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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

Articles avec #hell

Sardonica (23 et Fin)

 

Elle m'attendait bien à la place habituelle, sous les feuilles où dansaient des paillettes dorées. Mais elle ne courut pas au devant de moi, se contentant de me contempler gravement. Mais je crus lire cependant mus son air sévère le vif désir de me revoir et la satisfaction de me savoir encore vivant après tant d'aventures périlleuses.

 

Je décidai de la faire un peu souffrir et me dominant je m'avançai tout naturellement.

 

« Te voilà, cruel ! » me dit-elle abandonnant d'un coup toute sa feinte assurance. Je me précipitai vers elle, et nous fondîmes alors tout deux. Et nous nous bisâmes et nous nous touchâmes,

 

Et  nous pleurâmes dans les- bras l'un de l'autre, faibles comme deus enfants et cela nous était doux...

 

Elle me fit raconter les pérípétíes dont j'avais fierté et dégoût tout à 1a fois. Mais elle ne se lassait pas de m'interroger et encore et encore et après que c'est-í1 passé ?....

EST-ce celà tout ?... , Tu me caches quelque chose...

 

Elle ne me fit grâce d'aucun détail. Au sujet de la Comtesse je dus tout lui avouer. Elle n'en voulut moins que je l'aurais pu croire. « Cela devait arriver » me dit-elle, « Nul homme n'aurait pu y échapper. »

 

Sa robuste sagesse paysanne me fit du bien, peuttre aussi était-ce 1a longue séparation qui l'empêchait de me gronder. Mais elle était prête à tout me pardonner des chosés que je lui pouvais révéler.... Aussi voulant me libérer auprès d'elle, et de moí-même je lui parlai des atrocités dont j'avais été témoin, et que j'avais laissé faire.

 

Elle me regarda avec une compassion intense. « C'est métier de soldat depuis tous temps »  me dit-elle.  « Et c'est faute de la guerre, faute des hommes aussi bien sûr qui dès qu'ils vinrent sur terre ne pensèrent qu'à en découdre pour sols, richesses, femmes, pour tout ce dont on peut être jaloux et rêver possession. Mais toi tu es gentil et tu te repend.... »  ajouta-t-elle en se jetant à nouveau dans mes bras avec un abandon volontaire.

 

Et elle se mít à me regarder d'ur drôle d'air. Je compris ce qu'elle voulait et ce que j'avais à faire ; et je compris que le moment en était venu. Sous 1a lumière dorée comme fruit de mirabelle, j'ouvrís son corsage et touchai 1a fleur de son sein.

 

Nous noue regardâmes gravement, comme si nous devions franchír la porte interdite. Je suçai son téton comme enfant suce celui de sa mère, avec dévotion et appétit, comptant s'y nourrir du suc de la vie. Elle ne résistait pas à mes caresses, mais ne s’y complaisait point trop cepenndant me laissant faire tout au plus avec un tachement serein.

 

« J'avais apporté du vin » me dit-elle en m'arrêtant soudain.

Et elle tira de dessous des cailloux une gourde de peau.

« Je n'avais pas besoin de vin pour étre ívre. »  Répliquais-je. Je lui en offrit une gorgée qu’elle tata avidemnent comme un jeune agnelet. Je bus une autre gorgée. Et nous mélangions dans nos bouches nos vins, nos haleines et nos langues avec éblouissement et appétit. Ses yeux brillaient avec éclat de bonheur et de sensualité.

 

J'arrosai ses seins du liquide de 1a gourde qui s'écoulait par saccades et je 1e léchai goulument. Je 1a mís bientôt complètement nue. Je revois encore sa peau jouant dans 1a lumière tandis qu'elle allait au devant de moí avec une détermination émue. Nos coeurs battaient et 1a fièvre montait de nos corps. Je 1a pris contre moí, tremblante, et 1a couchai doucement sur 1a mousse et les herbes. Le parfum qui montait d'elle était comme odeur rare d'épices d'isles sous 1e vent. Elle laissa voir au creux de ses cuisses amples son charmant petit jardinet qui y reposait doucettement. Et je 1a pénétrai alors qu'elle poussait de petits cris effrayés comme en poussent parfois les oiseaux surpris.

 

***************************************

 

Nous nous re1evâmes contents et émus. « Voilà quí est fait ! » m » dit-elle en me regardant tranquillement; 1e visage un peu rosí par 1e trouble et l'effort. « Nous devrions partir » ajouta-t-elle.

 

« Plus nous restons, plus celà devient difficile ! »

Oui nous aurions du fuir alors, et je 1e savais. Mais je n'arrivais point à me décider. En avais je 1a force et 1e courage d'ailleurs ?

Partir pour faire quoi ? Je ne pouvais guère retourner dans 1'Eglise et quel métier d'autre pouvais-je exercer ? On ne m'avaít appris qu'à: ecríre et à prier dans les couvents.

 

 

******************************************

 

 

Mes fonctions au Palais n'avaient pas cessé de croitre en importance depuis cette guerre et par mon rapprochement avec Sardonica que chacun pressentait et par 1e développement des possessions de 1a Comtesse. En effet les territoires conquis avaient vu 1e meurtre de leurs détenteurs (lorsqu’ils n'étaient point morts à 1a guerre) et leur remplacement par des hommes surs de Sardonica. Et ce n'était qu'échanges de messages entre 1a Comtesse et ses envoyés. Comme une araignée elle tissait peu à peu sa toile et au centre en surveillait tous les fils. De ce fait je devenais un des principaux personnages du royaume. Même mes amis officiers du temps d'avant me fuyaient lorsqu'ils me rencontraient tout en étant fort aimable avec moi, comme mus par une sorte de déférence respectueuse et craintive.

 

Moí et 1a Comtesse faisions souvent l'amour et y prenions toujours autant de plaisir. Celà aurait pu continuer ainsi bien longtemps si un évenement n'avait changé 1e cours de ma destinée. Sans penser à sa sécurité, un soir Sonia s'engouffra dans ma chambre et me déclara à brule-pourpoint avec un air mystérieux qu'elle avait quelque chose d'important pour nous à me déclarer.

 

Je crus deviner...

 

 « Tu m'as fait un enfant ! »  lacha-t-el1e à 1a fois radieuse et repentante. « En es-tu súre au moins ? » répliquais-je. Elle m'assura que oui, me déclara qu'elle avait consulté une matrone renommée au Palais pour ses talents de metteuse au monde d'enfants et m'indiqua les symptomes qu'elle présentait. Celà ne me semblait pas douteux.

 

« En veut-tu aux moins ? » pousuívít-elle.

« Si tu n'en veux pas, 1a matrone pourra me donner des herbes sauvages pour essayer de faire passer ma  faute d'amour. »

 

Je lui répondis que je voulais garder cet enfant de moí et d'elle. Et que si « faute » il y avait, nous avions été deux pour la faire et y avions mis chacun un beaucoup d'ardeur ; et que pour moí je n'avais nulle remord. Ce petit être pas encore né me donna du courage pour envisager enfin ce dont nous parlions depuis si longtemps.

 

« Nous fuirons tous deux ce soi r » dis-je. Et je lui demandais de m'attendre au-delà des fortifications au coucher du soleil. J'ajoutai que je viendrais seulement avec mon cheval.

 

Je ne pouvais amener une autre monture pour Sonia car alors je ne manquerais pas d'attirer 1'attention des soldats de garde en passant sous leur barbe avec un coursier sellé et bridé sans cavalier. Ils pourraient avertir la Comtesse qui comprendrait tout de suite de quoi il s'agissaot.

 

«Je fairais ce que tu voudras »" me répondit Sonia soumise.

