ANIMALIA
En salle le 9 aout
L’approche originale de la metteuse en scène donne tout son sens à ce film d’úne Franco-Marocaine.
Je vous recommande fortement d’aller le voir à sa sortie en salle
Pensez à vous inscrire à la newsletter de notre site pour ne rien manquer de nos publications.
***********
“UN SENS VISUEL SAISISSANT”
SCREEN INTERNATIONAL
“MÉDITATIF, OBSCUR... CHARMANT”
VARIETY
“DÉTOURNE LE GENRE DE MANIÈRE CONVAINCANTE”
HOLLYWOOD REPORTER
NOTE D’INTENTION DE SOFIA ALAOUI
Animalia est un drame fantastique sur la fin d’un monde. J’ai voulu questionner nos certitudes et nos croyances, qui nous bloquent dans une pensée unique. C’est pour moi très actuel, vu les bouleversements que nous vivons aujourd’hui à l’échelle planétaire.
Plus qu’un film fantastique, Animalia est une odyssée humaine, une ode à la nature et un questionnement sur la place de l’homme dans ce monde complexe.
Ce projet a vu le jour, lorsque je suis revenu au Maroc, le pays où je suis née après avoir vécu et voyagé à l’étranger pendant très longtemps. J’ai été confronté au poids de la religion, des classes sociales et du rapport fou à l’argent qui émergeait. Un deuxième dieu dans cette société arabe capitaliste moderne.
Et en même temps, j’étais complètement obsédée par des questions métaphysiques : la vie extraterrestre, l’univers etc ... J’ai fait mon court-métrage en expérimentant une méthode de réalisation, en utilisant le surnaturel pour interroger profondément ma société et mes personnages.
Quand j’étais jeune, j’étais fascinée par le pouvoir de l’image, la symbolique dans un film. Accepter l’inacceptable, et laisser la pensée décanter afin de comprendre ou pas certaines clés du film. J’aime l’idée que dans un film, rien n’est laissé au hasard et que par l’image, ses décors, sa musique, son univers, le sens profond apparaisse.
BIOGRAPHIE
Sofia Alaoui est une cinéaste franco-marocaine, élevée entre le Maroc et la Chine. Présentée comme l’une des Arab Stars of Tomorrow par Screen Daily, elle a réalisé plusieurs documentaires puis le court métrage « Qu’importe si les bêtes meurent » (Grand Prix du Jury au festival de Sundance 2020 et César du meilleur court-métrage 2021), suivi de The Lake pour la 20th Century Fox.
Animalia, son premier long métrage a gagné le Prix Spécial du Jury au Festival de Sundance en 2023.
ENTRETIEN AVEC SOFIA ALAOUI
Vous avez grandi entre le Maroc et la Chine. Expliquez-nous, comment votre éducation a joué un rôle dans la genèse de cette histoire.
C’est vrai que j’ai eu la chance très jeune d’être confrontée à des cultures, des croyances très différentes que ce soit en Europe par ma mère, au Maroc par mon père et en Asie à travers les voyages qu’on faisait quand nous habitions en Chine. J’ai grandi ainsi dans cette diversité là, dans la curiosité de l’autre et dans l’idée de se dire que notre schéma de pensée n’est peut être pas toujours le bon.
J’ai le sentiment que souvent nous sommes piégés par la pensée unique qui nous a formatés.
Et qui empêche, à mon sens, une réflexion profonde et une remise en question des choses établies : de nos modes de vie par exemple, de nos croyances. C’est très difficile d’en sortir et d’avoir du recul sur soi et sur son environnement.
C’est pour cela que je souhaitais confronter mes personnages et leurs réseaux de croyances à l’existence d’extraterrestres qui les bouleverserait alors profondément. Votre approche de l’invasion extraterrestre est tout à fait unique et prend une dimension encore plus fascinante avec un personnage de ITTO.
Pourquoi la grossesse était-elle si importante dans votre histoire ?
La grossesse de Itto est très symbolique : que va-t-elle léguer à son enfant ? Quel héritage de pensée ? De mode de vie ? Ce film c’est à la fois sur la fin d’un monde mais aussi la naissance d’un nouveau. La naissance de son enfant marque comme un espoir de construire nos sociétés, par l’éducation, sur des schémas différents de ceux actuels. Les générations futures sont une opportunité. C’est aussi pour cela que les “extraterrestres” qui s’incarnent dans plusieurs personnages durant le film semblent comme la protéger. Sa grossesse incarne un espoir.
L’histoire passe de la richesse et des splendeurs marocaines à la vie rurale et pauvre d’une ferme.
