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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

Articles avec #sardonica ou la comtesse-panthere (nouvelle)

SARDONICA (22)

 

Je me rendis à la parade militaire qui devait avoir lieu, meurtri, douloureux de partout. Ce fut mon laquais qui m'aida à monter sur mon cheval. Livré à mes propres forces, je n'y fus sans doute jamais parvenu. Mes amis officiers me regardaient d'un oeil goguenard qui me rendit furieux. Aussi je fis grand effort pour me tenir à cheval correctement quoiqu'il m'en coûtât.

 

Sardonica, elle, était à la place d'honneur et rien dans son comportement ne trahissait ce qui venait de se passer entre nous. Elle avait revêtu sa tenue de grand apparat et seule la satisfaction de la victoire apparaissait sur son visage et dans son air.

 

On avait rassemblé sur ce forum: fameux de la ville les survivants de la bataille. I1 fallait voir leur air pitoyable, et la grande misère qui se dégageait d'eux...

 

Je compris ce que l’on allait faire, après un moment. En effet un cheminement avait été ménagé entre les troupes pour monter jusqu'à une sorte de tour d'angle. Et auprès de cette tour d'angle se tenait quelques guerriers vigoureux que je connaissais bien pour faire les plus sales besognes de la Comtesse.

 

Après le discours d'usage qui s'imposait pour féliciter les artisans de la victoire, on entendit un affreux bruit de tambour, et l'on fit défiler tous les hommes valides de la ville ; ceux qui avaient pris les armes contre nous, je pense, en direction du fortin. Et le premier y étant parvenu, 1e bourraux de la Comtesse le poussèrent dans le vide. On n' ouit rien que le temps qui passait et un petit bruit fade en fin de chute.

 

Les autres condamnés ne voulurent plus bouger, et i1 fallut les pousser à coup de piques dans les reins pour qu'ils avancent.

 

Et un à un ils furent basculés dans le vide devant le reste de la population qui comprenait et leur femme et leurs enfants, si ils étaient encore en vie.

 

Après quoi Sardonica fit connaître ses décisions : les femmes et les enfants valides seraient emmenés en esclavage, les vieillards et les infirmes seraient abandonnés sur place. Cette perle de l’Orient avec ses bibliothèques et ses palais que les plus grands artistes avaient  crés et décorés, devait disparaître complètement.

 

Je compris qu'il était inutile d'a11er discuter avec Sardonica elle serait inflexible. Du moins c'est ce que je prétends, car je n'essayai même pas.

 

L'armée se retira de la ville, et des foyers d'incendie furent allumés en différents endroits. Attisé par un vent sec soufflant du désert, 1e feu prit bientôt une très grande vigueur et se mit à tout dévorer, avec un appétit croissant. Plus i1 mangeait plus i1 grandissait, et plus il grandissait plus il avait faim. Des nuées de cendres s'abattaient sur nous. Puís seigneur Feu diminua, eut des spasmes et mourrut.

 

La chaleur infernale de 1a combustion fit surgir de tous les trous des bandee innombrables de rats qui se réunirent en une longue colonne, comme l'eau sourdrant des mille cavités de la montagne forme bientôt un torrent.

 

Abominables créatures souterraines  se  nourrissant de tous les déchets et se reproduisant dans 1a fange avec rapidité !

 

Les soldats les moins peureux, aguerrís par les campagnes frissonaient devant ce flot et s'écartaient craintivement. L'un d'entre eux fut surpris par cette arrivée soudaine et glacé d'épouvante ne trouva pas la force de fuir. Il fût, sans que 1e fleuve vivant s'arreta un seul instant d'avancer, dépeçé, dissous, et il disparut sans laisser de trace, corps et vêtements...

 

Lorsque 1e brasier fut refroidi, on commenca 1e démantellement de 1a ville avec un acharnement incroyable. Quoiqu'il y eut des précédents historiques, dont parlent les vieux auteurs, je ne croyais pas qu'il fut possible d'arraser une ville. Pourtant ce fut fait.