 

Tandis que le soir tombait, sans bruit, je harnachai mon cheval blanc que m'avaít donné Sardonica. Il me sembla à son air qu'il comprenait ce que j'attendais de lui et l'importance que celà avait pour moí. Je remplis deux sacoches de plus de provisons que je pus pour pouvoir tenir quelques temps apres notre fuite et je sortis le plus naturellement du monde par 1a porte Ouest au petit trot. Les sentinelles ne semblaient se douter de ríen et se contentèrent de me présenter les armes pensant sans doute que je faisais une tournée d'inspection.

 

Je retrouvai Sonia à l'endroit convenu, dans un petit bosquet d'arbres, sous son fichu un peu apeurée, mais cependant très courageuse. Nous nous embrassames très tendrement, sachant bien qu' i1 ne faudrait point trop nous attarder. La nuit graduellement montaít comme une mer. Je venais de me détacher de Sonia...Ces secondes semblaient et me semblent encore aujourd'hui avoir une durée particulière. Le soleil rougeoyait à l'horizon, mourant en pleine beauté. Tout était calme, plus loin sur son sommet devenu sombre 1e château dd Sardonica ne paraissait presque plus être qu'un mauvais souvenir sortí d'un cauchemard.

 

Puís i1 y eut l'explosion et l'éclair. Un ECLAIR formidable qui me traversa la Vue et me déchira le cerveau. Et un instant le château explosa et fut projeté en l'air par une force interne formidable. Le sol gronda et trembla. Un souffle brulant me traveresa de part en part. Je fus plaqué par terre par une main puissante et sombrai dans l'inconscience. Je crus cependant me souvenir par 1a suite que je me jetai sur Sonia pour tenter de 1a protéger.

 

Je ne me rappelle ríen d'autre. Tout ce que je peux raconter maintenant sur ces évènements n'est que ce que m'ont dit des paysans qui nous trouvèrent ensuite et les moines et les soeurs à qui nous furent confiés ; moí aux moines, elle aux soeurs.

 

Les paysans auraient entendu aussitôt après  l'explosion le formidable cri d'un animal -blessé et vu presqu'en méme temps 1a gigantesque ombre d'une panthère apparaissant au milieu du sinistre. Ils auraient même entendu 1a galopade de cet animal fantôme fuyant pour on ne sait où.

 

Les religíeuses soignèrent Sonia avec dévouement. Son visage et son corps avaient été pourris intérieurement par les terribles émanations de l'explosion de ce que je pense être du "minerais rayonnant" à 1a suite d'une expérience ayant mal tourné. Il parait qu'elle était réellement horrible à voir. Elle mít au monde un petit monstre noir comme du charbon, couvert de poils,avec déjà une geule pleine de dents, qui fut abattu aussitôt à coupe de bâtons par les femmes qui participèrent à l'accouchement.

 

Je ne revis pas Sonia avant qu'elle ne meurre. Ce fut peut-être mieux ainsi pour elle et pour moi. Ainsi je garde en mon coeur le souvenir de ce qu'elle était la première fois que je 1a vis fraiche et belle au détour du corridor. Et je mourrais avec cette image.

 

Moi-même, vieux moine, j'ai été complètement défiguré par l'explosion et je reste ici caché, à l'abri des hommes, auprès des frères du couvent. Je ne souhaite pas être plait, mais désire supporter courageusement mon destin. Certes j'ai eu plusieurs fois aux moments de désespoir l'envie d'attenter à ma vie ; mais qui ne le comprendrait ?

 

Chaque jour, dans ce manuscrit de Ste Véronica, je peins mes mémoires dissimulées dans 1e texte où peut-être un jour un observateur sagace ou chanceux les découvrira. Je lui laisse 1e soin d'en décider l'utilisation. Qu'i1 soit prudent cependant dans ses révélations. Ce récit pourrait répandre des conséquences funestes qu' i1 ne soupçonne peut-être pas !

 

Souvent moi-même j'ai peur lorsque j'écris. Je me demande si on me laissera impunément continuer, si ceux qui savent ne vont pas stopper mon ouvrage et empêcher que ce que j'ai connu n’accède aux générations futures.... J'ai peur. Parfois í1 me semble entendre des pas souples et nerveux tout à 1a fois comme ceux que je connaissais si bien des panthères, derrière 1a porte. Peut-être est-ce que je deviens fou et que ma tête éclate après tant et tant d'épreuves, plus que je ne pouvais en supporter ? Non, cette fois, ces pas dans le corridor, on vient : 1a bête immonde, avec sa gueule, son souffle chaud et ses griffes, et ce regard terr.........................

 

 

*********************************************

Ici s'arrête 1e récit du moine Maroff. La dernière page du manuscrit était à demi lacérée par ce que l'on pouvait prendre pour des coups de griffes énormes et comportait même l'empreinte d'une patte de panthère géante dans du sang noirci et séché par les ans.

 

Ce sont mes dernières notes....

 

Je referme donc mon calepin noir de voyage.

Octobre de 1'A mil neuf cent soixante-dix-huit....

 

John BRISTOL. 

 J. B

Sardonica (z 23 et Fin)

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SARDONICA (20)

 

I1 me souvient si fort de ce passé mort que je me demande si je ne 1e vis pas encore réellement.

 

Le temps était lourd et 1a chaleur épaisse. On suait sous les uniformes et les cuirasses. Les escouades de cette armée étaient frémissantes comme autant de meutes de chiens pretes à 1a curée : 1e bestialisme qui sommeillait en l'homme ne pouvait plus se dissimuler.

 

On amena couchées les tours de bois, tirées par des groupes de chevaux, aux pieds des murs. Et on dressa soudainement ces constructions en l'air. Aussitôt, de leurs sommets, des archers bandèrent leurs arcs et tirèrent des volées de flèches, tandís que des catapultes bombardaient 1a place aux moyens de projectiles de toutes natures, tous plus abominables les uns que les autres.

 

0n conduit à l'une des énormes portes quelques éléphants qui arnachés à un énorme bélier se mirent sur les étranges injouctions de leurs conducteurs à enfoncer les lourds battants. Puissants et intelligents animaux í1 y parvinrent irrésistiblement malgré les nombreux traits piqués dans leur peau qui les rendaient plus furieux qu'ils ne les arrêtaient, et dont ils tentaient de se débarrasser comme si il s'agissait de tiques.

 

Aussitôt notre armée s'engouffra dans cette brèche comme 1e sang jallit d'une veine perforée. Les assaillis, tant bien que mal tentèrent de se regrouper et d'empêcher l'entrée de nos soldats en se battant sauvagement au corps à corps.

Ils ne 1e purent.

 

Et ce fut une lente progression à trayers les fortifications qui s'effectua avec son affreux carnage tandis que nos adversaires se défendaient pas à pas sachant bien que de toutes façons les troupes de Sardonica ne feraient pas de quartier et qu'au bout du compte i1 n'y avait que 1a mort qui les attendait en grimaçant.

 

Cette bataille dans 1e crépuscule qui noircissait de plus en plus avait quelques chose de saisissant : 1e hennissement des chevaux nerveux, 1a brillance des métaux, cette rumeur sourde et chaude à nulle autre pareille. Et pendant que se jouait 1a vaste scène, une sinistre musique l'accompagnait : celle des cris des blessés sur des tons divers, continuellent. Ces cris sont encore ea moi et me font encore frémir aujourd'hui.

 

Quand une bonne partie de 1a troupe eut nétré dans 1a ville, Sardonica, sa Garde personnelle et sa suite ( dont je faisais partie ) entrèrent à leur tour. La Cité nous a apparut comme aussi immense et riche qu'on nous l'avait décrite auparavant.

