Phil Becker « La Reine des Crocs »
Vous avez été le lauréat 2011 de Visions du Futur, pour commencer pouvez-vous nous dire quel a été votre parcours qui vous a amené à écrire des nouvelles de SF ?
J’ai commencé à griffonner mes premiers textes au lycée. De l’imaginaire, mais pas des nouvelles, plutôt des idées de grandes sagas ambitieuses et de space opéras interminables qui n’ont jamais été achevés. En 2006 ou 2007, j’ai rédigé ma première nouvelle à cause d’une idée SF entêtante, il fallait que je la mette par écrit. C’était mon premier texte achevé, je l’ai envoyé à un concours, il a été publié dans le recueil d’un petit éditeur. Du coup, je ne me sentais plus, alors j’en ai écrit d’autres. Les fanzines, comme AOC du club Présences d’Esprits, m’aident beaucoup, non seulement à publier mais aussi à progresser en écriture.
Depuis « La Pause », votre première nouvelle publiée en 2007, vous avez publié une douzaine de nouvelles, certaines ont été récompensées, la dernière en date étant « La Reine des Crocs », qui vient d’obtenir le prix Visions du Futur 2011. Qu’apporte à un auteur comme vous le fait d’être primé ?
Pour un auteur amateur, être primé donne un sacré coup de motivation ! D’autant qu’après avoir publié ma première nouvelle, je suis loin d’avoir placé toutes les suivantes, et j’ai collectionné les lettres de refus qui découragent parfois. Alors la moindre reconnaissance est précieuse. J’ai eu la chance d’avoir deux fois un premier prix, l’un pour une nouvelle noire, et le second avec le Visions du Futur. Ce ne sont pas des distinctions professionelles mais ça offre une visibilité aux textes du fanzinat.
Vous avez qualifié, je crois, sur votre blog de « casse-gueule » le thème, que vous avez choisi pour le concours de Visions du Futur, en quoi l’était-il ? Comment vous est venue l’idée d’Anna-les-Crocs ?
Le thème « Le monde a fait de moi une putain, je veux faire du monde un bordel » me semble casse-gueule parce qu’il est jouissif. Avec une telle phrase, je ne pouvais tout simplement pas prendre l’un des deux autres choix, il fallait que ce soit ça. Mais en même temps foncer sur un thème avec des putes et des bordels peut amener facilement à l’excessif... j’ai tenté de rester mesuré. L’idée en elle même, comme pour beaucoup de mes nouvelles, m’est venue après un rêve. Quelques images d’un bâtiment dans une jungle et de fauves bleus me restaient au réveil. Mélangé au thème imposé, ça donne la Reine des Crocs.
Pourquoi accordez-vous autant d’importance au décor et a l’ambiance dans vos nouvelles ?
C’est ce qui me fait vibrer. Je suis très porté sur le visuel, le décor me vient facilement alors que pour le caractère des personnages, je dois travailler. Je suppose que beaucoup d’auteurs construisent à partir de héros déterminés. Pour ma part j’aime avoir d’abord mon ambiance, avant d’y jeter des personnages et de voir comment ils s’y débrouillent. J’admire beaucoup des auteurs comme J.G Ballard qui ont réussi à donner à certains environnements – un immeuble, un terrain vague – une telle importance qu’ils en deviennent eux-mêmes des personnages.
Et un Roman, vous tente-t-il ? Et quels sont vos projets éditoriaux ?
Bien sûr le roman me tente. C’est en quelque sorte la prochaine marche que je n’arrive pas à gravir. J’ai bien un roman SF terminé dans un tiroir, que je juge encore trop immature pour être soumis à un éditeur. J’ai le sentiment que le roman n’est pas seulement une longue nouvelle, il y a une substance autre que je ne parviens pas à saisir. Ça n’empêche pas que j’en ai quelques uns en projet, dont un roman mixant SF et policier, et une histoire SF contemplative sans violence. Hors SF, j’essaie d’écrire un essai vaguement autobiographique en rapport avec la crise, mais ça reste top secret ^^. Et bien sûr, je continue les nouvelles... Il n’y a plus qu’à trouver le temps de tout faire !
Merci de nous avoir accordé cet entretien
Merci à vous !
Site de Phil Becker http://philbecker.blogspot.com/
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