Expliquez nous
On est dans un pays très disparate. Itto incarne ce mélange des classes. Ce monde inégalitaire en demande d’équilibre constante.
Itto n’est pas à l’aise ni dans un monde ni dans un autre. Je ne voulais pas idéaliser le bonheur de la campagne. Car ce n’est pas vrai. C’est une vision un peu bourgeoise de se dire que la simplicité de Fouad et des bergers qui partagent le tajine avec Itto, est la solution. La solution c’est l’équilibre.
C’est ce que vient bousculer cette arrivée extraterrestre. Ils viennent créer le Chaos dans le chaos pour rétablir un équilibre vital pour nous, Il y a aussi dans ce parcours une dimension visuelle symbolique. Ces maisons richement décorées, ce faste au début du film pour aller peu à peu au dépouillement.
Les montagnes de l’atlas offrent des paysages vraiment déroutants qui amènent une part de mystère et créent une esthétique bien particulière à un récit ancré dans la réalité. Ces paysages renvoient à l’humilité, à la conscience de la fragilité de l’existence humaine. Itto tente d’acheter sa liberté.
Que dites-vous de l’obsession de la société pour l’argent et de la cupidité en général ?
La mondialisation, la course aveugle vers le profit ont eu gain de cause sur les projets collectifs. On sait évidemment que l’argent est maître roi de ce monde capitaliste. Dans mon film, c’est un facteur très important dans le développement du Maroc et pour saisir la pensée de la classe dominante. Ici, la course effrénée à l’argent et au pouvoir mène à une injustice effroyable. La corruption triomphe et tous les moyens sont bons pour « arriver » à ses fins.
Itto, mon personnage principal, est mariée à Amine, fils d’un Caïd local. Un Caïd c’est un agent d’autorité qui assure l’exécution des lois et règlements, le maintien de l’ordre, la sécurité et la tranquillité publiques et dirige les services de l’État, placés sous son égide. Mais la réalité, c’est que les Caïds sont étrangement riches dans certaines régions. Ils usent de leur pouvoir pour leurs intérêts personnels. Il était important pour moi, de mettre en exergue ces problématiques-là. Au Maroc, l’argent est comme une deuxième religion.
Beaucoup d’éléments de cette histoire sont inexpliqués, révélés progressivement ou pas du tout. Pourquoi ?
Je ne voulais pas donner de réponse concrète à la fin du film pour d’une part, ne pas recréer moi non plus un schéma figé comme une nouvelle structure dogmatique qui serait « la résolution » et d’autre part, qui apporterait beaucoup de naïveté à un sujet transcendantal qui interpelle tout un chacun.
L’important pour moi est que l’arrivée des extraterrestres, questionne et pousse chaque individu (de manière forcée ou non), à aller à la découverte de soi.
« Le doute est le commencement de la sagesse » comme disait Aristote.
Et si jamais le spectateur voulait des réponses claires, le film les apporte à sa manière dans l’observation de ce qui est perdu et ce que l’on gagne dans ce nouveau monde.
J’aime les films qui offrent certaines réponses à celui qui sait observer l’image. Que des questions flottent dans l’esprit du spectateur et le hantent dans le temps, jusqu’à ce qu’il trouve ses réponses.
Votre vision de l’invasion est singulière. Vous pouvez nous en parlez ?
C’est vrai que je tenais à ce que le surnaturel arrive avec naturel. Je voulais que tous les éléments fantastiques soient traités de manière extrêmement réaliste pour qu’ils s’imbriquent de manière naturelle à leur environnement. (Une vraie maison sur un lac, une vraie mosquée de petite ville, de vraies routes de montagne…)
Tout ça était important pour avoir un rendu organique et réel. Car ce film est une ode à la nature et questionne la place de l’humain dans un monde complexe. Les éléments de science-fiction et fantastiques ne sont qu’un arrière-plan. Ce qui compte c’est le cheminement de mes personnages.
Toute l’histoire est portée par Itto, magnifiquement interprétée par Oumaïma Barid.
Expliquez pourquoi vous avez choisi cette actrice pour le rôle principal.
J’ai beaucoup travaillé avec des acteurs non professionnels, dans ce film mais aussi dans mon précédent court-métrage « Qu’importe si les bêtes meurent ». Du coup, ce que je recherchais chez l’actrice qui allait incarner Itto, c’est ce qu’elle était. Je n’ai pas commencé par des essais.
Ce qui m’intéressait, c’est de savoir qui elle était, ce qu’elle pensait des thématiques qui traversent le film.