 

Cependant ça et 1e combat se poursuivait encore. Mais on voyait bien que l'ennemi était irrémédiablement défait, quoiqu'il réussissait tant híen que mal à se cramponner à quelques derniers bastions, faisant encore quelque illusion sur ses capacités de résistance et luttant avec l'énergie du désespoir....

 

Annonçée à sons de trompette par des héraults chatoyants, l'apparition de Sardonica, entourée par ses panthères excítées par l'odeur de 1a chair et du sang, prêtes à bondir, avait quelque chose d'extraordinaire et de superbe à la fois. Et les gens de la ville encore vivants écarquillaient les yeux de voir s’avancer pareil soleil noir semant 1a mort, sa lourde épée à lame brillante à 1a main...

 

Soudain un groupe de guerriers faisant írruptíon du recoin d'une ruelle, se rua sur nous en poussant d'horribles cris de guerre. Ils réussirent à briser 1e cercle de 1a Garde personnelle de 1a Comtesse et furent bientôt  sur moi et sur Sardonica.

 

Nous fises face seuls à nos ennemis pendant de brefs instants qui me semblèrent pourtant ne jamais devoir finir. Les panthères appelées par leur maitresse qui ne leur parlait pas, mais poussait des plaintes rauques comme celles de ces bêtes revinrent rapidement et sautèrent et sur les chevaux et sur les cavaliers, déchiquetant les plus proches de leurs griffes et de leurs dents en poussant des hurlements.

 

« Braves créature ! » dit Sardonica, satisfaite de ses féales. Puis 1a Garde ayant réussi à se reformer encercla nos assaillants et mít rapidement en pièces ceux qui restaient encore en vie.

 

Quoique couverts d'éclaboussures de sang nous nous n’avions aucune blessure. J'avais conscience de m'être assez vaillamment battu pour un débutant au métier des armes. D'ailleurs Sardonica un peu plus tard me dira qu'elle était fière de moi. L'émotion qui devait se lire sur mon visage n'avait envahie et c'est un peu en balbutiant que je m'adressais aux officiers qui venaient me féliciter pour mon courage et ma présence d'esprit. Peut-être aussi qu'ils voulaient se mettre en bons termes avec un favori de 1a Comtesse dont ils pourraient avoir besoin plus tard.

 

Tout à coup je vis ce spectacle incroyable. Un homme à terre geignaít encore et perdait son sang en abondance. J'avaís noté 1a progressive animation des traits de Sardonica, comme à 1a chasse. Soudain n'en pouvant plus, telle une bête elle sauta à bas de sa monture et se rua sur cet homme. Et à pleines mains, 1a tête plongée dans son torse à demi entrouvert, se mit à lui dévorer les entrailles avec une délectation sauvage et une fureur extrême, alors qu'on entendait les råles horribles de la victime.

 

Puis à quatre pattes, elle se mit à courir en tous sens, bondissant ici, donnant là un coup de patte, tranchant ailleurs une gorge d'un coup de griffes comme avec un rasoir, se vautrant dans 1e sang avec une jouissance extrême. .. J'aurais voulu l'arrêter; mais un de mes jeunes amis officiers m'en dissuada : « dans ces moments là elle ne reconnait personne, mieux vaut la laisser faire jusqu'à ce qu'elle se calme. »

  

La panthère qui était en elle reprenait alors le dessus.

 

Puls elle s'arrêta, s'accroupit sur ses membres antérieurs avec une extrême souplesse,leva son museau       et se mít à pousser des hurlements de panthère . Ce qui avait été son joli visage était métamorphosé et prenait des caractères de l'animalité. Les autres panthères se groupèrent autour d'elle en un cercle, se mirent à miauler à l'unisson en dírection du ciel, comme pour faire l'offrande d'un sacrifice religieux.

 

Je ne sais coabien de temps dura cet étrange office face au firmament parsemé d'étoiles et où brillait 1a pleine lune comme une souveraine impavide contemplant 1e monde. Mais je crois me souvenir cependant qu'í1 dura assez longtemps, tandis que dans les rues les combats se poursuivaient et que 1'on entendait la plainte de ceux que tourmentait et les Cris des femmes que l'on violait....

 

(A suivre)

 

 

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SARDONICA (19)

 

Nous parvînmes, avec de grandes difficultés, dans des régions de hautes montagnes où la neige brillait sur les sommets, et se maintenait dans les anfractuosités des rochers et dans les coins d'ombre.

 

Soudain nous vîmes arriver une petite armée dans le lointain qui semblaient se diriger vers nous. Deux où trois messagers s'en détachèrent les lances ornées de plumes blanches. Qui indiquait qu'ils voulaient parlementer avec nous. Leur chef arrivé à la hauteur des premiers soldats déclara qu'il désirait parler à la Comtesse. A ma surprise elle acquiesça.

 

Il avait l'air bien pauvre sous ses vêtements de guerre, rafistolés. Il s'adressa fièrement à la Comtesse. Il précisa qu'il connaissait ses desseins, à savoir conquérir le monde et le transformer en Empire satanique. Il ajouta qu'il était du devoir de tout home de combattre cette intention jusqu'à son dernier souffle.

 

« Mais» lui dit-elle en désignant de la main ses équipements disparates, ainsi que ceux de ses compagnons, dédaigneusement; « Croyez-vous pouvoir me vaincre avec «  ça » ? ».

 

- Je sais que je ne peux vous vaincre, mais il est de mon devoir de vous combattre !

 

- « Entends-moi » dit Sardonica.  « Je ne t'ai que trop écouté. Ton courage et ta folie me sont sympathiques. Retournes vers tes compagnons et fuyez ! Je ne vous ferais pas poursuivre. Il est peut ­être encore des coins tranquilles où tu pueras te réfugier. »

 

Et d'un geste de sa main, elle fit signe à sa garde de s'écarter.

 

« Incroyable homme ! » me prit Sardonica à témoin.

 

Ils rejoignirent leur maigre troupe, la haranguèrent et se dirigèrent avec elle vers nous avec l'intention de nous charger.

Nous les regardions un peu incrédule, un peu admiratifs.

 

Ils furent exterminés et réduits en bouillie par une infime partie de notre armée à coups de flèches et d'épées.

 

Et nous continuâmes notre route. L'objectif en était connu maintenant la rille du Prince d'Orféo, Paviskan. Paviskan, cité renommée pour ses beautés, ses fêtes et ses jolles femmes. Rien que ce nom éveillait chez les hommes des visions lumineuses de pillage, de viols et de lucre....

 

Pavískan nous apparut radieuse au petit matin, après que nous eussions fait route de nuít pour tenter surprendre ses habitants.

 

Le soleil levant blanchissait ses murailles d'une touche caressante et délicate, ce qui semblait constituer comme un hymne à 1a vie et à 1a beauté. L'air était bon et doux à respirer dans nos poumons. Et l'armée scintillait comme une mer que parsèment des éclats métalliques.

 

Aux créneaux et dans ces tours des guetteurs semblaient avertir les guerriers qui se précipitaient en désordre. Bíentôt les habitants se rendraient compte qu'ils étaient pris dans un gigantesque piège auquel ils ne sauraient échapper...

 

 

Aussitôt l'armée telle une nuée de fourmis industrieuses se mit à installer les campements á quelques distances des remparts pour etre à l'abri des jets des assaillis. Ma  tente, plus petite, fut dresséé auprès de celle de Sardonica, comme un petit animal qui cherche refuge auprès de sa mère, craignant 1e monde extérieur et les coups qu'il pourrait lui porter.

