix autour de la statue d'Or.

 

Sardonica et notre groupe s'avancèrent au milieu de l'allée centrale. Nous nous trouvâmes bientôt au pied de la panthère. Je me pus encore une fois m'empêcher de noter la ressemblance frappante entre la gracieuse puissance de cet animal et celle de la Comtesse infernale et la même férocité dans le regard.

 

" Viva Sardonica !" crièrent les soldats en se prosternant devant elle. Son visage reflétait une intense satisfaction de constater la puissance qu'elle exerçait sur les hommes. " Nos vies lui appartiennent 1 Elle seule sait ce qui est bien ! « Viva Sardonica ! »

 

On sentait venir jusqu'à nous le rayonnement troublant de ces jeunes mâles, mélange d'ardeur virile et de sensualité. Sur un geste impérieux de la Comtesse, ils se relevèrent. Le sourire de Sardonica ne m'avait jamais apparu si sauvage, si énigmatique, à quoi songeait-elle ? Quel Destin préparait-elle à ces jeunes âmes ? Elle seule le savait, et disposait d'eux à leur insu.

 

Nous allâmes nous installer dans une sorte de tribune apportée à la hâte pour la parade. On avait amené aux officiers leurs chevaux. Ils se mirent chacun à la tête d'une escouade d'hommes regroupés derrière la bannière noire qu'ils brandissaient. Et aux sons des tambours et des trompettes commença le sinistre ballet. Ces ballerines de la mort se croisaient, s'enlaçaient avec une coordination remarquable, comme si elles n'étaient que des anneaux d'un même serpent géant.

 

Elles se déployaient comme si elles éclataient, puis se regroupaient et venaient former des sortes de roses noires qui se mettaient à tourner sur elles-mêmes comme prises de folie. Puis deux par deux, comme des couples d'horribles ménages, elles se grimaçaient l'une en face de l'autre et entrecroisaient leurs armes avec Férocité. Puis elles se remettaient avec les autres pour danser à nouveau au son d'une terrible musique qui vous remplissait du désir d'en découdre, même malgré vous, en vous distillant une sorte de poison subtil dans le sang.

 

Puis un coup de cymbales arrêta les danses guerrières et chacun reprit sa place en bon ordre.

 

Ensuite nous visitâmes les locaux de l'école. Tout était fait en vue du culte de Sardonica. Partout des écussons et des armes représentant la panthère stylisée ouvrant sa gueule béante et étirant ses griffes. Partout aussi des devises rappelaient aux soldats leur devoir et exaltaient l'esprit de sacrifice.

 

Après quoi, on nous conduisit au-delà des bâtiments.

 

Des stades, vastes comme ceux de l'Antiquité étaient destinés à perfectionner les coups, à la course et aux différents sauts et lancers.

 

 

Plus loin on pouvait voir la reproduction assez réaliste d'un vrai champ de bataille parsemé d'obstacles divers : murs, fossés, rivières...Ça et là sur ce terrain, des figurines disséminées représentaient les différents types d'adversaires avec clairement indiqués les points où il fallait les frapper pour être sur de tuer à tous coups.

 

Nous assistâmes à différents exercices simulés de guerre. D'abord un seul combattant chevauchant un destrier lancé au galop essayait de viser au bon endroit la cible qui alors se mettait à tourner sur e11e-méme, comme si elle était devenue folle. Puis deux par deux, différemment armée, un peu comme les gladiateurs dont nous parlent les conteurs latins, des hommes se défièrent. Enfin il y eut de petits groupes opposés les uns aux autres.

 

« De jeunes loups, de jeunes loups » me murmura Sardonica, l'oeil intéressé. C'était bien en effet de jeunes loups qui combattaient avec acharnement et pugnacité. On dut les arrêter avant qu'ils ne s'entretuent pour de bon, tant ils s'étaient pris au jeu.

 

« C'est un peu dommâge ! » ajouta Sardonica, « mais nous en aurons bien besoin d'ici peu... ».

 

(A suivre)

 

 

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Ma nouvelle vie me plaisait fort. J'allais et venait dans la Cité, vêtu de riches vêtements. Je déambulais par les rues bruissantes de vie, avec curiosité, visitant les échoppes des marchands, recélant des tapis venus des pays lointains et des épices rares, les boutiques des artisans où l'on voyait leur belle ouvrage, les feux du four illuminant l'atelier.

 

Partout où je passais, les gens s'écartaient peureusement et j'entendais murmurer « C'est l'homme de la Comtesse ! » et un frémissement parcourait la foule. Même le forgeron qui partant du fer brut, dans son antre, tel un démon, en jouant avec le feu, en tire une belle épée pour occire les ennemis, semblait me craindre...

 

Le coiffeur du Palais arrangeait chaque jour mes longs cheveux bouclés que je laissais pendre sur mes épates. Moi, habitué à l'austérité du couvent, je prenais goût à l'élégance et à. la toilette, et à toutes les frivolités que m'avaient déconseillées mes éducateurs.

 

Je me mis à jouer aux cartes et à lorgner les belles. Car l'amour que j'éprouvais pour Sardonica - impossible, pensais-je - ne m'empêchait pas de regarder les autres filles, pas plus que la vue d'un bon repas qu'on ne peut avoir ne saurait supprimer l'appétit. Et le soir,dans les tripots du château , je jouais grosses sommes avec des officiers et des notables. En effet j'avais l'argent en abondance, Sardonica me donnant des bourses peines d'or, â profusion, sous tous les prétextes.

 

J'avais même à. moi un beau cheval, noir comme celui de la Comtesse et qui caracolait presque aussi bien que le sien, avec ses armes frappées sur son équipement, comme elles l'étaient toujours sur mon vêtement : unepanthère stylisée tirant une langue fourchue et écartant ses immenses griffes.