 

Les éléphants bien dirigés par leurs cornacs firent merveille. I1 faillait voir ces énormes bêtes travailler avec un díscernement dont on 1es aurait pas cru capable. Et leur trompe était comme un bras sensible et doué d'intelligence, qui aidait à démolir des cités humaines bien loin de leurs aires natales.

 

Enfin on donna l'ordre à 1a troupe de levrer 1e camp, laissant les rescapés en piteux état méditer sur leurs morts et sur leur ville.

 

Sardoníca pensait que leur symbole orgeuilleux étant détruit l'ennemi n'était pas loin de l’être. Frappée au coeur 1a bête ne pourrait plus avoir que des soubresauts avant de mourrír, affreusement.

 

Elle avait raison. I1 n'y eut plus que de petits combats, de petites escarmouches à livrer, et de petites villes à vaincre facilement.

 

Mais c'était fort bonne aubaine, pour la soldatesque qui, sans risque, pouvait continuer à violer, à piller, à torturer avant que de rentrer au pays pour se ranger peut-être et y prendre femme.

 

Noua ne laissions que ruines, villages incendiés, douleurs derrière notre passage, comme épidémie de peste s’étendant sur 1e paysage en nappes. . . Je revois encore dans les soirs blafards les corps cloués aux portes des granges, et martyrisés.

 

Et je continuais à filer 1e parfait amour avec Sardonica !

Moí, hypochríte vermine, pourceau dea écuries du monde !

 

I1 existait plus encore qu'auparavant une muette connivence entre nous, je trouvais tout bien de ses actes, et étais engloiti par son destin.

 

Dans 1a journée je ne pensais qu'à 1a nuit où elle se livrerait à ses jeux délicieux mais barbares. Le matin me verrait défait mais heureux.

 

J'étais, le seul que jusqu'à présent elle n'avait point tué de ses propres mains ou fait tuer après le premier acte d'amour.

 

J'y puisais quelque fatuité, ne me rendant pas compte que si elle ne me supprimait pas, c'est que j'était sans doute 1e premier dont elle avait à ce point englouti l'âme et avec lequel elle eut trouvé des liens si ténus.

Elle était en moí, et j'étais Elle.

 

Me tuer moi, c'était peut-être se tuer elle !

 

Enfin nous retournâmes à Sardonikan qui me parut encore plus sobre et terrible que jamais. La population avait été rassemblée pour faire à Sardonica et à ses guerriers un triomphe. Mais j'avais l'impression que 1e coeur n'y était pas et que les gens préféraient nous voir au loin.

 

Parmi les jeunes filles qui nous jetaient des fleurs, sans grande conviction, avec des sourires las, à mon grand trouble et à son émoi qu'elle ne put contenir, Sonia, que j'avais bien oubliée. Elle ne me dit que :" bienvenue. .. " et sa petite voix se brisa comme une corde fragile ou 1e filet d'un oiseau. Et son œil me jeta un regard de muet reproche qui me toucha profondément.

 

Je me décidais d'aller 1a voir 1e lendemain à notre lieu de rendez-vous coutumier pour tenter de lui expliquer…

           

(A suivre)

 

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Sardonica (21)

 

Ensuite sans trop savoir pourquoi, je me mis à parcourir au hasard les rues de cette ville qui autrefois avait été une des lumières de la civilisation, un exemple des beautés de ce monde. Aujourd'hui elle était dévastée et peuplée seulement d'une petite partie de ses habitants qui tentaient de fuir les soudards ivres.

 

Je ne rendais peut-être pas bien compte du danger, car j'aurais pu nourrir cent fois, victime des coups qu'échangeaient les guerriers aux portes des tavernes, ou de ceux d'un ennemi encore embusqué et voulant tuer de ses conquérants haïs le plus qu'il pourrait. .. .