Oumaima semble fragile d’apparence, toute frêle mais elle a une force mentale incroyable. J’aime cette contradiction car elle allait avec mon idée de développer des personnages complexes qui ne sont pas enfermés dans une case.On est dans un monde qui juge trop rapidement les gens. Oumaima offrait cette possibilité de couleurs différentes pour le personnage de Itto.
Au fond, il s’agit d’une histoire d’éveil, à différents niveaux. Êtes-vous d’accord ?
Exactement.
Dans un récit très ancré dans le réel, je veux que mon événement surnaturel provoque un bouleversement dans la société que je dépeins.
Je crois profondément que l’Homme a la capacité, de par son intelligence et son libre arbitre, de sortir de ces schémas inscrits dans ses gènes, mais également transmis par sa culture.
Votre pays est patriarcal, une monarchie et presque exclusivement islamique, ce qui en fait un cadre fascinant pour l’installation de ce qui est essentiellement un nouvel ordre mondial. Pourquoi avoir choisi le Maroc ?
C’est surtout la société que je connais le mieux et je ressens intimement tout ce qui est présent dans mon film. Je ne veux pas tomber dans le piège du « c’est un pays musulman » il faut le critiquer à tout prix. Le monde arabe, les réalisateurs arabes dont je fais partie souffrent terriblement des attentes européennes quand il s’agit qu’on fasse un film. Je ne fais pas un film pour montrer à l’Europe comment mon pays le Maroc est vraiment inférieur au leur. Que nous, pauvres marocains, pauvres femmes souffrons.
Oui, je questionne le patriarcat, je remets en question le rapport à la religion des gens dans mon pays. Mais ce rapport-là vaut pour toutes les religions. Il se trouve juste que je suis franco-marocaine donc plus à même de parler de ce qui se passe ici.
D’ailleurs les présences extraterrestres dans mon film n’ont pas seulement lieu au Maroc mais dans différentes régions du monde. La remise en question du schéma dans lequel on vit ne vaut pas seulement pour le Maroc.
Même si le film est ancré dans des lieux bien précis et peut mettre en exergue des problématiques locales, je veux que mon film ait une dimension universelle. C’est très important pour moi.
Les animaux jouent un rôle important dans l’histoire. Quel est leur rôle et pourquoi sont-ils si cruciaux et centraux dans cette histoire ?
Après mon court-métrage qui laissait les extraterrestres dans le ciel, je me suis posée la question de comment incarner cette présence extraterrestre sur terre. J’ai souvent été déçue des films qui nous les montrent. Souvent c’est plus intéressant quand notre imaginaire travaille. Et puis quand on se questionne sur l’âme, sur notre corps matériel. Je me suis dit que les extraterrestres pouvaient avoir une enveloppe visible et invisible, mais que leurs âmes pouvaient réussir à voyager et à s’incarner dans notre monde terrestre : animaux, humains…
Dans beaucoup de pensées autochtones, il est dit que nous sommes enchaînés, à la manière es hommes dans la caverne de Platon. L’Homme, le monde, la nature et les vivants qui les entourent sont tous liés au sacré.
FICHE TECHNIQUE
Un film écrit et réalisé par SOFIA ALAOUI
Produit par MARGAUX LORIER, TOUKIF AYADI, CHRISTOPHE BARREL
Producteur exécutif : LIONS PRODUCTION & SERVICE - HICHAM EL GHORFI
Directeurs de production : JEAN-CHRISTOPHE COLSON et LOUISE KRIEGER
Directrice de postproduction : BARBARA DANIEL
Premier assistant réalisateur : HAMZA BOUMALKIET KEVIN SOIRAT
Musique : AMINE BOUHAFA
Image : NOÉ BACH
Son : MARIETTE MATHIEU-GOUDIER, SÉBASTIEN SAVINE, FRANÇOIS MEREU
Montage : HÉLOÏSE PELLOQUET
Mixage : LAURE ARTO
Etalonnage : CHRISTOPHE BOUSQUET
Superviseur VFX : ARNAUD FOUQUET
Régie : KHALID RBIBE ET JEAN-PASCAL MABILLE
Scripte : MARGOT SEBAN
Costumes : LYDIE COLLIN
Décors : HAFID AMLY
Coproducteurs : JIANGO FILMS, DOUNIA PRODUCTIONS, ARTE FRANCE CINÉMA.
Avec la participation de CANAL+, CINÉ+, ARTE FRANCE CINEMA, AD VITAM, TOTEM.
Avec le soutien du CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE, du CENTRE CINÉMATOGRAPHIQUE MAROCAIN, LE FONDS IMAGE DE LA FRANCOPHONIE, LE DOHA FILM INSTITUTE, de LA PROCIREP et L’ANGOA.