 

Par un message, lourdé d'une pierre, que 1'on envoya par catapulte, Sardonica fit demander aux assiégés si ils voulaient se rendre. Dans 1'affirmative elle leur assurait 1a vie sauve. Dans 1e cas contraire elle leur promettait moult sévices et souffrances. Agrès quelque hésitation, par 1e même moyen, í1s répondirent qu'ils préféraient mourrir plutôt que de se livrer lâchement, et qu'ils n'avaient pas grande confiance en ses promesses.

 

Sardonica, furieuse, cracha dans leur direction et les injuria grossièrement.

 

Dès 1e lendemain des groupes de charpentiers protégés par des hommes en armes se mirent à monter de gigantesques tours en bois. Ils les confectionnaient avec des éléments que l'armée tranpsortait dans ses chariots et qui s'assemblaient aisément. Les assíéges essayaient bien de lancer des projectiles ; mais ils étaient trop loin pour faire de sérieux dégats. Tout au plus réussissaient-ils parfois ài toucher un des ouvriers affairés qui se trouvait à découvert. Aussítôt í1 était remplacé, car í1 ne fallait pas que cette mécanique de mort s'arrêtât un seul instant.

 

Les autres soldats vaquaient à de tranquilles activités construisaient de petites fortifications et de petits retranchements comme pour s'occuper l'esprit, cuisinaient des mêts en servant éventuellement de ce qu'ils avaient pu trouver au cours dexpédition pillardes.

 

I1 n'était pas dans les intentions de 1a Comtesse de tenir un siège de longue durée qui permettraítt peut-être a ses adversaires de reconstituer leurs forces et de se liguer contre elle. Mais il ne lui déplaisait pas cependant de les faire baigner dans leur jus autant par tactique que par sadisme.

 

Et c'est au bout de huit jours que Sardonica fit donner l'ordre de monter à l'assaut de la ville; alors que le soir commençait à tomber. 0n sait qu'elle aimait 1a nuit plus que tout et la lueur des feux. ..et ce que recèle de sentiments troubles la nuit.

 

« Aujourd'hui ce seront tes fiancaílles avec Bellonae et si tu te tiens bien tu seras récompensé richement » me dit-elle en me jetant un retard plein d'éclata verdâtres dont je connaissais très bien la signification. Je tremblais à cette idée au moins autant qu' à celle de me battre. Que pouvait-on éprouver à copuler avec Sardonica ? Et pouvait-on jamais s'en libérer après ?

 

Mais í1 fallait d'abord aller se battre et en revenir, marqué du sceau de Dieu a11er propager 1a mort au service du Malin....

 

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Sardonica (18)

Lorsque je me levai à l'aube, jamais je ne vis chose plus extraordinaire que cette troupe déjà en ordre dé formation, s' agitant et bruissant sous le soleil naissant.

 

Formidable et terrible armé, plus importante peut-être que celle d'Hannibal, avec, comme la sienne ses régiments d'éléphants encarapaçonnés de métaux luisants, armés d'éperons terribles, portant des guerriers dans une sorte de petite fortification sur leur dos. Ces éléphants devaient produire un effet de terreur sur les ennemis qui les rencontraient. Ceci pour deux raisons et par leur masse énorme, et par le fait que ces ennemis n'avaient n’avais vu pareils animaux qui vivait habituellement sous d'autres climats.

 

Lorsque vieux moine, je me muets à écrire ceci, ma mémoire semble se déployer en ondes, comme une eau, et les choses par vagues me redeviennent sensibles. Je revois les moindres détails de ce départ pour la guerre avec les chevaux harnachés hennissants, les âcres odeurs, les visages des guerriers farouches sachant qu'ils ne reviendraient peut-être pas de ce voyage belliqueux. Je revois même de tout jeunes gens blancs de peur sous les harnais, pour qui sans doute c'était la première expédition, trembler dans le pâle matin....

 

Et Sardonica fière, terrible, et les yeux luisants comme des brasiers, contemplant sans tressaillir, les traits figés, cette nuée d'hommes en campagne et ce paysage.

 

Puis le soleil commença à éclairer les collines ocre qui semblaient comme provenir d'un autre monde que le notre, sauvage où toute vie était brûlée.

 

« En avant ! »  Cria Sardonica. Et l'ordre fut répercuté par les officiers, courant en un frémissement le long de l'amenée á l'arrêt, comme une onde sur une colonne vertébrale.

 

Le gigantesque monstre articulé s'ébranla. Lâché dans les pays í1 ne connaitrait ni sentiment ni morale, mû seulement par son ordre et sa logique intrinsèque. Gâre à ceux qui se trouveraient sur son passage !

 

Nous parcourumes, durant des jours et des jours les bois et les campagnes, les plateaux dénudés. Nous ne rencontrâmes plus âme qui vive dès que nous fûmes en terrain adverse ; alors que nous pouvions quelquefois trouver encore la table míse et la fumée sortant du toit. Même les animaux semblaíent fuir à l'approche de cette sauvage armée comme mus par une secrète prescience.

 

Cependant, parfois, dans 1e lointain, sous croyions voir des gens qui nous observaient, saus doute pour renseígner l'ennemi et des chevaux. Ils disparaissaient aussitôt que nous faisions mine de nous diriger dans leur direction.

 

Mais ils ne pouvaient qu'aller rendre compte à ceux qui les avaient envoyés de l'immensité de l'armée qui  était en face d'eux et de 1a difficulté de 1a vaíncre.

 

Parfois aussi une eieílle femme était eacore 1à, assise sur une pierre dans ses vieux vêtements rapés. On l'avait laissé parcé qu'elle était une bouche inutile à nourrir et qu'elle ne pouvait plus se trainer, en pensant que sa mort ne serait que de peu avançée. Elle aussi n'était peut-être pas désespérée d'en finir avec cette víe qui ne lui avait jamais rien apporté et qui lui apportait encore moins aujourdh’ui.

 

Mais les cavallers passaient tranquilles en lui jetant un regard impavide. Ils n'avaient nulle intention de 1a tuer. Elle était condamné à nourrir lentement abandonnée de tous et même d'elle-même. Elle avait trop vécu 1a vieille !

 

Et moí, et moí? Je chevauchais au côté de Sardonica très fier d'être son clerc et ne craignant ríen qui puisse m'arriver. Nous étions entourés de ses panthères qui allaient et venaient autour de nous, montrant les dents dès qu'un inconnu d'elles essayait de s'approcher.

 

Je pouvais voir sur son visage sa perplexité face à cet enaemi insaissisable. Ils ne pourraient reculer indéfiniment. I1 faudrait bien qu'ils livrent bataille un jour !

 

Nous arrivames en vue de la première des cités fortifiée de l'ennemi, brillante sous le soleil, aggrípée avec une incroyable audace à un éperon rocheux de la montagne, au-dessus du vide. Elle avait été construite par un ancêtre pillard du Baron de Stabilian sans doute pour mieux détrousser les voyageurs et les pèlerins.

 

Je fis part à la Comtesse -non sans quelque naïveté peut-être- de la grande difficulté d'enlever ce nid d'aigle, ce qui cependant s'avérait indispensable, car il contrôlait une des rares routes d'accès aux terres de nos adversaires.

 

« Nous avons déjà fait le nécessaire » me dit-elle un peu narquoise. Et la colonie continua d'avancer sans qu'apparemment celà entraîna quelque réaction visible des habitants de la forteresse.

 

Chose curieuse, les lourdes portes étaient grandes ouvertes et les deus sentinelles censées les garder semblaient etre écroulées dans un coin. Tandis que nous approchions au petit trot, mon cheval frissonnait d'inquiétude. La tenue de ces deux guerriers paraissait à peu près intacte, mais leurs visages sous les casques semblaient dévastés et les mouches et la vermine se disputaient leurs yeux, seule chose qui apparaissait encore quasiment vivante.