J'aurais pu nourrir sous la dent des chiens. En effet des bandes de molosses livrés à eux-mêmes hantaient les ruines, comme des loups affamés à la recherche de cadavres qu'ils dépeçaient férocement en se disputant les meilleurs morceaux avec hargne. Il arrivait que leur victime n'était point encore entièrement morte, tandis qu'ils déchiquetaient ses chairs avec des bruits de mâchoires.

 

L'un de ces détrousseurs vint même jusqu'à moi, en me regardant dans les yeux. Il me suivit quelques instants, comme si i1 voulait ne narguer, me donna un coup de museau sur la cuisse, peut-être amical, peut-être agressif, je ne sais. Puis voyant que je restais calmes, i1 disparut soudain, rejoignant sa meute.

 

Mais je n'avais pas peur, pensant peut-être inconsciemment que j'étais protégé par le halo de la Comtesse ou bien ne craignant plus rien de la mort, baignant dans une espèce d'atonie bizarre et d'ivresse particulière.

 

Amère réflexion que je fis sur le Destin dans cette nuit claire de pleine lune, martelant de mes pas sonores le sol luisant du pavé. Le Pouvoir était aux mains des barbares destructeurs et tous les penseurs du monde n'y pouvaient rien.

 

Belle cependant était la nuit et ses mystères, et douce à mon coeur. Elle avait toujours été ma compagne des mauvais jours, adoucissant mes plaies. Et i1 me plut à rêver ce que serait pareille nuit avec Sonia en d'autres temps, nous promenant main dans la main sous les clartés laiteuses du ciel, son visage contre le mien, sa bouche contre ma joue et sa voix tantôt tendre tantôt doucement ironique à mon oreille. Je me demandais aussi ce qu'elle était en train de faire et ce ã quoi elle pensait en cet instant, ma douce fiancée.

 

Je traversais ce paysage baroque, comme en un rêve éveillé, au milieu des décombres et des morts entassés.

 

L'arrivée du petit matin me désola, je ne saís pourquoi.

Alors je rentrai aux anciens appartements des seigneurs du lieu. Nous nous les étions appropriés en vertu du vieux droit de 1a guerre, le droit du plus fort, qui est en fait 1e Droit fondamental. J'interrogeai l'un des gardes au sujet de l'emplacement de ma chambre.

 

I1 avait un de je ne saís quoi de narquois dans l'expression en me désignant celui-ci, qui ne me plut guère. Pour un peu j'auraís sorti mon poignard de sa gaine et j'aurais frappé.

 

Aussítôt introduit dans une vaste chambre qui de par ses dimensions et son apparat devait etre celle de Sardonica, je compris bientôt de quelles allusions il s'agissait et je ne pus qu'en reconnaitre la légitimité. Seule une couchette d'étoffe luxueuse avait été míse 1à pour me servir de lit ou plutôt pour 1e faire croire.

 

Je me jetai sur се coussin sans nul doute peu fait pour y dormir. Et je fis semblant de m'assoupir alors qu'une secrète terreur mêlée d'un curieux bonheur faisait battre 1e sang à mes tempes.  

 

O j'allais enfin connaìtre l'amour avec Celle que je désirais le plus...

 

Sardonica arriva quelques instants après apparemment fort excitée et recrue de fatigues. La journée avait été rude et celle de demain le serait sans doute encore. ...

 

Elle ne parut pas jeter un regard au corps du jeune homme effondré, tout a à ses préoccupations et se jeta elle aussi sur son lit, entièrement vêtue. Sans en avoir l'air j’observais tous ses gestes et écoutais tous les craquements que ses déplacements communiquaient à 1a couche.

 

Mais quelque chose semblait lui manquer, car elle se retournait en tous sens sans pouvoir trouver 1e sommeil.

 

« Dora-tu ? » me demanda-t-elle soudain.

J'ouvris grand les yeux. 