 

Ce m'était pas là la vie d'un prêtre, et ce pourquoi mes bons maîtres m'avaient préparé. Plus les jours passaient, plus j'avançais dans l'intimité de la Comtesse. Bientôt même, je ne pouvais plus me passer de sa présence, et elle non plus ne semblait plus pouvoir se passer de moi. Si je restais absent un certain laps de temps, elle me faisait mander, et son oeil se posait aussitôt sur ma jeunesse avec un regard attendri et rassuré, presque heureux.

 

Plus j'avançais dans son intimité, plus je fis la connaissance réelle de Sardonica, et je découvris son étrange personnalité et ses activités.

 

Après quelque temps, elle me reçut dans ses appartements,à toute heure du jour et de la nuit, où elle me dictait son interminable correspondance. Il me surprit qu'elle dictât son courrier la nuit; mais je compris que la notion de vie diurne et de vie nocturne n'avait pas la même signification pour elle que pour les autres humains. Elle semblait, en effet, préférer s'activer la nuit et dormir le jour, comme certains rapaces ou félins, créatures de l'ombre. Je remarquai mime qu'elle se déplaçait avec unegrande aisance dans l'obscurité, son oeil vert semblant s’ouvrir plus encore...

 

Elle correspondait avec tous les seigneurs des contrées environnantes, et, avec ses agents et ses espions qu'elle entretenait jusqu’en, de lointains pays. Aussitôt écrites, elle faisait porter ses lettres par des messagers.

 

Elle poursuivait d'immenses but de subversion, opérant par tous les moyens : le lucre, la dénonciation, l'empoisonnement, le crime, la corruption, les filles vénales....

 

 

 

Elle ignorait bellement ce que l'on peut appeler le sens moral. Ce qu'elle voulait c'était le pouvoir, et ce pouvoir pas seulement par goût de puissance, mais aussi pour pervertir les gens et les soumettre à ses fins sataniques, à ses buts immondes et pervers. Et je le savais, et je le tolérais, plus même j'y participais.

 

Mon seul bonheur était d'être près d'elle, d'assouvir ses volontés et de sentir son rayonnement puissant. Je tressaillais d'aise dès qu'elle me touchait ou les cheveux ou le bras. Ses rares compliments étaient pour moi de nobles cadeaux qui me ravissaient l'âme. Et j'étais prêt à me damner pour elle, sans coup férir, pour profiter de sa présence une minute de plus.

 

Je dus m'habituer à tout pour lui complaire et connaître ses manières les plus déroutantes. En effet, dans ses appartements particuliers, dans une tour du château elle vivait avec ses panthères. Celles-ci allaient et venaient en toute liberté, ondoyantes et souples, se vautrant sur les tapis, ouvrant les gueules, tirant les griffes et faisant luire leurs dents.

 

Sardonica eut l'obligation d'expliquer avec patience à ses animaux qui j'étais, et me faire sentit longuement par eux de leurs mufles sensibles, pour qu'ils ne me prissent point pour un ennemi de leur maîtresse et ne me dévorassent point. Et ils s'habituèrent à moi, me léchant les mains et me frôlant de leurs corps aux senteurs fortes avec un certain plaisir.

 

J'étais adopté dans ce cercle étroit et je savais ce que personne ne savait. Mais je n'ignorais point aussi que si je ne restais pas silencieux, mes bavardages seraient sévèrement punis. Et un frisson glacé parfois me parcourait l'échine de penser que l’on pourrait me jeter aux panthères qu'il suffirait d'affamer deux ou trois jours, pour les mettre en appétit, comme le disait leur maîtresse, mi-plaisante mi-réfléchie, en précisant, que ma chair fraîche leur plairait sûrement beaucoup.

 

Souvent le soir elle jouait avec ses panthères. Avec des gestes fous et sauvages, elle improvisait des sortes de danses érotiques. Elle se mouvait avec la grâce d'un jeune animal, sa jupe laissant découvrir le haut de ses cuisses et son col s'entrouvrant pour laisser voir sa ronde et fière poitrine.

 

J'étais en adoration, tandis que les lueurs tremblantes des chandelles éclairaient ce spectacle sensuel et beau tout à la fois.

 

Il n'était pas bon dans ces moments de tenter de s'approcher d'elle, car les panthères faisaient preuve de jalousie et vous menaçaient en grognant et en levant la patte....

 

 

Ces soirées m'enchantaient et me terrorisaient tout à la fois.

 

« Cela te surprend » me dit-elle un soir en me voyant écarquiller  des yeux ronds. Elle était allée plus loin que d'habitude et elle entourait de ses bras nus le cou d'un des félins, lui donnait des baisers, et se laissait lécher par lui le visage. « Eux seuls peuvent m'exciter. Les hommes que j'ai essayés ne m'ont apporté que peu de plaisir de la chair. Ils sont trop fades et veules. Tandis qu’eux... » Et je l'entendis ronronner et miauler de plaisir, alors que sa queue que je croyais pièce de décoration à son vêtement s'était mise à bouger d'un façon saccadée.

 

Je me sauvai dans ma chambre, ne voulant pas voir la scène finale où il n’est pas douteux qu'elle copulerait avec ses panthères. Faire acte d'amour avec les animaux est très grave péché que tous les Pères de l’église ont vivement condamné. D’ailleurs ses pratiques particulières étaient bien connues au château, mais on n'en parlait qu'à voix basse par crainte de sa terrible vengeance.

 

Je crois bien que je me mis à pleurer. " Quelle femme m'étais-je mis à aimer ? ». Mais à y bien réfléchir cette créature singulière était-elle une femme ? Et vers quel abîme inconnu de moi mon âme irait-elle basculer et se perdre ?

 

(A suivre)

 

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