 

« Ne les touches pas ! » me cria Sardonica. Je n'en éprouvais aucune envie. Ils étaient pétrifiés là, les armes à leurs cités, vaincus sans combattre par un ennemi qu'ils n'avaient pas vu venir.

 

Nous pénétrâmes craintivement dans la Cité. Tout n'était que silence morne et dévastation. Ça et là des corps surpris dans les positions les plus diverses, en putréfaction, rongés. On en trouvait même dans les échoppes, au milieu des marchandises qui pourrissaient.

 

On pouvait se rendre compte à leurs attitudes qu'ils avaient tenté d'échapper à la mort, et qu'au-delà de la vie ils criaient encore leurs dégoûts de la mort. Une puanteur effroyable, à faire fuir un porc emplissait ces lieux.

 

Par vagues les soldats entraient à l'intérieur de l'enceinte et la stupéfaction et l'incrédulité se lisaient aussitôt sur leurs visages...

Soudain, sorti d'on ne sait où, apparut 1a seule personne encore vivante du Fort, aussítôt entourée par un cercle de spectateurs surpris et curieux d'en savoir plus. C'était un bon gros marchand que j'avais déjà rencontré au Palais de Sardonica. Il y venait parfois vendre des étoffes chatoyantes, venues par caravanes de 1'Oríent lointain, aux Dames nobles et aux riches bourgeoises. --- Gonflé comme une outre de vin, i1 était curieusement emballé dans une tenue bouffante décorée de riches motifs.

 

I1 salua Sardonica avec une dévotion un peu outrée. Elle 1e regardait de ses yeux verts où jouaient légèrement et le mépris et l'ironie. Je coimnençais à comprendre 1e rôle de cet immonde personnage. ...

 

« J'aí fait ce qu'il avait été convenu. » dít-í1, «J'aí empoisonné les puits la nuít lorsque tout 1e monde dormait»

 

« Tu seras payée »  rétorqua-t--elle,  « ne crains rien »

Elle lui fit remettre par l'un de ses commis un énorme sac d'or. I1 se perdít en remerciements tandis que ses yeux brililaient de convoitise. Elle donna un ordre sec à quelques soldats et l'on vít 1a physionomie et 1'attítude du marchand changer à vue d'oeí1. « Accrochez le à un poteau ! » et se tournant vers 1e marchand qui se cramponnait rídículeusement au sac comme un nauffragé à un morceau de bois elle ajouta: « Tu pourrras ainsi admirer ton or plus à loisir » et sans un autre regard elle le laissa là.

 

Nous ne trouvâmes aucun autre vivant dans 1a forteresse.

Et ayant pris bíen garde de ne rien toucher, nous repartimes au pas de nos chevaux...

 

(A suivre)

 

 

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SARDONICA (17)

 

Bien sûr, la guerre que nous fîmes reste presqu’intacte elle aussi enfouie dans ma mémoire. Ce fut une guerre affreuse, totale et sans pitiés pleines d'horreurs à vous faire lever la nuit en gémissant au milieu des cauchemars.

 

Je me dotais que cela finirait par arriver, puisque je connaissais les buts auxquels Sardonica se préparait depuis toujours. Mais je m'étais habitué à oublier cette éventualité et m'étais installé dans un relatif confort et une certaine quiétude.

 

C'est par un jour des plus ordinaire que Sardonica me convoqua à ce sujet. Elle avait le front soucieux et semblait réfléchir quelque chose de lointain.

 

« Tous les états qui nous entourent sont en train de se coaliser ; ils finiront bien par nous attaquer. Nous devons réagir avant que nous n'ayons leur tenaille autour de la gorge, sinon nous sommes perdus. »

 

-« Comment en sont-ils venus à s'allier, eux si ennemis les uns des autres ? »

 

Je savais en effet que par ses agents Sardonica faisait tout pour entretenir la zizanie entre eux et qu'elle y parvenait fort convenablement. Elle plongea son regard vert où brillaient mille colères dans le mien « Je pense que quelqu'un au Palais les renseignent.... Je découvrirai bien qui il est. Alors i1 ne vivra pas bien longtemps. »

  

« Mais maintenant nous sommes prêts » ajouta-t-elle en changeant de ton. « Et ils verront ce qu'il va leur en coûter de s'attaquer à la Comtesse Sardonica. Ils vont de quelle qualité est le sang qui brûle dans mes veines !! »  

 

« Tiens, regarde, je vais te prouver que ce ne sont pas de simples idées que je me mets en tête ».

 

Et élevant ses mains au-dessus d'une vasque d'eau claire qui se trouvait dans la pièce et la fixant intensément elle fit prgressivement apparaître une image un peu vacillante et de plus en plus nette.

 

Et je vis rassemblés autour du Duc de Prochilian, général renommé et maintes fois victorieux, les seigneurs de tous les pays ennemis. Et je les entendis discuter aprement de la meilleure façon de nous vaincre. Sardonica souriait étrangement à leurs propos qui semblaient incroyablement vains.

 
« Tu ne m'as pas encore battu, petit Baron » répliqua-t-elle à l'un qui avec beaucoup d'outrecuidance exposait  comment réduire cette putain” en deux           jours. ».
« 
Je t'étranglerai de mes propres mains, pauvre vantard ! »
.

Elle retira ses paumes d'au dessus 1a vasque, diminua l'intensité et la concentration de son regard : l'image s'enfuit peu à peu, et bientôt on ne vít plus ríen sur l'eau....

 

« -Quand partirons-nous ? » demandais-je la voix un peu blanche.

« Nous ne pouvons plus attendre. Nous partirons demain aux premières lueurs du jour. Nous allons prévenir  les chefs militaires dès cette nuit pour qu'ils mobilisent  l'armée et nous marcherons sur nos ennemis que nous défairons».

  

Sardonica avait un air sombre et semblait plus se parler à elle-même qu'à moi-même. Je pris rapidement congé d'elle et je décidai d'aller trouver Sonia pour lui expliquer la sítuatíon. Je ne pris point garde de savoir si, je serais vu des habitués du château tant mon émotion était profonde de quitter ma Belle.

 

Je frappai à la porte de sa chambrette le signal que nous avions convenues, quand  nous aurions besoin, l'un de   l’autre et que nous ne  devions utiliser qu'en cas d'extrêne urgence.

 

Elle m'ouvrit blanche d'émotion et de frayeur se demandant, ce qu'il pouvait bien se passer. Elle comprit víte . « C'est la guerre ! » J’opinai, sans rien dire: nos esprits comuniquaient merveilleusement et se comprenaient silencieusement.

 

Elle baissa la tête sérieuse:  « Je savais bien que tu partirais un jour, et que tu mourrais peut-être, c'est ta destinée. C'est la mienne de ne pouvoir bien longtemps être heureuse. ».

 

Je revois encore ses puvres lèvres crispées qui ne souriaient pas, tandis que ses yeux illuminés continuaient à sourire eux malgré tout avec une lueur brillante là-bas quelque part dans le fond, ouverture lumineuse sur son âme.

 

« Je ne t’oublierais pas, je t’assure, même si tu devait mourir ».

- Mais je ne suis point encore mort et je reviendrai !

« -Je l'espère  bien que tu reviendras » me répondit-elle en m'écrasant la main et en m'étreignant.
« 
Je l'espères bien »

«- Et alors nous partirons ensemble. »

«  - 0n dit toujours que l'on veut partir et l’on reste ! » 

« -Nous partirons ensemble et nous vivrons ensemble, ailleurs ! »

 

J'avais l'impression qu'elle avait le coeur brisé et je n'insistai pas.