« Non, je faisais semblant. »

- « Tu n'as sans doute jamais été avec femelle dans ton couvent ? »

 - « Non jamais. Et de plus avec vous.... »

Je ne terminai pas ma phrase, ne voulant pas lui  avouer que par certains aspect, elle m’effrayait.

 

-«  N'ai pas peur,  viens auprès de moi » me dit-elle d'une voix langoureuse. J'avais envíe d'y bondir, mais mes muscles refusaient d'obéir.

 

Ce fut plus 1a soumission à mon Seigneur qui me donna la force de me rendre jusqu'à son lit que mon désir pourtant très fort de copuler avec elle.

 

 « Laisses voir que je te touches» me dit-elle sans plus de préambule tout en me triturant et en me lèchant à petits coups de langue comme pour me goûter.

 

J'étais dans le ravissenemt et 1e comble de l'horreur et je n’osais trop rien faire, pas plus que je n'avais envíe de lui résister. Elle ota ses lourdes peaux pour apparaître revêtue d'une mince soie.

 

Puis pris par l'enchantement  je me mis moi aussi à devenir actif aux jeux de l'amour, et à y prendre grand plaisir, en oubliant le reste. J'aimais à caresser ses formes fermes et douces tout à 1a fois. E11e résistait avec science à mes entreprises tímide pour découvrir ses seins magnífiques que j'avais souvent imaginés, ou parfois aux hasards de ses gestes entrevus.

 

Elle fit glisser lentement sa soie qui crissait sous ses oncles.

« Ne sois point si impatient, i1 ne suffit pas d'arriver à 1a ville, i1 y a tout 1e voyage. »

 

Et elle menaít 1a lutte de ses mains expertes, tendre et cruelle à 1a fois, griffant ou donnant un coup de dent, puis carressanit et suçant pour atténuer 1a blessure. Et, ses grands yeux pleins de lumières chatoyantes, baignés d'une certaine tendresse, se remplissaient de moí, et me remplissaient d'eux.

 

Son âcre parfum exacerbé par 1a chaleur de son corps montait en mois par vagues entêtantes et me remplissait comme une mer.

 

« Viens maintenant ! » me dit-elle haletante, sa bouche contre la mienne. Et elle écarta ses cuisses où je pénétrais avec une ardeur maladroite et d'où sortait un parfum encore plus sauvage que celui qui flottait sur sa peau.

 

Je me rappelle de notre allètement à l'unissson, et pour finir des petits cris de jouissance qu'elle poussa; puis celà se transforma en une sorte de rite sauvage et animal tandis que sa queue redevenue vívante tentait de se contorsionner de bonheur.

 

O l'avoir sous moi ainsi !  Moment d'indicible bonheur !

 

Il  était grand jour, le soleil brûlait déjà la terre, lorsque nous rompîmes notre étreinte.

 

(A suivre)

 

 

 

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SARDONICA (20)

 

I1 me souvient si fort de ce passé mort que je me demande si je ne 1e vis pas encore réellement.

 

Le temps était lourd et 1a chaleur épaisse. On suait sous les uniformes et les cuirasses. Les escouades de cette armée étaient frémissantes comme autant de meutes de chiens pretes à 1a curée : 1e bestialisme qui sommeillait en l'homme ne pouvait plus se dissimuler.

 

On amena couchées les tours de bois, tirées par des groupes de chevaux, aux pieds des murs. Et on dressa soudainement ces constructions en l'air. Aussitôt, de leurs sommets, des archers bandèrent leurs arcs et tirèrent des volées de flèches, tandís que des catapultes bombardaient 1a place aux moyens de projectiles de toutes natures, tous plus abominables les uns que les autres.

 

0n conduit à l'une des énormes portes quelques éléphants qui arnachés à un énorme bélier se mirent sur les étranges injouctions de leurs conducteurs à enfoncer les lourds battants. Puissants et intelligents animaux í1 y parvinrent irrésistiblement malgré les nombreux traits piqués dans leur peau qui les rendaient plus furieux qu'ils ne les arrêtaient, et dont ils tentaient de se débarrasser comme si il s'agissait de tiques.

 

Aussitôt notre armée s'engouffra dans cette brèche comme 1e sang jallit d'une veine perforée. Les assaillis, tant bien que mal tentèrent de se regrouper et d'empêcher l'entrée de nos soldats en se battant sauvagement au corps à corps.

Ils ne 1e purent.

 

Et ce fut une lente progression à trayers les fortifications qui s'effectua avec son affreux carnage tandis que nos adversaires se défendaient pas à pas sachant bien que de toutes façons les troupes de Sardonica ne feraient pas de quartier et qu'au bout du compte i1 n'y avait que 1a mort qui les attendait en grimaçant.

 

Cette bataille dans 1e crépuscule qui noircissait de plus en plus avait quelques chose de saisissant : 1e hennissement des chevaux nerveux, 1a brillance des métaux, cette rumeur sourde et chaude à nulle autre pareille. Et pendant que se jouait 1a vaste scène, une sinistre musique l'accompagnait : celle des cris des blessés sur des tons divers, continuellent. Ces cris sont encore ea moi et me font encore frémir aujourd'hui.

 

Quand une bonne partie de 1a troupe eut nétré dans 1a ville, Sardonica, sa Garde personnelle et sa suite ( dont je faisais partie ) entrèrent à leur tour. La Cité nous a apparut comme aussi immense et riche qu'on nous l'avait décrite auparavant.

 

Cependant ça et 1e combat se poursuivait encore. Mais on voyait bien que l'ennemi était irrémédiablement défait, quoiqu'il réussissait tant híen que mal à se cramponner à quelques derniers bastions, faisant encore quelque illusion sur ses capacités de résistance et luttant avec l'énergie du désespoir....

 

Annonçée à sons de trompette par des héraults chatoyants, l'apparition de Sardonica, entourée par ses panthères excítées par l'odeur de 1a chair et du sang, prêtes à bondir, avait quelque chose d'extraordinaire et de superbe à la fois. Et les gens de la ville encore vivants écarquillaient les yeux de voir s’avancer pareil soleil noir semant 1a mort, sa lourde épée à lame brillante à 1a main...

 

Soudain un groupe de guerriers faisant írruptíon du recoin d'une ruelle, se rua sur nous en poussant d'horribles cris de guerre. Ils réussirent à briser 1e cercle de 1a Garde personnelle de 1a Comtesse et furent bientôt  sur moi et sur Sardonica.

 

Nous fises face seuls à nos ennemis pendant de brefs instants qui me semblèrent pourtant ne jamais devoir finir. Les panthères appelées par leur maitresse qui ne leur parlait pas, mais poussait des plaintes rauques comme celles de ces bêtes revinrent rapidement et sautèrent et sur les chevaux et sur les cavaliers, déchiquetant les plus proches de leurs griffes et de leurs dents en poussant des hurlements.

 

« Braves créature ! » dit Sardonica, satisfaite de ses féales. Puis 1a Garde ayant réussi à se reformer encercla nos assaillants et mít rapidement en pièces ceux qui restaient encore en vie.

 

Quoique couverts d'éclaboussures de sang nous nous n’avions aucune blessure. J'avais conscience de m'être assez vaillamment battu pour un débutant au métier des armes. D'ailleurs Sardonica un peu plus tard me dira qu'elle était fière de moi. L'émotion qui devait se lire sur mon visage n'avait envahie et c'est un peu en balbutiant que je m'adressais aux officiers qui venaient me féliciter pour mon courage et ma présence d'esprit. Peut-être aussi qu'ils voulaient se mettre en bons termes avec un favori de 1a Comtesse dont ils pourraient avoir besoin plus tard.