« Te battras-tu toujours à ses côtés ? »

« - Probablement. Je suís toujours à ses côtés dans la Paix. Il en sera ainsi sans doute dans la Guerre. »

« - Et tu courras et le risque de ta vie et celui d'etre damné pour 1a Comtesse ínflernale. ».

 

Je baissai la tête sans répondre: Sonia avait décoché une flèche juste à l'endroit sensible.

J'aimerais encore assez mourrír aux pieds de ma reine pour son service, lui ayant donné jusqu'à ma vie pour preuve de mon amour insensé et dévorant comme un feu.

 

«Je saís bien qu'elle t'a envouté  » me dit Sonia en me passant son doigt sur son front qui s'était mis  à se plisser.

 

« Je ne t'en veux pas trop. Mais si seulement c'était une autre femme !  Je ne serais que jalouse... ».

 

Il me gênait  avec elle d’aborder ce sujet et de connaitre le vraí fond de mon âme où se débattaient des sentiments contradictoires comme des poissons noirs dans un bosal dansant une danse infernale et tentant de s'entredévorer furieusement.

(A suivre)

 

 

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Sardonica (14)

 

Un silence des plus rares se fit... Cette statue de chair s'anima lentement.

 

Tantôt elle reposait gracieusement sur la patte de l'éléphant apparemment charmé, tantôt elle était sous lui. Il appuyait alors son pied énorme sur son frêle buste. On craignait très fort qu'il ne L'écrasât comme un mince fétu. Mais bonâsse il soulevait son pied et la laissait se relever prestement tandis qu'elle avait un sourire vague et lointain aux lèvres, comme si elle n'était pas de ce monde et s'y trouvait seulement de passage pour nous enchanter. Et la prenant délicatement dans sa trompe comme une fleur  extraordinaire l'éléphant la reposa précautionneusement sur sons dos.

 

Et au son de la musique étrange, elle repartit, belle sereine et impassible. Sa disparition fit retentir des applaudissements frénétiques qui brisèrent le mirage comme un verre de cristal.

 

" Ah ! »  Me dit le Général de la Cavalerie, celui qui peut avoir pareille beauté dans son lit, est plus heureux que celui qui a conquis la moitié du monde ! »

 

Je ne sus que lui dire que je pensais comme lui, mais que beauté bien vite s'évanouit et disparaît et qu'alors nous n'avons plus que cendres dans la main, comme souvenir dé ce qui, a été...

 

« C'est ma foi bien vrai, Dimitri et vous me faites penser quelque chose.

 

Je passais pour le service de la Comtesse, un jour dans une de mes anciennes garnisons du temps où j'étais un jeune et pétulant lieutenant adulé des femmes, courant de rendez-vous en rendez-vous., Je vins à ne trouver dans une rue remplie de boutiques et encombrée de marchands et de chalands, ce qui m'obligea à mettre mon cheval au pas.

 

Soudain j'entendis une petite voit poussive qu'il me semblait avoir déjà vaguement entendue quelque part il y a bien longtemps.

 

Mais je n'y prêtai pas autrement attention et poursuivis mon chemin. La petite voix continua à geindre doucement en me suivant et une main en se posant sur le harnachement de mon cheval tentait apparemment de le retenir. Je me retournai. Sous une masse assez informe de vêtements grisâtres, je fini par reconnaître en cette laideronne Sandra, l'ancienne serveuse d'un estaminet situé près de la caserne. Cette femme avait eu dans le passé quelques grâces pour moi. Je crois même pour être franc que j'en étais assez amoureux alors.

 

« Tu ne me reconnais pas Nicolas ? Sandra, SANDRA ! Te voici Général, à présent. Tu as bien réussi ta vie; tu es content. » 

 

-" OUI je te reconnais" lui répliquais-je excédé." Plus au Diable que je ne fusse que lieutenant et que l'on me rendit ma jeunesse ! »

 

  - « Il faut s'y faire » me répondit la vieille philosophant. Regarde ce qu'est devenue la belle Sandra. Tu te souviens ?

 

Bon Dieu, oui que je me souvenais : et les fêtes et les beuveries et les filles et l'alcool. Le muscle frais, l'appétit à dévorer les montagnes, et les nuits d'amour.

 

« Eh bien moi je ne m'y fais pas ! ». Je cravachai mon cheval qui démarra comme une flèche bousculant les passants qui ne comprenaient pas ce qui se produisait.

 

« Le pire » poursuivit le Général, de ce genre de rencontre c'est qu'i1 nous oblige à admettre que si votre ancienne maîtresse a vieilli et est ce qu'elle est devenue, vous non plus vous n'êtes plus le beau jeune home que vous vous persuadez malgré tout à vous croire. 

 

Vous vieillissez un peu chaque jour : une poignée de cheveux qui tombe, une dent qui disparaît, une ride qui se forme. C'est moins saisissant que si vous aviez la mise côte â côte, si cela était possible, de deux images en même temps : vous jeune homme et vous vieil homme.

 

Mais ce témoin irréfutable de votre passé vous révèle toute l'ampleur du désastre, si je puis dire, et vous affirme une réalité que vous ne pouvez plus nier. Vous êtes un vieillard usé et vous vous approchez de la mort de jour en jour. Elle vous guette cette vieille sorcière grimaçante, elle vous attend avec un air lubrique pour de funestes épousailles... »

 

L'arrivée du numéro suivant arrêta la perplexité du Général qui me parut avoir une plus fragile écorce que je ne l'eus crû au premier abord.

 

Quatre lutteurs énormes, enduits d'huile, se ruèrent par deux les uns sur les autres. Quatre paquets de chair se nouèrent et se dénouèrent en des noeuds de douleur et de cris. Des têtes crispées de monstres apparaissaient. Ils se battaient presque jusqu'à la mort pour une bourse d'or de la Comtesse.

 

Et vinrent des danseurs et des danseuses complètement nus et légèrement ambrés qui nous montrèrent des mouvements effrénés et érotiques. L'oeil de la Comtesse, comme celui d'un félin, aux aguets semblait avoir repéré, parmi tout ces corps, un corps mâle d'un particulier intérêt pour elle; plus musclé, plus fruste peut-être que les autres. Il lui faisait présager plus de jouissances dans le rut qu'un autre : une sorte de plaisir rude et animal qui seul pouvait la satisfaire.

 

D'un geste de son ongle recourbé, en un élan qu'elle ne savait contenir, elle désigna l'homme au maître de cérémonie qui opina du chef. Le ballet s’arrêta, le regard un peu perdu du jeune homme se dirigea vers Sardonica. Il avait compris. La troupe sorti brusquement par un côté de la scène, comme frappée de stupeur.

 

Sardonica se leva et l'air excité disparut.

 

J'étais ivre de jalousie et prêt à tuer si il le fallait.

 

Le Général de la Cavalerie me contemplait d'un air triste, gravement.

 

Il voulait sans doute, je pense m'inciter à la prudence.

 

Il éprouvait aussi une serte de commisération compréhensive pour ma jeunesse, comme si notre conversation précédente l'avait rendu plus proche de moi.

 

Je sortie sur le balcon pendant qu'une troupe de troubadours ambulante vinrent chanter des couplets qui racontaient les amours d'un pauvre baladin et d'une princesse des temps lointains.

 

Je n’avais  point le coeur à l’entendre.

 

Et je restais dans la tiède nuit d'été à attendre.

 

Le beau danseur fut accompagné par deux archers noirs dans l'aile du Palais où se trouvaient les appartements de Sardonica.

 

 

(A suivre)

 

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Sardonica (13.2)

 

 

…/…

Enfin arrivèrent les ambassadeurs étrangers, certains venus de très loin, avec toutes sortes de costumes qui surprenaient par leurs étrangetés. Tous souhaitaient prospérité à la Comtesse et saluaient le jour béni de sa naissance. Et ils lui remettaient un splendide cadeau : de l'Or, des pierreries. L'un vint même lui apporter un magnifique cheval qui caracolait dans la salle, surpris de se retrouver au milieu de ces gens bizarres et de ces lumières.