 

Tout à coup je vis ce spectacle incroyable. Un homme à terre geignaít encore et perdait son sang en abondance. J'avaís noté 1a progressive animation des traits de Sardonica, comme à 1a chasse. Soudain n'en pouvant plus, telle une bête elle sauta à bas de sa monture et se rua sur cet homme. Et à pleines mains, 1a tête plongée dans son torse à demi entrouvert, se mit à lui dévorer les entrailles avec une délectation sauvage et une fureur extrême, alors qu'on entendait les råles horribles de la victime.

 

Puis à quatre pattes, elle se mit à courir en tous sens, bondissant ici, donnant là un coup de patte, tranchant ailleurs une gorge d'un coup de griffes comme avec un rasoir, se vautrant dans 1e sang avec une jouissance extrême. .. J'aurais voulu l'arrêter; mais un de mes jeunes amis officiers m'en dissuada : « dans ces moments là elle ne reconnait personne, mieux vaut la laisser faire jusqu'à ce qu'elle se calme. »

  

La panthère qui était en elle reprenait alors le dessus.

 

Puls elle s'arrêta, s'accroupit sur ses membres antérieurs avec une extrême souplesse,leva son museau       et se mít à pousser des hurlements de panthère . Ce qui avait été son joli visage était métamorphosé et prenait des caractères de l'animalité. Les autres panthères se groupèrent autour d'elle en un cercle, se mirent à miauler à l'unisson en dírection du ciel, comme pour faire l'offrande d'un sacrifice religieux.

 

Je ne sais coabien de temps dura cet étrange office face au firmament parsemé d'étoiles et où brillait 1a pleine lune comme une souveraine impavide contemplant 1e monde. Mais je crois me souvenir cependant qu'í1 dura assez longtemps, tandis que dans les rues les combats se poursuivaient et que 1'on entendait la plainte de ceux que tourmentait et les Cris des femmes que l'on violait....

 

(A suivre)

 

 

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SARDONICA (19)

 

Nous parvînmes, avec de grandes difficultés, dans des régions de hautes montagnes où la neige brillait sur les sommets, et se maintenait dans les anfractuosités des rochers et dans les coins d'ombre.

 

Soudain nous vîmes arriver une petite armée dans le lointain qui semblaient se diriger vers nous. Deux où trois messagers s'en détachèrent les lances ornées de plumes blanches. Qui indiquait qu'ils voulaient parlementer avec nous. Leur chef arrivé à la hauteur des premiers soldats déclara qu'il désirait parler à la Comtesse. A ma surprise elle acquiesça.

 

Il avait l'air bien pauvre sous ses vêtements de guerre, rafistolés. Il s'adressa fièrement à la Comtesse. Il précisa qu'il connaissait ses desseins, à savoir conquérir le monde et le transformer en Empire satanique. Il ajouta qu'il était du devoir de tout home de combattre cette intention jusqu'à son dernier souffle.

 

« Mais» lui dit-elle en désignant de la main ses équipements disparates, ainsi que ceux de ses compagnons, dédaigneusement; « Croyez-vous pouvoir me vaincre avec «  ça » ? ».

 

- Je sais que je ne peux vous vaincre, mais il est de mon devoir de vous combattre !

 

- « Entends-moi » dit Sardonica.  « Je ne t'ai que trop écouté. Ton courage et ta folie me sont sympathiques. Retournes vers tes compagnons et fuyez ! Je ne vous ferais pas poursuivre. Il est peut ­être encore des coins tranquilles où tu pueras te réfugier. »

 

Et d'un geste de sa main, elle fit signe à sa garde de s'écarter.

 

« Incroyable homme ! » me prit Sardonica à témoin.

 

Ils rejoignirent leur maigre troupe, la haranguèrent et se dirigèrent avec elle vers nous avec l'intention de nous charger.

Nous les regardions un peu incrédule, un peu admiratifs.

 

Ils furent exterminés et réduits en bouillie par une infime partie de notre armée à coups de flèches et d'épées.

 

Et nous continuâmes notre route. L'objectif en était connu maintenant la rille du Prince d'Orféo, Paviskan. Paviskan, cité renommée pour ses beautés, ses fêtes et ses jolles femmes. Rien que ce nom éveillait chez les hommes des visions lumineuses de pillage, de viols et de lucre....

 

Pavískan nous apparut radieuse au petit matin, après que nous eussions fait route de nuít pour tenter surprendre ses habitants.

 

Le soleil levant blanchissait ses murailles d'une touche caressante et délicate, ce qui semblait constituer comme un hymne à 1a vie et à 1a beauté. L'air était bon et doux à respirer dans nos poumons. Et l'armée scintillait comme une mer que parsèment des éclats métalliques.

 

Aux créneaux et dans ces tours des guetteurs semblaient avertir les guerriers qui se précipitaient en désordre. Bíentôt les habitants se rendraient compte qu'ils étaient pris dans un gigantesque piège auquel ils ne sauraient échapper...

 

 

Aussitôt l'armée telle une nuée de fourmis industrieuses se mit à installer les campements á quelques distances des remparts pour etre à l'abri des jets des assaillis. Ma  tente, plus petite, fut dresséé auprès de celle de Sardonica, comme un petit animal qui cherche refuge auprès de sa mère, craignant 1e monde extérieur et les coups qu'il pourrait lui porter.

 

Par un message, lourdé d'une pierre, que 1'on envoya par catapulte, Sardonica fit demander aux assiégés si ils voulaient se rendre. Dans 1'affirmative elle leur assurait 1a vie sauve. Dans 1e cas contraire elle leur promettait moult sévices et souffrances. Agrès quelque hésitation, par 1e même moyen, í1s répondirent qu'ils préféraient mourrir plutôt que de se livrer lâchement, et qu'ils n'avaient pas grande confiance en ses promesses.

 

Sardonica, furieuse, cracha dans leur direction et les injuria grossièrement.

 

Dès 1e lendemain des groupes de charpentiers protégés par des hommes en armes se mirent à monter de gigantesques tours en bois. Ils les confectionnaient avec des éléments que l'armée tranpsortait dans ses chariots et qui s'assemblaient aisément. Les assíéges essayaient bien de lancer des projectiles ; mais ils étaient trop loin pour faire de sérieux dégats. Tout au plus réussissaient-ils parfois ài toucher un des ouvriers affairés qui se trouvait à découvert. Aussítôt í1 était remplacé, car í1 ne fallait pas que cette mécanique de mort s'arrêtât un seul instant.

 

Les autres soldats vaquaient à de tranquilles activités construisaient de petites fortifications et de petits retranchements comme pour s'occuper l'esprit, cuisinaient des mêts en servant éventuellement de ce qu'ils avaient pu trouver au cours dexpédition pillardes.

 

I1 n'était pas dans les intentions de 1a Comtesse de tenir un siège de longue durée qui permettraítt peut-être a ses adversaires de reconstituer leurs forces et de se liguer contre elle. Mais il ne lui déplaisait pas cependant de les faire baigner dans leur jus autant par tactique que par sadisme.

 

Et c'est au bout de huit jours que Sardonica fit donner l'ordre de monter à l'assaut de la ville; alors que le soir commençait à tomber. 0n sait qu'elle aimait 1a nuit plus que tout et la lueur des feux. ..et ce que recèle de sentiments troubles la nuit.

 

« Aujourd'hui ce seront tes fiancaílles avec Bellonae et si tu te tiens bien tu seras récompensé richement » me dit-elle en me jetant un retard plein d'éclata verdâtres dont je connaissais très bien la signification. Je tremblais à cette idée au moins autant qu' à celle de me battre. Que pouvait-on éprouver à copuler avec Sardonica ? Et pouvait-on jamais s'en libérer après ?

 

Mais í1 fallait d'abord aller se battre et en revenir, marqué du sceau de Dieu a11er propager 1a mort au service du Malin....

 

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