 

" Je te le donnerai » me dit Sardonica en me regardant avec un regard langoureux. " Je sais que tu aimes le blanc. Moi le préfère de beaucoup le noir; il convient mieux à mon teint ajouta-t-elle avec une certaine ironie.

 

Le maître des cérémonies, de pourpre éblouissante vêtu, de pied en cap, frappa un gong immense de cuivre luisant qui retentit puis résonna longuement en décroissant, annonciateur de mystères…

 

Et le spectacle commença. D'abord un orchestre s'avança , suivi de danseurs et de danseuses en costumes du Pays qui mimèrent allègrement des scènes paysannes relatant les différentes saisons des récoltes ou de la vie.

 

Pendant ce temps, alors que nous étions assis sur des divans recouverts de magnifiques étoffes, on commença à nous apporter de la nourriture sur des tables basses : pièces rares et délicates, viandes di venaisons relevées d'herbes subtiles et sauvages, dont on avait seulement choisis les meilleurs morceaux.

 

Des jeunes filles, toutes jolies et habillées pareillement d'un tablier noir et d'une robe blanche vinrent nous servir leu vins les plus renommés.

 

Parmi elles, essayant le plus possible de passer inaperçue, Sonia. Parfois elle me frôlait. Je sentis même son souffle sur ma peau et le rayonnement de sa chair. Nos regards se croisaient, mais mous faisions semblant de ne point nous connaître. Troublante et difficile chose en vérité ! On voyait combien elle était malheureuse de ne point pouvoir me parler ni me toucher. Tandis que moi je m'inquiétai de savoir si le fin regard de Sardonica, perçant au-delà de toute imagination les voiles de la conscience humaine, ne pouvait cet instant découvrir notre secret manège.

 

J'en tremblais surtout pour Sonia. Je tenais de plus en plus à elle, fleur délicate et fragile du jardin de ma vie, poussée soudain au milieu des mauvaises herbes, sans que l'on sut pourquoi. Sans notre rencontre mon coeur serait resté une pierre desséchée que rien n"eût jamais touché.

 

Des jongleurs jaillirent d'un côté de la vaste scène comme une trombe colorée. Ils maniaient les sabres avec une telle dextérité qu'il eût suffi qu'il y eut un écart d’une fraction de seconde dans l'exécution de tel mouvement pour qu'i1 puissent gravement blessés, voir même tués.

 

Sardonica distraite en ce qui concernait les danses, suivait ici avec un intérêt extasié ; le même intérêt d'ailleurs qu'elle éprouvait pour tout ce qui pouvait promettre larmes, deuils et sang, causes de jouissance pour elle. Parfois même elle approuvait par de doux glapissements les morceaux particulièrement risqués des artistes.

 

Puis un moment extraordinaire que ma mémoire garde à jamais enfoui, comme un trésor enchâssé.

 

Au son d'une musique singulière à nos oreilles, venue d'un 1ointain pays, arriva noblement accroupie sur un carré d'étoffe rouge, placé sur le dos d'un éléphant, une fille splendide de grâce et de beauté. Elle était complètement nue, recouverte seulement d'un voile de gaze qui la nimbait plus qu'il ne la dissimulait.

 

 

Quel joyau unique irradiant sa lumière !

 

(A suivre)

 

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Sardonica (13.1)

 

Puis ma vie continua avec ses activités païennes, les jours ressemblant aux jours chasses, jeux de cartes, cabarets et la poursuite de mes amours heureux quoique fragiles avec Sonia. Bien sûr je continuais de remplir le rôle de secrétaire de Sardonica.

 

Je pouvais croire que comparativement à ma vie de moine d’autrefois j'étais un homme heureux.

 

C'est curieux, mais sur la mer assez  floue de ma mémoire, après tout de temps, des événements saillants surgissent cependant. Ils saut comme des vaisseaux aux: voiles d'or, poussés par des alizés parfumés, apparaissant à l'horizon pour se rapprocher peu à peu.

 

Par exemple je revois la fête que Sardonica fit donner pour l'anniversaire de sa naissance. Jamais je ne vis ni n'entendis parler de pareille fête, excepté peut-être dans les contes les plus fantastiques.

 

Deux messagers de la Comtesse, s'annonçant à sons de trompettes, vinrent spécialement pour m'inviter. Ils étaient porteurs d'un parchemin munis de rubans et du sceau sur lequel figurait la fameuse panthère stylisée qui ricanait férocement. Le texte précisait la date de l'anniversaire mais, est-il besoin de l'écrire, ni la date de naissance, ni l'âge de Sardonica.

 

Le soir venu, je revêtis mes plus beaux habits, superbement ajustés, faits du drap de la meilleure qualité qu'il fut possible d'imaginer. Je me faisais confectionner mes costumes par le Premier tailleur du Comté. Il éprouvait pour moi une sorte d'affection, pensant que mon jeune corps était le plus beau modèle sur lequel  son Art de dentelles et d'étoffes pouvait s'épanouir. Il se réjouissait aussi à l'idée que ma personne circulant dans le Palais était la vivante incarnation de son talent.

 

Et je me rendis aux réjouissances.

 

Que l'on excuse d'un vieux moine la fatuité alors que sue peau n'est plus que la peau d'une vieille bote qui sent l'approche de la mort, et qui se revoit tel qu'il était alors,, splendide et fringuant, le sang pulsant à jets puissants sous la peau, et désirant mordre la vie à pleines dents. A pleines dents. Je n'ai plus aujourd'hui de dents et ne saurais plus mordre ni dans viande, ni dans fruits, ni dans chairs exquises de femme.

 

Je m’imagine encore montant, troublé et fier les marches du grand escalier. Des gardes disséminés partout croisaient les lames à mon passage comme à celui d'un haut dignitaire, que j'étais d'ailleurs réellement.

 

Et à l'extrémité de la longue salle de marbre que je devais traverser de bout en bout:

 

SARDONICA !

 

Sardonica la magnifique sise sur un siège d'Or décoré de panthères, comme son blason, avec à ses pieds huit magnifiques panthères s'étirant langoureusement, en faisant luire leurs crocs saillants. Elles vinrent me faire fête.

 

Sardonica rayonnait superbement enveloppée dans sa robe chatoyante et sauvage. Cette robe découvrait ses bras nus et ses cuisses admirables qui comportaient par derrière des muscles saillants et tentateurs.

Ses pieds effilés étaient chaussés de fins escarpins revêtus d'une feuille d'or. Son regard comme sorti d'un pierre précieuse verdâtre ou d'une eau profonde pénétrait jusqu'à vous par touches successives. D'une simple indication de ce regard et d'un léger geste du menton elle m'indiquait que je devais m'assoir à ses côtés, à ses pieds plutôt, sur un fin pouf posé là sans doute à dessein. Et le tombai plutôt que je ne m'assis, le nez et la bouche presque sur ses jambes, ce dont elle devais se douter. Je pouvais en respirer le parfum sourdrant de la peau.

 

De temps à autre elle jetait vers moi un coup d'oeil ardent et amical qui me ravissait d'aise. Que n'aurais-je fait pour ses yeux impérieux qui me laissaient sans aucune force de résistance ?

 

Un à un vinrent la saluer et en même temps me saluer leu dirigeants du régime. Le maréchal des armées dans son indescriptible uniforme chamarré, pleine de plumes et de dentelles; le Président de la Justice, en réalité simple intermédiaire entre la Comtesse et le Bourreau. Le Chef de la Garde Personnelle qui s'assit à peu de distance, s’assurant  immédiatement que tous ses hommes étaient en place. Le Chef de la Police avec l'air sournois et soupçonneux, surveillant tout le monde dans le royaume, et à ce qu'il parait fort doué pour extraire grâce à des tortures nombreuses et variées une foule de renseignements d'un accusé par nature pou communicatif.

 

On racontait des choses horribles sur certaines salles basses situées dans les locaux de la police, avec accrochés aux murs leurs outils barbares qui servaient à griffer,à arracher, à stranguler...

 

Puis vinrent plusieurs chefs aux armées avec leurs différentes tenues et insignes suivant les corps plus ou moins renommés auxquels ils appartenaient. Le rituel était immuable: ils s'agenouillaient profondément;: Sardonica inclinait sa tête splendide faisant luire sa chevelure dorée, avec parfois un petit sourire plus on moins appuyé selon que l'intéressé était plus ou moins bien en cour.

 

Ces degrés divers de considération étaient aussitôt commentés par les spectateurs et appréciés par ceux qui les recevaient avec une très grande précision..

 

 

 

…/…

 

 

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Ceux qui voyaient ceci pour la première fois ne purent retenir un murmure  d’étonnement.

 

Dans des cases alignées, des créatures composites, mi-hommes mi-oiseaux, affreuses â voir, à l'air misérable et malheureux se trouvaient. Elles n'étaient pas toutes semblables. En effet on se rendait compte que différentes tentatives d'adjonction. Sur leurs humaines structures avaient été effectuées, soit en ce qui concernait les ailes, soit en ce qui concernait le bec ou les pattes. Il y avait tout un échantillonnage d'hybrides plus ou moins hommes au plus ou moins oiseaux.

 

Le chef des savants nous mena vers ce qu'il considérait comme l'exemplaire le plus réussi de la race des hommes oiseaux. Une étiquette au pied de la cage, comme pour les autres donnait en latin son nouveau nom à ce nouveau spécimen du règne volatile :

Avis Homo.

 

Il était de la taille d'un homme ordinaire et il avait à la place du nez un long bec crochu comme celui des grands rapaces qu'il ouvrait de temps à autre. Ses membres postérieurs étaient de grosses pattes d'oiseaux et ses membres antérieurs des ailes. De tout cela se dégageait un air de misère et de souffrance;nées de la douleur causée par la transformation que les chirurgiens lui avaient fait subir, mais aussi de se savoir et de se voir ainsi.

 

« Quel est le but de ses recherches ? »  demandais-je au chef des savants qui avait repris sa cour auprès de moi, le plus froide­ment possible .

 

« Quel est le but ? » sourit-il. Mais la guerre, évidemment !  Imaginez un seul instant que nous puissions expédier par derrière les lignes ennemies ces hommes-rapaces. Quelle terreur ne répandrions nous pas, et quels dégâts n'assurerions-nous pas ! Aucune parade ne serait possible alors à nos ennemis que nous défairerions à tous coups t Mais hélas nos essais ne sont pas encore concluants... Nos hommes oiseaux ne volent toujours pas. Il y a dans la nature quelque chose de mystérieux au sujet du vol que nous n'arrivons pas à saisir. Mais nous finirons bien par réussir !

 

« Vos recherches sont en effet fort intéressantes » nota Sardonica qui avait entendu notre dialogue. « Poursuivez les et je vais faire donner des ordres pour que vous ayez le matériel humain_ nécessaire !

 

«  - Merci, Madame la Comtesse » susurra le savant spécialisé en hommes-oiseaux, en faisant une révérence aussi servile que ridicule. La grande fréquentation des oiseaux l'avait rendu un peu oiseau lui-même.

 

Nous vîmes d'autres tentatives d'expérimentation sur l'homme sur lesquelles je ne m'étendrai pas, tant elles m'écoeuraient. Cependant je dois confesser que petit à petit mon esprit changeait à ce sujet. Plus même il m'arrivait d'être émerveillé de toute ces folies sauvages.

 

Néanmoins je vous préciserai que l'une d'elles consistait à agir sur le cerveau de l'être humain où ces savants dévoyés pensaient qu'était le siège de l'intelligence et de l'esprit.

 

Aussi, ouvrant le crâne, ils extrayaient l'une ou l'autre partis de la cervelle pour parvenir à circonvenir l'emplacement de chaque pensée et de chaque sensation.

 

« Le but ? » me dit Primus, sachant que ma question de tout à l'heure me hantait toujours. « Il est simple !! Réussir à produire une race de guerriers qui exécutent les ordres qu'on leur donne sans chercher à en connaître les raisons, et qui sont prêts à se faire tuer si il le faut. Les guerriers idéaux, quoi 1

 

On garda la plus incroyable découverte pour la fin. « Le morceau de roi » commenta Primus, soufflant toujours son haleine puante dans mes narines avec insistance.

 

Nous parvînmes dans les salles vaste  comme des cathédrales du fameux minerai «rayonnant ».

 

Fantastique vision dans cet antre de l'enfer, au milieu d'une chaleur et d'une poussière terribles.

 

Des foules d'esclaves amenaient de grandes quantités d’un minerai qui paraissait du plus anodin aspect. Ensuite des machines qu'ils actionnaient inlassablement, enfermés â l'intérieur de roues comme des écureuils, le trituraient, le broyaient.

 

Des gardes-chiourmes casqués, sévères et hiératique, observaient un fouet à la main. D'autres esclaves veillaient à de gigantesques chaudrons où bouillissaient comme des eaux de sorcellerie.

 

Je voulus palper la boue noirâtre issue de ce traitement.

 

« Ne touches pas à cela ! » me cria Sardonica, tandis que le chef des savants me retirait déjà le bras. « Ce minerai émet d'étranges rayons invisibles qui brûlent. C'est pourquoi nous l'appelons " minerai rayonnant ". D'ailleurs regarde ces enclaves qui travaillent ici. »

 

Certains à la place des bras n'avaient que des moignons auxquels on adaptait des pièces métalliques pour qu'ils puisent continuer à produire jusquà ce qu'il n'y ait réellement plus rien à tirer d'eux.

 

Le chef des savants expliqua que dans cette boue, à. nos pieds, que l'on ne savait pas suffisamment purifier se trouvait une redoutable et mystérieuse puissance. Il ajouta que celui qui saurait capter cette force prodigieuse aurait de quoi faire fonctionner des machines extrêmement puissantes et pourrait même faire sauter la terre si il le désirait.

 

Les auditeurs, excepté les initiés, restèrent médusés par cette révélation qui dut leur apparaître folle dans son audace incroyable. « 

 

Faire sauter notre terre ? » Impensable.

 

Nous ne la connaissons pas toute encore !

 

Mais à moi qui savait le diabolisme de la Comtesse-panthère, cela me parut presque plausible.

 

Et aujourd'hui, vieux moine rabougri assis à ma table, je suis obligé d'ajouter foi à ce que disait alors le chef des savants. Il eut été possible à la Comtesse de faire sauter notre terre et elle eut été capable de le faire pour son plaisir et pour ses désirs sataniques...

 

Nous remontâmes à la surface au moyen d'une sorte de cage actionnée dans un puit vertical par un système de cordes, à très grande vitesse.

 

Lorsque je débouchai à l'air libre, après avoir passé le grand hall de réception et à nouveau franchi la lourde porte ornée de têtes de panthères, donnant sur une rue banale, je me demandai si le n'avais point rêvé et si cette maison des savants recelait autant de secrète et si il existait une véritable ville souterraine sous cette demeure avec autant de détestables prodiges.

 

( A suivre )

 

 

 

 

Sardonica ou la femme panthére ( K 12)

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